Archive pour mai 2009

Sarkozy demande un plan de prévention de la délinquance pour septembre NOUVELOBS.COM | 28.05.2009

Jeudi 28 mai 2009

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« Il faut que nous mettions pleinement en œuvre la loi sur la prévention de la délinquance », de mars 2007, a plaidé le chef de l’Etat, estimant qu’elle « a été beaucoup trop négligée ces dernières années ».

Dans un discours sur la délinquance et sur les violences scolaires, le président Nicolas Sarkozy a annoncé jeudi 28 mai qu’il avait demandé au Premier ministre François Fillon, de lui présenter « dès septembre un plan gouvernemental de prévention de la délinquance et d’aide aux victimes », lors d’un discours à l’Elysée.
« Je demande (…) au Premier Ministre de réunir d’urgence tous les ministres concernés » par la prévention de la délinquance et d’aide aux victimes, « ce qui n’a pas été fait depuis mai 2006, et de me présenter dès septembre un plan gouvernemental de prévention de la délinquance et d’aide aux victimes« , a-t-il expliqué.

« Prévention beaucoup trop négligée »

« Il faut que nous mettions pleinement en œuvre la loi sur la prévention de la délinquance », de mars 2007 (dont il était alors l’auteur, en tant que ministre de l’Intérieur), a poursuivi le chef de l’Etat, estimant que « la prévention de la délinquance a été beaucoup trop négligée ces dernières années ».
Nicolas Sarkozy estime que « très peu » de « contrats locaux de sécurité », prévus par la loi de mars 2007, ont été signés. « 22 en 2007, 6 en 2008, 1 en 2009″, a déploré le président.
Pour lutter contre ces délinquances, Nicolas Sarkozy a exprimé sa résolution à mettre un terme à la « dictature des bons sentiments ».
Le chef de l’Etat a également promis de lutter « sans état d’âme et sans concession » contre la délinquance, dénonçant « l’angélisme » qui a prévalu pendant des décennies.

Reconquête des quartiers sensibles

Qualifiant de « priorité » la reconquête des quartiers dits sensibles, Nicolas Sarkozy a assuré qu’aucune cage d’escalier ne devrait être abandonnée « aux voyous« .
« La priorité, aujourd’hui, c’est la reconquête des quartiers sensibles. Je veux une mobilisation complète des forces de l’ordre sur cet impératif majeur », a-t-il affirmé.
« Nous devons nous concentrer d’abord sur les 25 quartiers, 21 en région parisienne 4 en province », qui sont « rongés par la délinquance, le trafic de drogue et le trafic d’armes », a ajouté le président.
Nicolas Sarkozy préconise que « la présence de la force publique doit y être constante, visible, massive », soulignant « qu’aucune rue, aucune cave, aucune cage d’escalier ne doit être abandonnée aux voyous ».
« Je souhaite que se multiplient immédiatement les opérations coups de poing dans les cités sous la forme d’un véritable travail de fond et que ces opérations se prolongent aussi longtemps qu’il faudra », a-t-il poursuivi. « Les parties communes des immeubles, les appartements et caves squattés devront faire l’objet d’une fouille minutieuse ».

Effectifs accrus dans les cités sensibles

Le chef de l’Etat a ainsi demandé aux « préfets, procureurs, inspecteurs d’académie », de se « rendre personnellement dans ces quartiers pour y manifester l’autorité de l’Etat, aussi longtemps et aussi souvent qu’il le faudra ».
Enfin, « les effectifs des forces de sécurité dans les cités sensibles doivent être accrus », estime Nicolas Sarkozy qui demande à Michèle Alliot-Marie (Intérieur) de « procéder à des opérations de redéploiement des unités mobiles pour renforcer les moyens de la police et de la gendarmerie dans les quartiers qui en ont le plus besoin ».
Parmi ces quartiers, il veut « deux cents fonctionnaires supplémentaires affectés sans délai en Seine-Saint-Denis ».

« Frapper les trafiquants au portefeuille »

Souhaitant mettre fin aux trafics, Nicolas Sarkozy affirme qu’il faut « frapper les trafiquant au portefeuille », en impliquant « systématiquement les douanes, les services fiscaux et les organismes sociaux dans la lutte contre les trafics criminels ». Pour cela, « deux fonctionnaires spécialisés devront être spécialement affectés dans chacun des 25 quartiers les plus sensibles ».
« Leur rôle sera de détecter les signes extérieurs de richesse indue afin d’enclencher les mécanismes de répression contre les trafiquants. Ils travailleront en étroite coordination avec la justice et les services de police », a ajouté le chef de l’Etat.
Nicolas Sarkozy a souhaité confier aux douanes « une mission prioritaire sur les cités sensibles et qu’elles y interviennent massivement dans le cadre d’une coopération étroite avec les autres forces de sécurité ».
« Il n’y a pas à mes yeux de secret professionnel qui tienne, entre services de l’Etat, lorsque la sécurité des Français – ou celle de l’Etat – est en jeu », a-t-il ajouté.

Lutte contre les cambriolages

Ainsi, le ministre du Budget, Eric Woerth devra « réfléchir à une amélioration des textes destinés à permettre l’appréhension fiscale des sommes provenant de ces activités illicites« , a poursuivi Nicolas Sarkozy, citant « la modernisation de la taxation sur le train de vie à partir de signes extérieurs de richesse témoignant de moyens qui ne cadrent pas avec ce que connaît l’administration ».
Par ailleurs, le chef de l’Etat a demandé l’installation « sans délai » d’un « plan de lutte contre les cambriolages » dans « la dizaine de départements concernés ». Le chef de l’Etat a également demandé à la ministre de l’Intérieur, « d’ouvrir davantage le champ de recrutement des officiers de police judiciaire qui doivent être plus nombreux et mieux formés ». « 1.000 OPJ (officiers de police judiciaire) supplémentaires doivent être formés », a-t-il affirmé.

Chiffres des crimes et délits en hausse

Parallèlement à la présentation de ces mesures, Nicolas Sarkozy a annoncé que les chiffres des crimes et délits pour le mois de mai seront « sans doutes difficiles », après une augmentation de 4% en mars et « un peu plus de 2% en avril »
En matière de sécurité, « des progrès considérables ont été accomplis depuis sept ans », a affirmé le président, soulignant qu’il faut « dire la vérité quand les évolutions sont moins favorables ».
« Les crimes et délits ont augmenté de près de 4% en mars et d’un peu plus de 2% en avril. Les chiffres de mai seront sans doute difficiles », a-t-il annoncé.
Pour remédier à ces chiffres, Nicolas Sarkozy s’est dit déterminé à « tout mettre en œuvre » pour que les résultats des trois derniers mois soient « accidentels » et « ne traduisent pas une amorce de renversement de tendance ». Il a également dénoncé « les agressions contre les policiers et les gendarmes » qui « sont un défi porté à la République ». (Nouvelobs.com avec AFP)

Sécurité scolaire : Sarkozy autorise les fouilles dès juillet NOUVELOBS.COM | 28.05.2009

Jeudi 28 mai 2009

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« Les personnels de direction et d’encadrement devront à l’avenir disposer des moyens de s’assurer que les élèves ne transportent pas d’armes », a plaidé le chef de l’Etat.

Xavier Darcos et Nicolas Sarkozy (Sipa)

Xavier Darcos et Nicolas Sarkozy (Sipa)

Le président Nicolas Sarkozy déclare jeudi 28 mai à l’Elysée qu’un texte législatif habilitant « les personnels de direction et d’encadrement » des établissements scolaires à faire ouvrir les cartables des élèves sera prêt « dans les premiers jours de juillet ». Des « équipes mobiles d’agents » seront également mises en place auprès des recteurs d’académie. Le président reprend ainsi deux idées phares du ministre de l’Education Xavier Darcos.
« Il n’est pas question de tolérer la présence d’armes dans l’enceinte des établissements scolaires. Les personnels de direction et d’encadrement devront à l’avenir disposer des moyens de s’assurer que les élèves ne transportent pas d’armes », a déclaré le chef de l’Etat. « A cette fin, ils recevront une habilitation spécifique qui leur permettra de faire ouvrir les cartables et les sacs et si l’élève détient une arme d’en tirer toutes les conséquences. Je le dis avec gravité: n’oublions jamais les 17 morts de Winnenden en Allemagne », le 11 mars dernier, a-t-il ajouté.

Loi Estrosi

Il faut « habiliter (…) les chefs d’établissement et les conseillers principaux d’éducation pour qu’ils puissent procéder à des fouilles, avoir l’autorité pour saisir des armes etc. Donc, nous allons rapidement voir le texte dont nous avons besoin » afin qu’il soit prêt « dans les premiers jours de juillet« , a affirmé le ministre de l’Education nationale, Xavier Darcos, à l’issue du discours. « Pour que ça prenne un caractère législatif, nous allons le mettre dans la proposition de loi d’Estrosi. J’ai vu ça avec lui, nous allons faire soit un amendement, soit un article de la loi qui définira cette notion d’habilitation », a-t-il précisé.
Le député-maire de Nice, Christian Estrosi (UMP), a fait une proposition de loi visant à renforcer la législation contre les bandes violentes.

Recrutement ouvert à tous les citoyens

« Je veux aussi que chaque recteur puisse disposer d’une équipe mobile d’agents formés dans ce but qui viendront épauler sur un plan pédagogique les chefs d’établissement en cas de difficulté ponctuelle relative à la discipline dans un lycée ou collège », a également déclaré le président.
Le président souhaite en outre que soit « étudiée » la « possibilité d’ouvrir la réserve civile de la police nationale » (retraités, volontaires) pour des missions de « sécurisation des établissements scolaires et de leurs abords ». « Je souhaite que soit étudiée rapidement la possibilité d’ouvrir largement la réserve civile de la police nationale », a déclaré Nicolas Sarkozy dans un discours à l’Elysée.
Il a estimé que ce dispositif permettrait « d’affecter des policiers à la retraite, mais aussi des personnes volontaires, expérimentées et qualifiées, venus d’horizons divers à des missions ponctuelles, particulièrement la sécurisation des établissements scolaires et de leurs abords ».
Le chef de l’Etat a précisé que « le recrutement sera ouvert à tous les citoyens sur la base d’un test d’aptitude physique et morale, à l’image de ce qui se pratique pour les pompiers volontaires. » « Ces volontaires, a-t-il affirmé, bénéficieront d’une formation adaptée. Leur mission sera double: la surveillance des sites sensibles et le maintien d’un contact étroit et permanent avec les collégiens et lycéen ».

Développement de la vidéo surveillance

Le chef de l’Etat a par ailleurs réaffirmé sa volonté de développer la vidéo surveillance, « moyen fondamental de la politique de sécurité », y compris si nécessaire dans les établissements scolaires.
« L’objectif immédiat est de mettre en place 75 systèmes municipaux types et d’assurer, là où c’est nécessaire, la protection des établissements scolaires », a déclaré le chef de l’Etat lors d’un discours à l’Elysée.
« La vidéo protection est aujourd’hui un moyen fondamental de la politique de sécurité. La présence d’une caméra est l’outil le plus dissuasif qui soit pour un délinquant », a-t-il plaidé.
« 10.000 caméras ont été installées avec des financements de l’Etat. La LOPPSI 2 va nous fournir les moyens juridiques de donner une impulsion nouvelle à cette politique », a-t-il ajouté.
Il a déploré « les réticences de certains élus à s’engager dans la voie de la vidéo surveillance ». Elle « ne menace pas les libertés, elle protège la liberté de se déplacer et d’aller et venir dans son quartier en toute sécurité », a-t-il affirmé.
Il a invité « les préfets, les procureurs et les inspecteurs d’académie à engager un travail de dialogue et de persuasion avec les élus les plus réservés », et a espéré « que le bon sens l’emporte sur l’idéologie ou les calculs ».

Infographie : la violence scolaire


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(Nouvelobs.com avec AFP)

« Darcos ne s’attaque pas aux causes de la violence scolaire » LEMONDE.FR | 27.05.09

Jeudi 28 mai 2009

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e ministre de l’éducation, Xavier Darcos, a reçu, mercredi 27 mai, les représentants des chefs d’établissement, des parents d’élèves et les représentants des collectivités locales pour trouver des solutions à la violence en milieu scolaire. Cette réunion ayant révélé des divergences persistantes, des pistes vont être soumises, jeudi, à Nicolas Sarkozy, qui tranchera sur la question. M. Darcos a résumé les propositions qu’il fera au chef de l’Etat : portiques de détection d’armes mais « au cas par cas », habilitation juridique des chefs d’établissement et des conseillers principaux d’éducation (CPE) pour contrôler le contenu des sacs des élèves et « force mobile d’agents » placée auprès des recteurs pour intervenir dans les établissements.

OAS_AD(‘Middle1′); dans Revue de presse France

Les enseignants et personnels travaillant en milieu scolaire dénoncent, pour la plupart d’entre eux, des mesures trop sécuritaires et regrettent que le ministre passe à côté des « causes » en voulant trop résoudre les conséquences.

  • Des violences sans armes, par Jeune Prof

J’enseigne dans un établissement où de nombreuses violences sont commises au quotidien. Mais ces violences se produisent sans arme : cris, mépris, insolences, insultes, coups, le tout envers les professeurs, les personnels d’entretien et les camarades. Il ne s’agit pas d’une ZEP et l’établissement n’est pas en région parisienne, pas de banlieue stigmatisée autour, mais les élèves sont 30 par classe, les surveillants changent plusieurs fois dans l’année, les professeurs baissent les bras devant une telle hostilité, et je ne crois pas qu’un détecteur [de métaux] puisse changer la donne ! Des équipes fixes, avec du temps pour chacun, c’est la solution. Les propositions actuelles ne peuvent qu’augmenter les tensions.

L’ÉCOLE REFLÈTE LA SOCIÉTÉ… ET LA FAMILLE

  • Nous recevons de plein fouet la dégradation sociale, par Robert S.

Il y a de temps à autre quelques disputes entre élèves, souvent pour des motifs futiles. Mais il y a surtout les incivilités envers les adultes de la communauté éducative. Mon collège est en zone urbaine sensible. Nous recevons de plein fouet la dégradation sociale dans les quartiers. Cela se traduit par un rejet de l’institution, une démotivation à l’égard du travail. Les élèves n’ont plus la sensation que l’école peut les aider à sortir d’une condition précaire. Pourtant, un travail sur projet peut porter ses fruits. L’investissement des enseignants, leur envie de communiquer, l’empathie avec les élèves peuvent encore obtenir des résultats. Néanmoins, sans amélioration sociale, l’avenir s’annonce difficile. Les portiques, fouilles… risquent d’aggraver le sentiment de rejet que ressentent les élèves.

  • L’école est le miroir d’une société qui banalise la violence, par Marie E.

Il y a des violences dans l’établissement où je travaille. Violence verbale des élèves, entre eux et à l’égard des enseignants ; violence physique des élèves et des parents venus régler leurs comptes eux-mêmes. Dans ce contexte, l’éducation ne peut se faire qu’après avoir rétabli une autorité et rappelé les codes sociaux élémentaires : l’école est le miroir d’une société qui banalise la violence. Elle n’est pas toujours liée à des situations familiales ou sociales défavorisées. Une discussion menée avec les élèves, tant bien que mal sur ce problème, fait apparaître que, pour eux, la violence est « attractive », distrayante », un » défoulement ». Leurs films préférés sont les films d’horreur, et certains jouent aux jeux « où on tue des gens ». Rien de plus facile, selon eux, que de contourner les portiques ou autres. Quant aux parents qui viennent insulter ou agresser, enseignants, administration, comment ne pas constater qu’ils ne font plus confiance à l’autorité compétente ? Dans ce contexte, que valent les propositions du ministre ?

  • Une question d’éducation, par Valérie D.

Enseignante spécialisée dans les Rased, voués à disparaître, je suis chaque jour confrontée à des élèves en grandes difficultés scolaires mais aussi en détresse psychologique. Des enfants qui, dès la maternelle, traînent des valises bien trop lourdes pour eux : séparation, disputes, violences, alcoolisme, démission… on n’imagine pas tous les fantômes qui hantent ces chères petites têtes ! A cela vient se rajouter la méfiance des parents vis-à-vis de l’institution scolaire qui est largement entretenue par des politiques opportunistes en mal de projet politique. J’ai le sentiment que plus que jamais l’école devient une poudrière, une sorte de bouc émissaire que l’on souhaite accabler de tous les maux de notre société. L’école est d’abord le reflet d’une société, comme elle aujourd’hui, elle est fragmentée, affaiblie dans ses fondements. A défaut d’une vision claire, d’un projet pour l’école et la nation, les ministres se contentent désormais de mesurettes destinées à satisfaire soit l’opinion publique, soit leur propre ambition personnelle. Xavier Darcos est certainement dans cette veine, sa méconnaissance du système scolaire est effrayante. A ce niveau de responsabilité, l’incompétence est une faute professionnelle grave.
TROP D’ÉLÈVES, PAS ASSEZ DE SURVEILLANTS

  • Ils s’attaquent aux faits, non pas aux causes, par Jean-Baptiste P.

Je suis enseignant dans un collège à Grenoble. Nous sommes confrontés à des violences verbales et physiques, à l’irrespect de l’institution avec un durcissement significatif ces derniers mois. Les problèmes sont provoqués par quelques élèves, qui avant étaient accueillis dans des structures adaptées. Aujourd’hui on accueille toute la classe d’âge, sans moyen supplémentaire au sein de l’établissement. L’augmentation des effectifs par classe est un véritable problème ; l’arrivée de jeunes adultes encadrants souvent non formés au milieu scolaire n’apaise pas le climat général (tendance au copinage).  La solution serait de développer une nouvelle approche pédagogique, une véritable recherche que seuls les enseignants pourront expérimenter et valider avec les élèves, avec le soutien du ministère. Il est urgent de restaurer une confiance à l’égard des enseignants, qui sont un maillon important dans la sociabilisation des générations futures.

  • Trop peu de surveillants, par Thiercelin G.

Enseignante en lycée professionnel, j’ai été mutée, il y a six ans, à Paris après un « purgatoire » obligé en ZEP (cinq ans) et j’ai été étonnée du nombre très faible de surveillants et de leur statut ! D’année en année leur nombre s’est restreint et aujourd’hui, dans mon établissement, en plein cœur de Paris, il y a des étages entiers sans aucune présence adulte hormis celle des professeurs. Le nombre des agents d’entretien ayant également fondu, on se trouve dans des espaces non sécurisés. Nous avons un besoin urgent de personnel capable de désamorcer les tensions et non d’ »appareillage » grégaire favorisant des sentiments d’humiliation et de rejet chez des élèves déjà très remontés contre l’institution. Nous adorons notre métier mais accordez-nous un ministre au fait des violences que nous subissons aujourd’hui dans les établissements sensibles et d’une hiérarchie courageuse et non obnubilée par leur promotion. Rétablissons le nombre de personnel encadrant formé et ayant un statut digne, le droit d’envoyer des élèves en conseil de discipline sans passer par une procédure qui dure une année entière, ce qui discrédite toute l’équipe par le harcèlement quotidien de ces élèves devant la classe entière.

  • J’ai cru que c’était une blague.., par Julien De F.

Je suis assistant d’éducation (AED) dans une ZEP de la région parisienne et cette annonce m’a tellement surpris que j’ai cru que c’était une blague. On voit que le ministère est à des années-lumière de la réalité du terrain. Ce dont ont besoin les établissements difficiles, c’est avant tout d’un personnel pédagogique qualifié et mieux formé, et surtout plus disponible. Dans mon travail quotidien, j’ai largement eu l’occasion de constater qu’un accompagnement plus proche de l’élève était bien plus à même de calmer ceux-ci que des mesures répressives.

Une discussion d’une quinzaine de minutes en tête à tête est bien souvent plus à même d’instaurer une écoute entre les enseignants ou les AED et nos élèves qu’une exclusion ou l’acte humiliant que constituerait une fouille. Une discipline bête et bornée ne vaudra jamais l’instauration du respect mutuel permettant le travail commun. Quant aux élèves en grande difficulté, c’est d’abord en améliorant le rapport avec les parents et les structures alternatives d’accompagnement qu’on pourra mieux les encadrer. Plus généralement, c’est en donnant une réelle perspective d’avenir aux élèves des quartiers défavorisés qu’on combattra efficacement échec scolaire et délinquance.

XAVIER DARCOS SUR LA BONNE PISTE

  • Un plus, mais cela ne suffira pas par Bernard S.

Je suis chef d’établissement d’un collège de quartier difficile. On parle de ces problèmes depuis trop longtemps, et il est un peu désespérant de voir que les solutions ne sont envisagées ni dans leur globalité ni avec une suffisante volonté. Plusieurs choses manquent. Ce que propose le ministre est un plus, mais cela ne suffira pas. Deux axes doivent être menées de front : une politique de la « porte ouverte » qui ne laisse aucun doute dans l’esprit des élèves sur le fait que l’institution est à même de les aider sérieusement, l’organisation actuelle des collèges (en termes de moyens et de contenus) est très loin du compte actuellement. Et une réflexion sérieuse sur la sanction : l’impunité (ou le sentiment d’impunité) sont évidents. Comme ces deux aspects sont tous deux traités de façon insuffisante, se développe chez les élèves de ces quartiers le double sentiment de n’être pas « aidés » et de pouvoir faire sans réelle crainte ce qu’ils veulent. Ce cocktail est évidemment créateur de violence. Il faut former les enseignants sérieusement à la gestion de conflit pour éviter les conflits inutiles et faire descendre au maximum la pression, mettre en place des structures ambitieuses de remédiation dans ou à côté des établissements et, enfin, ne pas oublier que sur 300 élèves, 10 ou 20 empêchent les 280 autres de travailler faute de solutions, cela est indigne du service public…

  • Soutenons Darcos, par Françoise L.

Prof de Lettres, depuis peu en retraite, je ne regrette pas d’avoir moi-même, après dénonciation par un élève, fouillé le cartable d’un garçon de 4e qui contenait tout un arsenal : six ou sept armes blanches, couteaux, tiges métalliques, grattoir et outils de jardinage bien affûtés et destinés à épicer une guerre entre clans dans la cour de récréation, conflit qui se développait depuis plusieurs jours, ayant pris son origine ailleurs, dans un lotissement voisin. Le guerrier en question, envoyé au bureau du principal, a été dûment puni (sans qu’on daigne me dire si ça avait apaisé les ardeurs combatives des élèves, mais bon).

A la différence de ce que racontent certains leaders syndicaux ou politiques, j’ai vu que la violence est souvent importée dans les établissements et je crois bien entendu à l’action pédagogique et à la politique mais aussi aux mesures proposées par M. Darcos : comme il faut deux jambes pour marcher, il faut de la pédagogie et de la surveillance. Je me mets à la place des jeunes profs de banlieue et je maudis les imbéciles bien-pensants qui refusent à l’école les moyens d’assurer la sécurité des élèves comme celle des personnels.

Sécurité à l’école : des pistes soumises jeudi à l’Elysée NOUVELOBS.COM | 27.05.2009

Jeudi 28 mai 2009

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Les propositions du ministre Xavier Darcos, comme l’installation de portiques, seront ou non validées par l’Elysée jeudi. Les chefs d’établissements scolaires ont montré leur modération face à ces mesures.

Xavier Darcos (Sipa)

Xavier Darcos (Sipa)

A l’issue d’une réunion au ministère de l’Education nationale avec les collectivités locales, les parents d’élèves et les chefs d’établissement, le ministre Xavier Darcos a annoncé mercredi 27 mai que des pistes contre l’intrusion d’armes en milieu scolaire vont être soumises à l’Elysée jeudi.
Pour « dissuader » l’intrusion d’armes, le ministre de l’Education a proposé la mise en place de portiques de détection, « mais pas de façon systématique ». « Je reconnais que le portique, c’est un peu compliqué à mettre en place », a-t-il affirmé à la presse, son ministère évoquant du « cas par cas », dans les établissements où des « diagnostics de sécurité » auront fait apparaître un besoin.
Afin de contrôler les élèves, Xavier Darcos affirme qu’ »il faut que nous trouvions une solution pour habiliter les personnels » à le faire dans les établissements, ce qui n’est pas possible actuellement.

Sanctions financières pour les parents

Au sujet des « forces mobiles » intervenant dans les écoles, « ce système, qui semble-t-il a provoqué beaucoup d’émotion, existe déjà, par exemple dans l’académie de Versailles », a-t-il souligné.
Le ministre de l’Education a également insisté sur la formation des personnels des collèges et lycées et « leur protection juridique ». Le ministre a aussi insisté sur la formation des personnels des collèges et lycées et leur « protection juridique ».
Autre mesure : mettre en place un régime de sanctions financières pour les parents des élèves ayant introduit des armes au sein d’un établissement.

Mesures « dangereuses »

Les syndicats enseignants ont dénoncé des mesures « dangereuses et contre-productives » et une « lamentable opération politicienne » et réclamé des moyens humains.
Secrétaire général du principal syndicat des chefs d’établissements (SNPDEN), Philippe Tournier, participant à la réunion, a nuancé les propos du ministre. Sur les portiques, il a dit « pourquoi pas, mais localement et s’il y a consensus » de la communauté éducative en ce sens. Il estime que l’Assemblée des départements de France (ADF) a marqué son « total désaccord » à ce sujet. Concernant l’idée initiale du ministre de l’Education que chefs d’établissements et conseillers principaux d’éducation deviennent officiers de police judiciaire pour faire des fouilles, Philippe Tournier a indiqué que « cette piste » semblait « abandonnée », évoquant plutôt « des possibilités juridiques au cas par cas ».

Campagne électorale

Quant aux « brigades de paix scolaire, on semble s’orienter vers des personnels dans les établissements », a-t-il poursuivi. Le président de la fédération de parents d’élèves Peep, Philippe Vrand, a évoqué de « propositions raisonnables », donnant son « aval » aux « portiques » et aux « nouvelles prérogatives » pour les fouilles, pas aux sanctions des parents. Par ailleurs, pour plusieurs observateurs, la proximité de ces annonces avec l’échéance des élections européennes n’est pas neutre. « Depuis quelques semaines, on voit revenir très fortement le thème de la sécurité dans le discours officiel », constate Gérard Aschieri (FSU).
Le Sgen-CFDT dénonce le « contexte d’une campagne électorale marquée par le retour de la thématique sécuritaire ».
Le ministre de l’Education laisse à l’Elysée le soin de trancher lors d’une réunion jeudi, pour « un plan applicable à la rentrée prochaine ». (Nouvelobs.com)

Pour Benjamin Rosoux, Julien Coupat est bien victime d’ »une vengeance » Nouvel Obs 27-05-09

Jeudi 28 mai 2009

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Exclusif Présenté par les services de police comme « le bras droit » de Julien Coupat, Benjamin Rosoux revient pour nouvelobs.com sur l’affaire des sabotages SNCF. Il accuse « l’appareil répressif » d »’intoxiquer » avec une « thèse fumeuse ».

Dans une tribune publiée lundi dans Le Monde, Julien Coupat écrit que la prolongation de sa détention est « une petite vengeance ». Etes-vous d’accord avec ce point de vue ? Autrement dit, pourquoi Julien Coupat est-il toujours incarcéré ?

- Ce qui semble s’avérer chaque jour un peu plus c’est que la focalisation sur la personne de Julien Coupat tient à une déformation à la source même de l’enquête préliminaire, qui prend comme hypothèse, dès le départ, son supposé rôle central et le fait suivre en conséquence… Suivez n’importe qui pendant plusieurs mois, et uniquement lui, et vous n’aurez aucun mal à le faire figurer au centre d’une cartographie imaginaire.
Alors oui, je pense que, depuis le 11 novembre, l’acharnement qui se resserre de nouveau toujours plus sur sa personne relève d’une vengeance des services et du parquet qui refusent obstinément d’avouer l’ampleur de leur échec. Outre le postulat invérifiable qu’il serait le chef d’une entité jamais vérifiée, rien ne justifie son maintien en détention.

Dans cette tribune, Julien Coupat assume ses idées et attaque nommément le criminologue et président de l’Observatoire national de la Délinquance Alain Bauer, le directeur de la DCRI Bernard Squarcini, et la ministre de l’Intérieur Michèle Alliot-Marie. Etes-vous en accord avec cette stratégie de défense ?

- De quelle stratégie parlez-vous ? Les enjeux sont différents selon que l’on parle dans la sphère judiciaire ou dans la sphère publique, à la presse par exemple.
Pour ce qui est de la seconde, depuis le début, nous avons pointé du doigt l’offensive politique et judiciaire dont nous faisions l’objet. Sur ce point, je trouve que Julien est plus lucide que violent dans sa tribune. S’il s’agit du simple fait de savoir reconnaître les intérêts de ceux qui cherchent ouvertement à ruiner vos existences au profit de leur petits appétits carriéristes. Alors oui, je suis d’accord avec lui.

Soupçonné par la police d’être l’auteur de « L’Insurrection qui vient », Julien Coupat apporte une réponse claire : c’est non. Pourquoi a-t-il tant tardé à répondre sur ce point ?

- D’une part cette réponse a été donnée au juge depuis bien longtemps. D’autre part, la tribune de Julien est sa première intervention publique.

Comment expliquez-vous alors que les services de police aient continué à évoquer Julien Coupat comme le possible auteur de ce livre ?

- Cela fait déjà longtemps qu’ils s’obstinent à vouloir mettre un nom sur ce livre. Il avait déjà servi de pièce à charge dans trois précédentes affaires remontant à 2007, dans lesquelles des personnes avaient été également mises en examen pour « terrorisme ». Et, à défaut d’autre charges, il faut bien justifier son maintien en détention….

Comment expliquez-vous que les autres pistes – à commencer par le communiqué posté en Allemagne revendiquant les sabotages – aient été si vite écartées par les enquêteurs ?

- Je ne suis pas dans la tête des flics et des magistrats… J’imagine que, comme pour beaucoup d’autres choses dans cette affaire, tout ce qui ne colle pas avec le synopsis des services a été soigneusement écarté, c’est ce qu’on appelle une « instruction à charge ».

Ces dernières semaines, les interpellations de personnes présentées comme des « proches » de Julien Coupat se sont multipliées. Elles ont toutes été relâchées sans qu’aucune charge n’ait été retenue contre elles…

– Il y a des opérations de deux types à mon avis. D’un côté, il y a ce qui se présente comme des manœuvres d’intimidation, à peine voilées, sur des gens qui ont publiquement manifesté leur solidarité face à cette opération d’intoxication politique, et qui adressent, par-là même, un message à tous ceux qui le font. De l’autre, il y a l’attaque directe, sur nos proches, pour étayer la thèse fumeuse d’une cellule clandestine. Le mode même sur lequel sont conduites les interpellations participe de la construction de la figure de l’ennemi : « Si on les arrête de cette manière, c’est bien qu’il y a une raison… »

Vous êtes présenté par la police comme le « bras droit » de Julien Coupat. Pourquoi ? Comment expliquez-vous que vous n’ayez pas été gardé en détention comme lui ?

- Tout cela reste un mystère pour moi. D’autant que je n’ai pas été interrogé depuis ma sortie de prison en décembre, contrairement à d’autres mis en examen. La police n’a aucun argument pour étayer son affirmation selon laquelle je serais « le bras droit » d’un « chef ». Et moi, je ne peux pas prouver ce qui ne peut pas se prouver, à savoir que je ne suis pas le numéro 2 d’un numéro 1 qui n’existe pas. Ce que je sais, c’est que Julien et moi-même étions surveillés depuis longtemps. Comme la plupart des personnes un tant soit peu « militantes » en France, qui s’engagent dans des campagnes contre les expulsions de sans-papiers, les luttes étudiantes, les actions contre les lois sécuritaires…

On vous a interdit de quitter le département de la Manche. Pourquoi cette restriction ? Comment la vivez-vous ?

- Mon contrôle judiciaire a été durci récemment parce qu’on a jugé que je recommençais à prendre un peu trop de liberté. Je dois maintenant signer tous les jours à la gendarmerie. Et j’imagine que me couper de toute vie sociale et de la possibilité de penser avec mes camarades la situation qui nous est faite fait partie de leurs motivations. Six mois, ça commence à faire long.

Vous aviez refusé en mars, comme les autres mis en cause dans cette affaire, de répondre aux questions des juges d’instruction tant que Julien Coupat serait considéré comme le « chef » de votre groupe. Qu’en est-il de vos rapports aujourd’hui avec la justice ?

- Nous nous tenons toujours à cette décision, rien dans l’attitude des juges ne laissant présager qu’ils reviennent sur les constructions littéraires du parquet anti-terroriste.

Mathieu Burnel, l’un des neuf mis en examen, a indiqué qu’il renforçait sa défense sur le plan juridique et politique. Julien Coupat va être, lui, défendu par plus d’avocats. Et vous ?

- Mathieu parlait, je crois, de façon plus générale. C’est la défense dans son ensemble qui devrait être renforcée. Nous refusons jusqu’à présent, dans la mesure de ce qui nous est accessible, l’individualisation de traitement qui est à l’œuvre du côté de la justice. Cette procédure est absurde d’un bout à l’autre, elle ne tient la route pour aucun d’entre nous.
Pour ce qui est de notre défense, les récentes informations selon lesquelles Julien aurait deux nouveaux avocats et qu’il aurait été en rapport avec les ex-inculpés de l’Arche de Zoé sont incorrectes.

Vous avez des contacts avec Julien Coupat ? Croyez-vous qu’il pourrait être remis en liberté bientôt ?

- Je n’ai de nouvelles que très indirectes, et j’ai abandonné depuis longtemps l’astrologie judiciaire!

Des comités vous soutiennent. Qu’en est-il de la classe politique ?

- Laissons la classe politique tenter de se soutenir elle-même, elle en a plus besoin que nous. La seule issue pour nous est de participer à une articulation entre les luttes et les fractions de la population aux prises avec l’appareil répressif dans son ensemble. Pour le faire reculer en défaisant ses opérations de division, qui ciblent des groupes repoussoirs en les surdéterminant, les « anarcho-autonomes », « les bandes de cités », « les casseurs »…

Interview de Benjamin Rosoux par Sarah Halifa-Legrand
(Mercredi 27 mai)

Loppsi II Le nouveau plan quinquennal de sécurité Par Eric Pelletier, L’Express 26/05/2009

Jeudi 28 mai 2009

Lire l’article sur le site

La nouvelle loi de programmation sur la sécurité intérieure (Loppsi II), présentée mercredi en Conseil des ministres, pourrait changer la vie quotidienne de millions de Français. Le gouvernement veut reprendre l’initiative en matière de sécurité.

Sécurité routière, espionnage, vidéoprotection, intelligence économique: Michèle Alliot-Marie présente mercredi en conseil des ministres son projet de Loi d’orientation et de programmation pour la performance de la Sécurité intérieure (Loppsi), deuxième du genre, qui s’étend de 2009 à 2013. Ce texte, dont la première mouture remonte à l’automne 2007, a été maintes fois reporté, au profit de projets de loi d’ordre économique et social. Il doit permettre au gouvernement de reprendre l’initiative en matière de la sécurité. Une exigence du chef de l’Etat.

La Loppsi II prévoit de dégager 2,5 milliards d’euros pour l’Intérieur, sécurité civile comprise, et pourrait être présentée à l’Assemblée nationale courant juillet.

Selon la ministre de l’Intérieur, elle vise à « s’adapter aux évolutions de la délinquance » ainsi qu’à « prévenir les nouvelles menaces ». A la lecture, la cohérence du texte ne saute pourtant pas aux yeux. Mais, si la Loppsi est adoptée en l’état, elle changera la vie quotidienne de millions de Français. Revue de détails.

1. Sécurité routière

Confiscation obligatoire du véhicule en cas de récidive
En cas de conduite sans permis ou en cas de récidive dans certains cas (alcoolémie; consommation de stupéfiants; accidents ayant entraîné des blessures; grands excès de vitesse, soit plus de 50 km/h au-delà de la vitesse autorisée), le véhicule sera confisqué. Le juge pourra déroger à cette « peine plancher », à condition de motiver sa décision – par exemple, par le risque de perte d’emploi.

Une peine complémentaire d’interdiction de conduire un véhicule non équipé d’un dispositif d’anti-démarrage par éthylotest est créé.

Trafic de points
Le gouvernement veut lutter contre le trafic de points qui se développe sur Internet ou par le biais de petites annonces dans les revues spécialisées. Une incrimination spécifique est créée, punie d’une peine allant jusqu’à 6 mois d’emprisonnement et 15 000 euros d’amende. L’ »échange » de points au sein d’une famille restera en revanche difficile à matérialiser, convient-on place Beauvau.

2. Informatique et Internet

Lutte contre la cybercriminalité
Une nouvelle incrimination sera créée: l’ »usurpation d’identité électronique » – elle peut notamment s’appliquer en cas de fausse inscription sur un réseau social en ligne comme Facebook.

Lutte contre la pédopornographie sur Internet
L’Intérieur dressera une « liste noire » des sites que ses services transmettront aux fournisseurs d’accès. Ceux-ci se sont engagés à en bloquer l’accès. Selon la place Beauvau, le système permettra de rendre inopérants certains sites hébergés à l’étranger, auparavant à l’abri de la législation française.

Captation de données à distance
Les services d’enquête judiciaires seront autorisés à « pénétrer » l’ordinateur d’un suspect et à y lire les informations qu’il contient ou qui s’affichent à l’écran. Cette possibilité d’intrusion informatique, qui doit être validée par un magistrat, sera réservée à la lutte antiterroriste et contre la grande criminalité. En pratique, le recours à des logiciels espions sera donc légalisé à des fins judiciaires.

Vidéoprotection
Une durée minimale de conservation des images de vidéosurveillance, modulable selon les lieux et selon les préfectures, est créée – la durée maximale de conservation reste fixée à un mois. Les agents de sociétés privées de gardiennage sont autorisés à visionner en direct les images, afin de détecter d’éventuels flagrants délits, mais ils ne peuvent consulter les enregistrements.

3. Intelligence économique et Renseignement

Moralisation de la profession
Devant la multiplication des affaires de barbouzerie, la place Beauvau veut moraliser les agences et les cabinets d’intelligence économique. Une procédure d’agrément préfectoral, et non plus une simple déclaration, sera obligatoire pour l’organisme et pour ses dirigeants. En outre, policiers et gendarmes ayant travaillé dans le domaine du renseignement ne pourront intégrer de telles structures moins de trois ans après leur cessation d’activité.

Protection des agents de renseignement
Les agents de renseignement pourront témoigner sous leur fausse identité en cas de procédure judiciaire. En cas de révélation de leur véritable identité, les sanctions sont durcies.

4. Préfets délégués à la sécurité

Des pouvoirs renforcés
En matière de maintien de l’ordre, les préfets chargés de la sécurité auront désormais des responsabilités de coordination à l’échelle régionale ou, en tous cas, dans des zones situées à la périphérie des grandes agglomérations, à Paris, Lyon ou Marseille. En coulisse, cette disposition a fait l’objet de vives tensions entre le préfet de police de Paris – militant pour l’élargissement de ses compétences aux Hauts-de-Seine, à la Seine-Saint-Denis et au Val-de-Marne – et la Direction générale de la police nationale – qui plaidait pour le maintien du statu quo.

5. Violences dans les stades

Pour la place Beauvau, les interdictions de stades actuellement en vigueur ne sont « pas suffisamment dissuasives ». Les interdictions administratives seront doublées (jusqu’à un an) et une peine d’emprisonnement d’un an pourra être prononcée en cas de non-respect de ces obligations.

Loppsi II Le nouveau plan quinquennal de sécurité Par Eric Pelletier, L'Express 26/05/2009 dans Insecurite

Mes journées à l’Assemblée: Estrosi et ses cagoules

Jeudi 28 mai 2009

Source : assemblee.blogs.liberation.fr
La proposition de loi que vient de déposer Christian Estrosi dont l’objectif est, paraît-il, de lutter «contre les bandes violentes» comporte un article 3 dont la teneur a déjà fait beaucoup parlé. Il s’agit de «compléter le Code pénal pour…
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POITIERS Sucettes vandalisées : interpellés et relâchés NR 26-05-09

Mardi 26 mai 2009

Une nouvelle série d’actes de vandalisme touchant des sucettes publicitaires a eu lieu au cours de la nuit de dimanche à lundi, à Poitiers. Des dégradations ont été constatées dans le quartier des Couronneries mais également dans le centre-ville et à proximité. Deux jeunes hommes ont été interpellés par une patrouille de police, vers 3 h du matin, dans la nuit de dimanche à lundi. Ils ont été placés en garde à vue. Une mesure levée par le parquet, hier, en fin de journée, faute d’éléments probants permettant de leur imputer des dégradations. L’affaire est donc classée sans suite.

Réunion du Comité Poitevin Contre la Répression des Mouvements Sociaux 29-05-09 20h30 Café des Arts

Mardi 26 mai 2009

Venez nombreux et SVP diffusez cette info autour de vous.

Julien Coupat : « La prolongation de ma détention est une petite vengeance » LE MONDE | 25.05.09

Lundi 25 mai 2009

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Voici les réponses aux questions que nous avons posées par écrit à Julien Coupat. Mis en examen le 15 novembre 2008 pour « terrorisme » avec huit autres personnes interpellées à Tarnac (Corrèze) et Paris, il est soupçonné d’avoir saboté des caténaires SNCF. Il est le dernier à être toujours incarcéré. (Il a demandé à ce que certains mots soient en italique).

OAS_AD(‘Middle1′); Julien Coupat :

Comment vivez-vous votre détention ?

Très bien merci. Tractions, course à pied, lecture.

Pouvez-nous nous rappeler les circonstances de votre arrestation ?

Une bande de jeunes cagoulés et armés jusqu’aux dents s’est introduite chez nous par effraction. Ils nous ont menacés, menottés, et emmenés non sans avoir préalablement tout fracassé. Ils nous ont enlevés à bord de puissants bolides roulant à plus de 170 km/h en moyenne sur les autoroutes. Dans leurs conversations, revenait souvent un certain M. Marion [ancien patron de la police antiterroriste] dont les exploits virils les amusaient beaucoup comme celui consistant à gifler dans la bonne humeur un de ses collègues au beau milieu d’un pot de départ. Ils nous ont séquestrés pendant quatre jours dans une de leurs « prisons du peuple » en nous assommant de questions où l’absurde le disputait à l’obscène.

Celui qui semblait être le cerveau de l’opération s’excusait vaguement de tout ce cirque expliquant que c’était de la faute des « services », là-haut, où s’agitaient toutes sortes de gens qui nous en voulaient beaucoup. A ce jour, mes ravisseurs courent toujours. Certains faits divers récents attesteraient même qu’ils continuent de sévir en toute impunité.

Les sabotages sur les caténaires SNCF en France ont été revendiqués en Allemagne. Qu’en dites-vous?

Au moment de notre arrestation, la police française est déjà en possession du communiqué qui revendique, outre les sabotages qu’elle voudrait nous attribuer, d’autres attaques survenues simultanément en Allemagne. Ce tract présente de nombreux inconvénients : il est posté depuis Hanovre, rédigé en allemand et envoyé à des journaux d’outre-Rhin exclusivement, mais surtout il ne cadre pas avec la fable médiatique sur notre compte, celle du petit noyau de fanatiques portant l’attaque au cœur de l’Etat en accrochant trois bouts de fer sur des caténaires. On aura, dès lors, bien soin de ne pas trop mentionner ce communiqué, ni dans la procédure, ni dans le mensonge public.

Il est vrai que le sabotage des lignes de train y perd beaucoup de son aura de mystère : il s’agissait simplement de protester contre le transport vers l’Allemagne par voie ferroviaire de déchets nucléaires ultraradioactifs et de dénoncer au passage la grande arnaque de « la crise ». Le communiqué se conclut par un très SNCF « nous remercions les voyageurs des trains concernés de leur compréhension ». Quel tact, tout de même, chez ces « terroristes »!

Vous reconnaissez-vous dans les qualifications de « mouvance anarcho-autonome » et d’ »ultragauche »?

Laissez-moi reprendre d’un peu haut. Nous vivons actuellement, en France, la fin d’une période de gel historique dont l’acte fondateur fut l’accord passé entre gaullistes et staliniens en 1945 pour désarmer le peuple sous prétexte d’ »éviter une guerre civile ». Les termes de ce pacte pourraient se formuler ainsi pour faire vite : tandis que la droite renonçait à ses accents ouvertement fascistes, la gauche abandonnait entre soi toute perspective sérieuse de révolution. L’avantage dont joue et jouit, depuis quatre ans, la clique sarkozyste, est d’avoir pris l’initiative, unilatéralement, de rompre ce pacte en renouant « sans complexe » avec les classiques de la réaction pure – sur les fous, la religion, l’Occident, l’Afrique, le travail, l’histoire de France, ou l’identité nationale.

Face à ce pouvoir en guerre qui ose penser stratégiquement et partager le monde en amis, ennemis et quantités négligeables, la gauche reste tétanisée. Elle est trop lâche, trop compromise, et pour tout dire, trop discréditée pour opposer la moindre résistance à un pouvoir qu’elle n’ose pas, elle, traiter en ennemi et qui lui ravit un à un les plus malins d’entre ses éléments. Quant à l’extrême gauche à-la-Besancenot, quels que soient ses scores électoraux, et même sortie de l’état groupusculaire où elle végète depuis toujours, elle n’a pas de perspective plus désirable à offrir que la grisaille soviétique à peine retouchée sur Photoshop. Son destin est de décevoir.

Dans la sphère de la représentation politique, le pouvoir en place n’a donc rien à craindre, de personne. Et ce ne sont certainement pas les bureaucraties syndicales, plus vendues que jamais, qui vont l’importuner, elles qui depuis deux ans dansent avec le gouvernement un ballet si obscène. Dans ces conditions, la seule force qui soit à même de faire pièce au gang sarkozyste, son seul ennemi réel dans ce pays, c’est la rue, la rue et ses vieux penchants révolutionnaires. Elle seule, en fait, dans les émeutes qui ont suivi le second tour du rituel plébiscitaire de mai 2007, a su se hisser un instant à la hauteur de la situation. Elle seule, aux Antilles ou dans les récentes occupations d’entreprises ou de facs, a su faire entendre une autre parole.

Cette analyse sommaire du théâtre des opérations a dû s’imposer assez tôt puisque les renseignements généraux faisaient paraître dès juin 2007, sous la plume de journalistes aux ordres (et notamment dans Le Monde) les premiers articles dévoilant le terrible péril que feraient peser sur toute vie sociale les « anarcho-autonomes ». On leur prêtait, pour commencer, l’organisation des émeutes spontanées, qui ont, dans tant de villes, salué le « triomphe électoral » du nouveau président.

Avec cette fable des « anarcho-autonomes », on a dessiné le profil de la menace auquel la ministre de l’intérieur s’est docilement employée, d’arrestations ciblées en rafles médiatiques, à donner un peu de chair et quelques visages. Quand on ne parvient plus à contenir ce qui déborde, on peut encore lui assigner une case et l’y incarcérer. Or celle de « casseur » où se croisent désormais pêle-mêle les ouvriers de Clairoix, les gamins de cités, les étudiants bloqueurs et les manifestants des contre-sommets, certes toujours efficace dans la gestion courante de la pacification sociale, permet de criminaliser des actes, non des existences. Et il est bien dans l’intention du nouveau pouvoir de s’attaquer à l’ennemi, en tant que tel, sans attendre qu’il s’exprime. Telle est la vocation des nouvelles catégories de la répression.

Il importe peu, finalement, qu’il ne se trouve personne en France pour se reconnaître « anarcho-autonome » ni que l’ultra-gauche soit un courant politique qui eut son heure de gloire dans les années 1920 et qui n’a, par la suite, jamais produit autre chose que d’inoffensifs volumes de marxologie. Au reste, la récente fortune du terme « ultragauche » qui a permis à certains journalistes pressés de cataloguer sans coup férir les émeutiers grecs de décembre dernier doit beaucoup au fait que nul ne sache ce que fut l’ultragauche, ni même qu’elle ait jamais existé.

A ce point, et en prévision des débordements qui ne peuvent que se systématiser face aux provocations d’une oligarchie mondiale et française aux abois, l’utilité policière de ces catégories ne devrait bientôt plus souffrir de débats. On ne saurait prédire, cependant, lequel d’ »anarcho-autonome » ou d’ »ultragauche » emportera finalement les faveurs du Spectacle, afin de reléguer dans l’inexplicable une révolte que tout justifie.

La police vous considère comme le chef d’un groupe sur le point de basculer dans le terrorisme. Qu’en pensez-vous?

Une si pathétique allégation ne peut être le fait que d’un régime sur le point de basculer dans le néant.

Que signifie pour vous le mot terrorisme?

Rien ne permet d’expliquer que le département du renseignement et de la sécurité algérien suspecté d’avoir orchestré, au su de la DST, la vague d’attentats de 1995 ne soit pas classé parmi les organisations terroristes internationales. Rien ne permet d’expliquer non plus la soudaine transmutation du « terroriste » en héros à la Libération, en partenaire fréquentable pour les accords d’Evian, en policier irakien ou en « taliban modéré » de nos jours, au gré des derniers revirements de la doctrine stratégique américaine.

Rien, sinon la souveraineté. Est souverain, en ce monde, qui désigne le terroriste. Qui refuse d’avoir part à cette souveraineté se gardera bien de répondre à votre question. Qui en convoitera quelques miettes s’exécutera avec promptitude. Qui n’étouffe pas de mauvaise foi trouvera un peu instructif le cas de ces deux ex – « terroristes » devenus l’un premier ministre d’Israël, l’autre président de l’Autorité palestinienne, et ayant tous deux reçus, pour comble, le Prix Nobel de la paix.

Le flou qui entoure la qualification de « terrorisme », l’impossibilité manifeste de le définir ne tiennent pas à quelque provisoire lacune de la législation française : ils sont au principe de cette chose que l’on peut, elle, très bien définir : l’antiterrorisme dont ils forment plutôt la condition de fonctionnement. L’antiterrorisme est une technique de gouvernement qui plonge ses racines dans le vieil art de la contre-insurrection, de la guerre dite « psychologique », pour rester poli.

L’antiterrorisme, contrairement à ce que voudrait insinuer le terme, n’est pas un moyen de lutter contre le terrorisme, c’est la méthode par quoi l’on produit, positivement, l’ennemi politique en tant que terroriste. Il s’agit, par tout un luxe de provocations, d’infiltrations, de surveillance, d’intimidation et de propagande, par toute une science de la manipulation médiatique, de l’ »action psychologique », de la fabrication de preuves et de crimes, par la fusion aussi du policier et du judiciaire, d’anéantir la « menace subversive » en associant, au sein de la population, l’ennemi intérieur, l’ennemi politique à l’affect de la terreur.

L’essentiel, dans la guerre moderne, est cette « bataille des cœurs et des esprits » où tous les coups sont permis. Le procédé élémentaire, ici, est invariable : individuer l’ennemi afin de le couper du peuple et de la raison commune, l’exposer sous les atours du monstre, le diffamer, l’humilier publiquement, inciter les plus vils à l’accabler de leurs crachats, les encourager à la haine. « La loi doit être utilisée comme simplement une autre arme dans l’arsenal du gouvernement et dans ce cas ne représente rien de plus qu’une couverture de propagande pour se débarrasser de membres indésirables du public. Pour la meilleure efficacité, il conviendra que les activités des services judiciaires soient liées à l’effort de guerre de la façon la plus discrète possible », conseillait déjà, en 1971, le brigadier Frank Kitson [ancien général de l'armée britannique, théoricien de la guerre contre-insurrectionelle], qui en savait quelque chose.

Une fois n’est pas coutume, dans notre cas, l’antiterrorisme a fait un four. On n’est pas prêt, en France, à se laisser terroriser par nous. La prolongation de ma détention pour une durée « raisonnable » est une petite vengeance bien compréhensible au vu des moyens mobilisés, et de la profondeur de l’échec; comme est compréhensible l’acharnement un peu mesquin des « services », depuis le 11 novembre, à nous prêter par voie de presse les méfaits les plus fantasques, ou à filocher le moindre de nos camarades. Combien cette logique de représailles a d’emprise sur l’institution policière, et sur le petit cœur des juges, voilà ce qu’auront eu le mérite de révéler, ces derniers temps, les arrestations cadencées des « proches de Julien Coupat ».

Il faut dire que certains jouent, dans cette affaire, un pan entier de leur lamentable carrière, comme Alain Bauer [criminologue], d’autres le lancement de leurs nouveaux services, comme le pauvre M. Squarcini [directeur central du renseignement intérieur], d’autres encore la crédibilité qu’ils n’ont jamais eue et qu’ils n’auront jamais, comme Michèle Alliot-Marie.

Vous êtes issu d’un milieu très aisé qui aurait pu vous orienter dans une autre direction…

« Il y a de la plèbe dans toutes les classes » (Hegel).

Pourquoi Tarnac?

Allez-y, vous comprendrez. Si vous ne comprenez pas, nul ne pourra vous l’expliquer, je le crains.

Vous définissez-vous comme un intellectuel? Un philosophe ?

La philosophie naît comme deuil bavard de la sagesse originaire. Platon entend déjà la parole d’Héraclite comme échappée d’un monde révolu. A l’heure de l’intellectualité diffuse, on ne voit pas ce qui pourrait spécifier « l’intellectuel », sinon l’étendue du fossé qui sépare, chez lui, la faculté de penser de l’aptitude à vivre. Tristes titres, en vérité, que cela. Mais, pour qui, au juste, faudrait-il se définir?

Etes-vous l’auteur du livre L’insurrection qui vient ?

C’est l’aspect le plus formidable de cette procédure : un livre versé intégralement au dossier d’instruction, des interrogatoires où l’on essaie de vous faire dire que vous vivez comme il est écrit dans L’insurrection qui vient, que vous manifestez comme le préconise L’insurrection qui vient, que vous sabotez des lignes de train pour commémorer le coup d’Etat bolchevique d’octobre 1917, puisqu’il est mentionné dans L’insurrection qui vient, un éditeur convoqué par les services antiterroristes.

De mémoire française, il ne s’était pas vu depuis bien longtemps que le pouvoir prenne peur à cause d’un livre. On avait plutôt coutume de considérer que, tant que les gauchistes étaient occupés à écrire, au moins ils ne faisaient pas la révolution. Les temps changent, assurément. Le sérieux historique revient.

Ce qui fonde l’accusation de terrorisme, nous concernant, c’est le soupçon de la coïncidence d’une pensée et d’une vie; ce qui fait l’association de malfaiteurs, c’est le soupçon que cette coïncidence ne serait pas laissée à l’héroïsme individuel, mais serait l’objet d’une attention commune. Négativement, cela signifie que l’on ne suspecte aucun de ceux qui signent de leur nom tant de farouches critiques du système en place de mettre en pratique la moindre de leurs fermes résolutions; l’injure est de taille. Malheureusement, je ne suis pas l’auteur de L’insurrection qui vient – et toute cette affaire devrait plutôt achever de nous convaincre du caractère essentiellement policier de la fonction auteur.

J’en suis, en revanche, un lecteur. Le relisant, pas plus tard que la semaine dernière, j’ai mieux compris la hargne hystérique que l’on met, en haut lieu, à en pourchasser les auteurs présumés. Le scandale de ce livre, c’est que tout ce qui y figure est rigoureusement, catastrophiquement vrai, et ne cesse de s’avérer chaque jour un peu plus. Car ce qui s’avère, sous les dehors d’une « crise économique », d’un « effondrement de la confiance », d’un « rejet massif des classes dirigeantes », c’est bien la fin d’une civilisation, l’implosion d’un paradigme : celui du gouvernement, qui réglait tout en Occident – le rapport des êtres à eux-mêmes non moins que l’ordre politique, la religion ou l’organisation des entreprises. Il y a, à tous les échelons du présent, une gigantesque perte de maîtrise à quoi aucun maraboutage policier n’offrira de remède.

Ce n’est pas en nous transperçant de peines de prison, de surveillance tatillonne, de contrôles judiciaires, et d’interdictions de communiquer au motif que nous serions les auteurs de ce constat lucide, que l’on fera s’évanouir ce qui est constaté. Le propre des vérités est d’échapper, à peine énoncées, à ceux qui les formulent. Gouvernants, il ne vous aura servi de rien de nous assigner en justice, tout au contraire.

Vous lisez « Surveiller et punir » de Michel Foucault. Cette analyse vous paraît-elle encore pertinente?

La prison est bien le sale petit secret de la société française, la clé, et non la marge des rapports sociaux les plus présentables. Ce qui se concentre ici en un tout compact, ce n’est pas un tas de barbares ensauvagés comme on se plaît à le faire croire, mais bien l’ensemble des disciplines qui trament, au-dehors, l’existence dite « normale ». Surveillants, cantine, parties de foot dans la cour, emploi du temps, divisions, camaraderie, baston, laideur des architectures : il faut avoir séjourné en prison pour prendre la pleine mesure de ce que l’école, l’innocente école de la République, contient, par exemple, de carcéral.

Envisagée sous cet angle imprenable, ce n’est pas la prison qui serait un repaire pour les ratés de la société, mais la société présente qui fait l’effet d’une prison ratée. La même organisation de la séparation, la même administration de la misère par le shit, la télé, le sport, et le porno règne partout ailleurs avec certes moins de méthode. Pour finir, ces hauts murs ne dérobent aux regards que cette vérité d’une banalité explosive : ce sont des vies et des âmes en tout point semblables qui se traînent de part et d’autre des barbelés et à cause d’eux.

Si l’on traque avec tant d’avidité les témoignages « de l’intérieur » qui exposeraient enfin les secrets que la prison recèle, c’est pour mieux occulter le secret qu’elle est : celui de votre servitude, à vous qui êtes réputés libres tandis que sa menace pèse invisiblement sur chacun de vos gestes.

Toute l’indignation vertueuse qui entoure la noirceur des geôles françaises et leurs suicides à répétition, toute la grossière contre-propagande de l’administration pénitentiaire qui met en scène pour les caméras des matons dévoués au bien-être du détenu et des directeurs de tôle soucieux du « sens de la peine », bref : tout ce débat sur l’horreur de l’incarcération et la nécessaire humanisation de la détention est vieux comme la prison. Il fait même partie de son efficace, permettant de combiner la terreur qu’elle doit inspirer avec son hypocrite statut de châtiment « civilisé ». Le petit système d’espionnage, d’humiliation et de ravage que l’Etat français dispose plus fanatiquement qu’aucun autre en Europe autour du détenu n’est même pas scandaleux. L’Etat le paie chaque jour au centuple dans ses banlieues, et ce n’est de toute évidence qu’un début : la vengeance est l’hygiène de la plèbe.

Mais la plus remarquable imposture du système judiciaro-pénitentiaire consiste certainement à prétendre qu’il serait là pour punir les criminels quand il ne fait que gérer les illégalismes. N’importe quel patron – et pas seulement celui de Total –, n’importe quel président de conseil général – et pas seulement celui des Hauts-de-Seine–, n’importe quel flic sait ce qu’il faut d’illégalismes pour exercer correctement son métier. Le chaos des lois est tel, de nos jours, que l’on fait bien de ne pas trop chercher à les faire respecter et les stups, eux aussi, font bien de seulement réguler le trafic, et non de le réprimer, ce qui serait socialement et politiquement suicidaire.

Le partage ne passe donc pas, comme le voudrait la fiction judiciaire, entre le légal et l’illégal, entre les innocents et les criminels, mais entre les criminels que l’on juge opportun de poursuivre et ceux qu’on laisse en paix comme le requiert la police générale de la société. La race des innocents est éteinte depuis longtemps, et la peine n’est pas à ce à quoi vous condamne la justice : la peine, c’est la justice elle-même, il n’est donc pas question pour mes camarades et moi de « clamer notre innocence », ainsi que la presse s’est rituellement laissée aller à l’écrire, mais de mettre en déroute l’hasardeuse offensive politique que constitue toute cette infecte procédure. Voilà quelques-unes des conclusions auxquelles l’esprit est porté à relire Surveiller et punir depuis la Santé. On ne saurait trop suggérer, au vu de ce que les Foucaliens font, depuis vingt ans, des travaux de Foucault, de les expédier en pension, quelque temps, par ici.

Comment analysez-vous ce qui vous arrive?

Détrompez-vous : ce qui nous arrive, à mes camarades et à moi, vous arrive aussi bien. C’est d’ailleurs, ici, la première mystification du pouvoir : neuf personnes seraient poursuivies dans le cadre d’une procédure judiciaire « d’association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste », et devraient se sentir particulièrement concernées par cette grave accusation. Mais il n’y a pas d’« affaire de Tarnac » pas plus que d’ »affaire Coupat », ou d’ »affaire Hazan » [éditeur de L'insurrection qui vient]. Ce qu’il y a, c’est une oligarchie vacillante sous tous rapports, et qui devient féroce comme tout pouvoir devient féroce lorsqu’il se sent réellement menacé. Le Prince n’a plus d’autre soutien que la peur qu’il inspire quand sa vue n’excite plus dans le peuple que la haine et le mépris.

Ce qu’il y a, c’est, devant nous, une bifurcation, à la fois historique et métaphysique: soit nous passons d’un paradigme de gouvernement à un paradigme de l’habiter au prix d’une révolte cruelle mais bouleversante, soit nous laissons s’instaurer, à l’échelle planétaire, ce désastre climatisé où coexistent, sous la férule d’une gestion « décomplexée », une élite impériale de citoyens et des masses plébéiennes tenues en marge de tout. Il y a donc, bel et bien, une guerre, une guerre entre les bénéficiaires de la catastrophe et ceux qui se font de la vie une idée moins squelettique. Il ne s’est jamais vu qu’une classe dominante se suicide de bon cœur.

La révolte a des conditions, elle n’a pas de cause. Combien faut-il de ministères de l’Identité nationale, de licenciements à la mode Continental, de rafles de sans-papiers ou d’opposants politiques, de gamins bousillés par la police dans les banlieues, ou de ministres menaçant de priver de diplôme ceux qui osent encore occuper leur fac, pour décider qu’un tel régime, même installé par un plébiscite aux apparences démocratiques, n’a aucun titre à exister et mérite seulement d’être mis à bas ? C’est une affaire de sensibilité.

La servitude est l’intolérable qui peut être infiniment tolérée. Parce que c’est une affaire de sensibilité et que cette sensibilité-là est immédiatement politique (non en ce qu’elle se demande « pour qui vais-je voter ? », mais « mon existence est-elle compatible avec cela ? »), c’est pour le pouvoir une question d’anesthésie à quoi il répond par l’administration de doses sans cesse plus massives de divertissement, de peur et de bêtise. Et là où l’anesthésie n’opère plus, cet ordre qui a réuni contre lui toutes les raisons de se révolter tente de nous en dissuader par une petite terreur ajustée.

Nous ne sommes, mes camarades et moi, qu’une variable de cet ajustement-là. On nous suspecte comme tant d’autres, comme tant de « jeunes », comme tant de « bandes », de nous désolidariser d’un monde qui s’effondre. Sur ce seul point, on ne ment pas. Heureusement, le ramassis d’escrocs, d’imposteurs, d’industriels, de financiers et de filles, toute cette cour de Mazarin sous neuroleptiques, de Louis Napoléon en version Disney, de Fouché du dimanche qui pour l’heure tient le pays, manque du plus élémentaire sens dialectique. Chaque pas qu’ils font vers le contrôle de tout les rapproche de leur perte. Chaque nouvelle « victoire » dont ils se flattent répand un peu plus vastement le désir de les voir à leur tour vaincus. Chaque manœuvre par quoi ils se figurent conforter leur pouvoir achève de le rendre haïssable. En d’autres termes : la situation est excellente. Ce n’est pas le moment de perdre courage.

Propos recueillis par Isabelle Mandraud et Caroline Monnot

Article paru dans l’édition du 26.05.09

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