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A Nice, un arrêté prévoit que les moins de 13 ans dehors après 23 heures devront être raccompagnés chez eux par la police. Qui fait savoir par voie syndicale qu’elle a d’autres chats à fouetter.
Brice Hortefeux, ministre de l’Intérieur, et Christian Estrosi, maire de Nice. (© AFP Stephane Danna)
A Nice, et à compter de ce vendredi, les mineurs de moins de 13 ans non accompagnés sont tenus d’observer un couvre-feu. S’ils sont dehors entre 23 heures et 5 heures du matin les mardi, vendredi et samedi (veilles de jours de repos), ils devront être reconduits chez eux par la police, stipule l’arrêté pris par le maire Christian Estrosi (UMP), dont la légalité a été validée par la préfecture.
Il s’agit d’assurer la sécurité des mineurs, argumente Estrosi. Mais, au cas où un mineur reconduit une première fois à son domicile récidiverait, l’arrêté prévoit son inscription à un fichier spécial, après autorisation de la Cnil (Commission nationale de l’informatique et des libertés), son inscription d’office à des activités périscolaires et, en ultime ressort, la suppression de certaines allocations municipales allouées aux familles.
Face à cette nouvelle mission, une partie de la police a fait savoir ce vendredi qu’elle avait autre chose à faire que de raccompagner les mineurs chez eux. «La police nationale n’est pas là pour jouer un rôle d’assistante sociale. Avant d’être un problème de police, il s’agit d’un problème de société et d’un problème parental», s’est ainsi agacé Laurent Laubry, représentant départemental du syndicat Alliance.
«Assistantes sociales»
«La police nationale n’a pas vocation à faire la nounou», estime aussi Frédéric Guérin, secrétaire départemental adjoint d’Unité police (ex-Unsa), qui pointent des difficultés pratiques: «Qu’est-ce qui va se passer si les parents ou les tuteurs ne sont pas joignables? Qui va les surveiller? Comment on va les retenir?». Sans compter, ajoute-t-il, que les locaux de la police ne sont pas adaptés pour recevoir des enfants.
Les deux syndicats, Alliance et Unité police, alertent aussi sur le problème d’effectifs. «On a déjà une charge de travail de plus en plus importante, avec moins d’effectifs, si on nous rajoute une mission, ça va être encore plus difficile», dit Laurent Laubry. «Si on bloque 1 ou 2 équipages de police (pour cette mission), ça aura forcément une incidence sur la sécurité», prévient Frédéric Guérin.
En moyenne, une cinquantaine de policiers nationaux et municipaux en service la nuit à Nice, selon des sources syndicales, au minimum 80, selon la municipalité, pour un peu plus de 347.000 habitants. A la mairie de Nice, on précise qu’aucune augmentation des effectifs n’est prévue.
«Effet marginal»
Du côté de la police municipale en revanche, Frédéric Poncel, vice-président du Syndicat national de la police municipale (Snpm) s’est déclaré favorable au nouvel arrêté: «On voit d’un œil favorable tout ce qui peut permettre de réduire l’insécurité et la dérive des jeunes.»
Chez les politiques, la mesure attire les critiques de l’opposition. Benoît Hamon, porte-parole du Parti socialiste, juge que ce couvre-feu s’inscrit dans une politique visant à «tendre le climat» sur l’insécurité. Ce sont «des mesures dont on sait très bien que l’effet est marginal mais qui ont une vocation symbolique dans un climat entretenu par le gouvernement qui considère aujourd’hui que, pour essayer d’agréger l’électorat de la droite la plus dure autour de lui, il faut durcir le ton».
(Source AFP)
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