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Archive pour décembre 2009

Les demandeurs d’asile à la rue La Charente Libre 03-12-09

Dimanche 6 décembre 2009

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LES DEMANDEURS D’ASILE À LA RUE

Depuis que les demandes d’asile sont centralisées à Poitiers pour toute la région, les dispositifs d’aide et d’hébergement sont saturés. Explications

03.12.2009

Céline AUCHER

Les demandeurs d'asile à la rue La Charente Libre 03-12-09 dans Delit de solidarite 400_6127332

Au restaurant social de l’association Toit du monde à Poitiers, un tiers des 24.000 repas servis en 2008 ont nourri des demandeurs d’asile • photo Quentin Petit

Reproduction interdite.

OAS_AD(‘Position1′); dans Sans papiers

Cela fait deux semaines que Maxime (1) dort dehors. Trois nuits sur quatre parce qu’ils sont trop nombreux à taper à la porte du 115, l’hébergement d’urgence, à Poitiers. «Je connais au moins dix demandeurs d’asile comme moi», balance le jeune homme en arménien. Dans la Vienne, le sujet est délicat. Si délicat que les interlocuteurs sont peu nombreux à parler à visage découvert. «Sujet brûlant», dit-on à la direction départementale des Affaires sanitaires et sociales (Ddass) de la Vienne. «La situation est très tendue, confie un employé de la ville de Poitiers. Tendue en terme de logement et d’aide à la subsistance depuis qu’il n’y a plus de partage dans la région.» Tendue en matière d’aide tout court pour les demandeurs d’asile qui atterrissent en Poitou-Charentes.

Depuis la régionalisation liée à l’installation de la borne Eurodac (2) à la préfecture de région en mai 2008, l’accueil est centralisé à Poitiers. Le point unique pour obtenir une autorisation provisoire de séjour avant de préparer un dossier de demande d’asile auprès de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) dans les 21 jours suivants.

Sauf que les délais sont longs. Arrivés mi-novembre à Poitiers, Vladimir, Irina et leurs deux enfants ont rendez-vous le 17 décembre. Liana et Alexandre l’ont déjà eu. «Mais on doit revenir en décembre parce qu’on n’avait pas d’interprète», raconte le couple. Femmes et enfants dorment dans les dortoirs du 115. Les hommes, eux, tournent: une nuit au chaud, trois nuits dehors, avec des couvertures données par la Croix-Rouge (3). Ils mangent au restaurant social de l’association Toit du monde. «On a droit à quinze repas dans le mois. Le soir, des fois, on ne mange pas. Ou on se partage des gâteaux et un peu de nourriture donnée par la Croix-Rouge», raconte Irina. Elle ne sait pas qu’il faut un interprète à la préfecture. Ne sait pas non plus que son mari peut prendre une douche au Relais Charbonnier, le pôle médico-social, ou qu’elle a droit à une carte de bus. Complètement larguée, sans beaucoup d’informations sur les démarches à suivre et ses droits. «Mais on ne blâme personne, dit Irina. On était prêt à aller n’importe où pour fuir la Russie.» Et à accepter tout ce qui se présente ici.

Sur le papier, la régionalisation avait l’air organisée: avec une association, Toit du monde, désignée comme plateforme régionale d’accueil, chargée de suivre les demandeurs d’asile dans toutes leurs démarches sociales et administratives. Un dispositif qui remplaçait les plateformes départementales existant auparavant à Angoulême, Niort ou La Rochelle, sachant que les trois quarts environ des crédits ont été transférés vers la Vienne (lire encadré).

Des bénévoles

à la place de salariés

Créditée de 40.000 € supplémentaires par la Ddass en 2008, l’association Toit du monde a vu le nombre de nouveaux demandeurs d’asile augmenter de 20 % entre 2007 et 2008, passant de 276 à 325 personnes. Un afflux difficile à absorber, lié à la régionalisation, mais aussi à la hausse des demandes d’asile au niveau national.

C’est encore plus difficile depuis que la préfecture de région a commencé à basculer la mission d’accompagnement vers la délégation régionale de l’Office français de l’immigration (OFI), établissement d’Etat, en mars 2009. «On a perdu plus de la moitié de nos crédits, soit environ 100.000 €, précise Hubert Dujardin, le président de Toit du monde. L’an prochain, on s’attend à n’avoir rien du tout. On a dû licencier. Aujourd’hui, on compte surtout sur les bénévoles pour faire tourner un service minimum.» Malgré une demande accrue, les entretiens individuels sont passés de 797 au premier semestre 2008 à 502 au premier semestre 2009. La seule action encore financée est la rédaction du récit relatif à la demande d’asile. L’enveloppe liée à l’interprétariat s’est rétrécie alors que les personnes viennent majoritairement aujourd’hui d’Europe de l’Est – Georgiens, Arméniens, Tchétchènes – et qu’un interprète est presque toujours nécessaire.

«Aujourd’hui, il n’y a plus d’accompagnement des demandeurs d’asile dans la région.» Ce n’est pas une association qui le dit. C’est un employé de la Ddass. «J’ai vu des demandes gribouillées sur une feuille A4 partir vers l’Ofpra sans aucune chance d’aboutir», témoigne un professionnel. Sans assistance, sans interprète, c’est perdu d’avance.

A partir du 1er janvier, l’OFI reprendra tout à son compte. Tout, mais en moins bien. Un chiffre: aujourd’hui, 95 % des demandeurs d’asile sont déboutés par l’Ofpra, mais l’OFI n’est pas missionné pour aider les déboutés à monter un dossier de recours. Ceux-ci arrivent en masse à Toit du monde. La boucle est bouclée. On voudrait décourager les demandes d’asile, on ne s’y prendrait pas mieux. «Plus le niveau de prestations est élevé, plus les demandeurs d’asile sont là, dit Jean-Philippe Setbon, le secrétaire général de la préfecture de Poitiers. Toit du monde offrait des prestations qui allaient bien au-delà des obligations légales et tout ça sur des crédits publics.» Le droit d’asile est plus beau sur le papier que dans la réalité.

(1) Les noms ont été changés.

(2) La base de données de l’Union

européenne de comparaison

des empreintes digitales

des demandeurs d’asile

et des immigrants illégaux.

Un requérant débouté dans un pays

ne peut déposer une autre demande

d’asile dans un autre état

de l’Union européenne.

(3) La Croix-Rouge n’a pas souhaité

répondre à nos questions.

Couvre-feu: les policiers ne veulent pas jouer les «nounous» Libération 04/12/2009

Dimanche 6 décembre 2009

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A Nice, un arrêté prévoit que les moins de 13 ans dehors après 23 heures devront être raccompagnés chez eux par la police. Qui fait savoir par voie syndicale qu’elle a d’autres chats à fouetter.

Liberation.fr

Brice Hortefeux, ministre de l'Intérieur, et Christian Estrosi, maire de Nice.

Brice Hortefeux, ministre de l’Intérieur, et Christian Estrosi, maire de Nice. (© AFP Stephane Danna)

A Nice, et à compter de ce vendredi, les mineurs de moins de 13 ans non accompagnés sont tenus d’observer un couvre-feu. S’ils sont dehors entre 23 heures et 5 heures du matin les mardi, vendredi et samedi (veilles de jours de repos), ils devront être reconduits chez eux par la police, stipule l’arrêté pris par le maire Christian Estrosi (UMP), dont la légalité a été validée par la préfecture.

Il s’agit d’assurer la sécurité des mineurs, argumente Estrosi. Mais, au cas où un mineur reconduit une première fois à son domicile récidiverait, l’arrêté prévoit son inscription à un fichier spécial, après autorisation de la Cnil (Commission nationale de l’informatique et des libertés), son inscription d’office à des activités périscolaires et, en ultime ressort, la suppression de certaines allocations municipales allouées aux familles.

Face à cette nouvelle mission, une partie de la police a fait savoir ce vendredi qu’elle avait autre chose à faire que de raccompagner les mineurs chez eux. «La police nationale n’est pas là pour jouer un rôle d’assistante sociale. Avant d’être un problème de police, il s’agit d’un problème de société et d’un problème parental», s’est ainsi agacé Laurent Laubry, représentant départemental du syndicat Alliance.

«Assistantes sociales»

«La police nationale n’a pas vocation à faire la nounou», estime aussi Frédéric Guérin, secrétaire départemental adjoint d’Unité police (ex-Unsa), qui pointent des difficultés pratiques: «Qu’est-ce qui va se passer si les parents ou les tuteurs ne sont pas joignables? Qui va les surveiller? Comment on va les retenir?». Sans compter, ajoute-t-il, que les locaux de la police ne sont pas adaptés pour recevoir des enfants.

Les deux syndicats, Alliance et Unité police, alertent aussi sur le problème d’effectifs. «On a déjà une charge de travail de plus en plus importante, avec moins d’effectifs, si on nous rajoute une mission, ça va être encore plus difficile», dit Laurent Laubry. «Si on bloque 1 ou 2 équipages de police (pour cette mission), ça aura forcément une incidence sur la sécurité», prévient Frédéric Guérin.

En moyenne, une cinquantaine de policiers nationaux et municipaux en service la nuit à Nice, selon des sources syndicales, au minimum 80, selon la municipalité, pour un peu plus de 347.000 habitants. A la mairie de Nice, on précise qu’aucune augmentation des effectifs n’est prévue.

«Effet marginal»

Du côté de la police municipale en revanche, Frédéric Poncel, vice-président du Syndicat national de la police municipale (Snpm) s’est déclaré favorable au nouvel arrêté: «On voit d’un œil favorable tout ce qui peut permettre de réduire l’insécurité et la dérive des jeunes.»

Chez les politiques, la mesure attire les critiques de l’opposition. Benoît Hamon, porte-parole du Parti socialiste, juge que ce couvre-feu s’inscrit dans une politique visant à «tendre le climat» sur l’insécurité. Ce sont «des mesures dont on sait très bien que l’effet est marginal mais qui ont une vocation symbolique dans un climat entretenu par le gouvernement qui considère aujourd’hui que, pour essayer d’agréger l’électorat de la droite la plus dure autour de lui, il faut durcir le ton».

(Source AFP)

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