Dernière minute : le procès fleuve c’est terminé après 4 heures du matin… Le rendu aura lieu le 29 juillet. Adrien est libre.
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Au procès (marathon) des interpellés de la fête de la Musique hier, la question a été de savoir qui, des jeunes ou des policiers, avaient ouvert les hostilités.
Le procès s’est déroulé devant une salle comble.
pbonnet
Jusque tard dans la nuit, s’est joué hier devant le tribunal correctionnel un nouvel épisode des tensions qui, depuis plusieurs mois, opposent les services de police à certains jeunes de Poitiers. Devant le tribunal, six gamins poursuivis pour violences, rébellions, injures… envers les policiers. Dans la salle d’audience, leurs copains et les sympathisants du comité poitevin de lutte contre la répression des mouvements sociaux. Dans la salle des pas perdus, la moitié de l’effectif du commissariat. Ce n’était pas un procès ordinaire.
« Elle a resserré
sa cagoule
et est partie
en trombe »
C’était ce 21 juin, vers 1h30 du matin, la fête de la musique se terminait tranquillement. Le patron de la police Jean-François Papineau rejoignait seul ses équipes encore sur le terrain. Arrivant sur la place Notre-Dame, il a entendu le bruit d’une bouteille qui se fracassait par terre, derrière lui, et un «Papineau, on aura ta peau». «Je me suis retourné, est-il venu témoigner à la barre. J’ai vu une silhouette sombre, j’ai décidé de ne pas aller au contact, je ne voulais pas qu’il y ait d’incident, j’ai appelé les renforts, elle a compris, elle a resserré sa cagoule et est partie en trombe…» Course-poursuite dans les rues, jusqu’à la place de la liberté. Où Nina Soulard a finalement été interpellée. Cinq jeunes ont été arrêtés dans les minutes suivantes. Selon les policiers, ils tentaient d’empêcher l’interpellation de la jeune femme. Tous ce sont retrouvés à la barre.
Devant les juges, chaque camp y est allé de sa version de l’interpellation. Une sorte de joute verbale façon parole contre parole.
D’un côté, les policiers. Qui, parties civiles, décrivent une Nina particulièrement énervée lors son arrestation, se débattant pour se libérer. Des policiers qui dénoncent des jeunes gens «extrêmement virulents», «prêts à en découdre» et débitant le classique répertoire anti-flic…
De l’autre, les prévenus. Qui nient toute provocation. Qui démentent (presque) toutes les insultes. Qui accusent même les policiers d’acharnement, de tabassage et autres humiliations durant la garde à vue («J’ai demandé une couverture, j’avais froid, un policier m’a dit que j’avais qu’à me la tricoter avec mes petites mains, c’est inadmissible»).
Petit jeu du chat
et de la souris
Et les avocats de la défense. Qui laissent entendre que les policiers ont peut-être été trop pressés d’embarquer ces jeunes, « tapant » dans ce groupe qui, depuis des mois, leur donne du fil à retordre, qui les entraîne dans ce qu’un des policiers qualifie de «petit jeu du chat et de la souris».
Une avocate de la défense à un policier: «Comment parlez-vous de ce groupe entre vous, au commissariat?
- Comme des gens habitués à fréquenter le poste», tranche l’agent qui se défend de faire «une fixation sur eux» et les accuse de faire «de la provocation policière».
- «Vous ne leur donner aucune coloration politique?», insiste l’avocate, qui cherche à lui faire parler des «anar’».
- «Et pourquoi ?!, s’offusque le policier. Je ne suis pas au ordre d’un parti, moi! Je suis aux ordres de la République.»
Au détour du procès, le président d’audience demande à l’un des prévenus s’il a réellement dit à un policier qui lui passait les menottes: «On vous a bien fumé le 10octobre et on va continuer.» «Pas du tout, rétorque le garçon. Je veux pas avoir d’ennui avec la police…»
Les débats se sont poursuivis jusque tard dans la nuit. Très tard.
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Emmanuel TOURON
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