24/02/2010 09:27 | Justice – Faits Divers | POITIERS | Imprimer
Elles avaient refusé de donner leur ADN
Parce qu’elles ont refusé de donner leur ADN après la manif du 10 octobre, Angélique et Sarah étaient jugées hier devant le tribunal correctionnel.
Angélique et Sarah quelques minutes avant leur procès s’entretiennent avec leur avocat Philippe Brottier.
(Photo Bruno Delion)
Salle comble au palais de justice. Une trentaine de sympathisants du comité poitevin contre la répression des mouvements sociaux a fait le déplacement pour soutenir deux étudiantes de Poitiers en arts du spectacle: Angélique (20 ans) et Sarah (19 ans).
Le soir de la triste après-midi du 10 octobre (tags et vitrines cassées dans le centre-ville de Poitiers), elles sont interpellées place Jean-de-Berry par la police avec quatre autres personnes.
« Ce jour-là, tous les Poitevins pouvaient être interpellés »
Pendant leur garde à vue, les deux jeunes filles refusent de donner leur ADN. C’est pour ce délit qu’elles sont appelées à la barre du tribunal correctionnel. Car concernant les actes de dégradations, il s’avère rapidement qu’elles n’y sont pour rien. Elles l’ont répété hier. « J’étais toute l’après-midi au 23 (NDLR: collectif d’artistes située au 23, avenue de Paris) en train de préparer des sandwichs en vue du concert le soir », raconte Angélique. Sa copine Sarah reconnaît avoir « participé au début de la manifestation ». Avant les incidents. Ensuite, elle a rejoint Angélique au 23. Quand la police les arrête, les deux étudiantes se dirigent vers la place Jean-de-Berry pour retirer de l’argent. Il est environ 19heures. Contrairement aux quatre autres personnes interpellées, elles n’ont pas de lunettes de plongée dans leurs sacs, ni de fusée marine, ni de masque fabriqué avec une assiette en carton.
Mais par conviction, elles ont refusé le prélèvement de salive. Angélique a même dit non à la prise d’empreintes digitales et la photo de profil et de face. « Je ne voyais pas l’intérêt. D’un point de vue idéologique, je suis contre ce mode de fichage. » Même point de vue pour Sarah: « Je refuse de figurer dans cet immense fichier. »
Pas une machine ficher les gens
Dans ses réquisitions, le procureur a tenu à préciser certaines choses: « Je ne vois pas une machine à ficher les gens sur le plan administratif. » Pour lui, c’est « un fichier judiciaire qui peut permettre un jour de solutionner des affaires. Il n’est pas destiné à ficher des gens en fonction de leur idéologie et fait l’objet d’une validation de la CNIL (Commission nationale de l’informatique et des libertés) ». Il réclame 300€ d’amende.
Philippe Brottier, l’avocat des deux jeunes filles, rappelle le contexte du samedi 10 octobre. « Ce jour-là, tous les Poitevins pouvaient être interpellés. » Pour lui, iln’y avait aucuns « indices graves et concordants » justifiant leur interpellation.
A 20h, la décision tombe. Relaxe pour les deux étudiants. Angélique est aux anges. « Je ne voyais pas d’autres décisions que celle-ci. Pour nous c’est une victoire. »
Bruno DELION