Archive de la catégorie ‘Bavures’

Plainte après un contrôle d’identité mouvementé Le Parisien 24-04-10

Samedi 24 avril 2010

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CORBEIL-ESSONNES

Plainte après un contrôle d’identité mouvementé

Les cinq jeunes interpellés s’estiment victimes de violences
policières. Le commissariat dément. Touchée par du gaz lacrymo,
une mère de famille a porté plainte.

JULIEN HEYLIGEN | 24.04.2010, 07h00

C’est le contrôle d’identité dont tout le monde parle à
Corbeil-Essonnes. Résultat : cinq jeunes placés en garde à vue
s’estimant victimes de violences policières, une employée de la mairie
gazée par une bombe lacrymogène qui porte plainte et quatre
fonctionnaires du commissariat de Corbeil blessés. Les cinq interpellés
passeront devant
le tribunal d’Evry le 9 septembre.

L’histoire commence place Saint-Léonard, dans le quartier de la Poterie.
Il est 19 h 15 jeudi. Un équipage de la police aperçoit un attroupement
d’une dizaine d’individus. Selon la police, l’un d’eux pointe une arme
argentée en direction des fonctionnaires, qui s’arrêtent et procèdent à
un contrôle d’identité. Plusieurs jeunes prennent la fuite. Il en reste
quatre sur place. Celui porteur de l’arme, un pistolet à billes, la
remet sans difficulté. Les autres prennent à partie les agents.
Des renforts arrivent, trois équipages au total un de la BAC, un de
l’unité territoriale de quartier et un de la compagnie de sécurisation.
A ce moment-là, une dizaine de nouveaux individus se mêlent à
l’affrontement. Au final, cinq jeunes, tous majeurs et inconnus des
services de police, sont interpellés. Le porteur de l’arme a réussi à
prendre la fuite. Entre-temps, la mère de l’un d’eux, qui a aperçu la
scène de sa fenêtre, se présente comme employée de la mairie aux
policiers et tente d’apaiser la situation. Elle reçoit du gel
lacrymogène sur le visage.
La femme a porté plainte contre X hier au commissariat de Corbeil. « Le
gel ne lui était pas destiné. Ce n’était pas volontaire. Mais sa plainte
sera jointe au dossier », assure-t-on à l’hôtel de police. Les
interpellés assurent avoir reçu des coups et été insultés par les
policiers lors du contrôle, puis dans le fourgon de transfert les
emmenant en garde à vue. « Ils ont été simplement maîtrisés dans le
cadre de l’intervention. Ils n’ont pas fait l’objet de mauvais
traitements. Ils n’ont pas fait état de violences lors de la procédure
», explique-t-on au commissariat.
Au moins quatre des cinq interpellés entendent porter plainte. « Nous
recevrons leurs plaintes et les joindront au dossier », déclare-t-on au
commissariat. En attendant, l’affaire s’est propagée jusqu’à la mairie
de Corbeil. « Des histoires de comportements outranciers de la part des
policiers me reviennent souvent. C’est alarmant. Il n’y a pas de
dialogue. Et je crains que l’été soit chaud », regrette Azzedine Ouis,
conseiller municipal de la majorité. Une réunion entre des élus, des
associations locales et le commissariat de Corbeil doit se tenir début mai.

Le Parisien

Drame de Woippy : la police municipale sur la sellette LEMONDE.FR avec AFP et Reuters | 02.04.10

Lundi 5 avril 2010

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L’un des deux jeunes grièvement blessés dans une course-poursuite avec des policiers municipaux en janvier à Woippy a accusé jeudi les fonctionnaires d’avoir « fait tomber » le scooter volé sur lequel il se trouvait, causant la mort du conducteur. « Ils [les policiers municipaux, NDLR] nous ont coursés, ils nous ont fait tomber », a affirmé à des journalistes Nabil Bouafia, 19 ans, qui apparaissait très diminué après plusieurs semaines passées dans un coma artificiel. « Quand nous étions à terre, ils nous ont frappés », a ajouté le jeune homme, qui se déplace en chaise roulante depuis sa sortie, il y a quelques jours, du service de neuro-chirurgie du CHU de Nancy-Brabois.

Le 20 janvier, à l’issue d’une course-poursuite de moins d’un kilomètre, trois jeunes fuyant à scooter une patrouille de police avaient été projetés sur la chaussée après avoir effectué une embardée dans un virage. L’un d’entre eux, Malek Saouchi, 19 ans, de Woippy, était mort sur le coup, la boîte crânienne enfoncée. Les deux autres, M. Bouafia, 19 ans, de Metz, et Joshua Koch, 20 ans, de Woippy, avaient été grièvement blessés.

Les jeunes roulaient « sans casque, sans papiers et à une vitesse excessive sur le scooter qui était non éclairé et signalé volé depuis décembre », avait indiqué peu après les faits le procureur de Metz, Rémi Heitz, refusant de parler de « course-poursuite ». Les trois policiers municipaux, qui avaient pris en chasse le scooter, avaient été placés en garde à vue peu après les faits avant d’être remis en liberté.

Le maire UMP de Woippy (Moselle), François Grosdidier, a rejeté jeudi les accusations de Nabil Bouafia. « Le seul contact physique [entre la police et les jeunes] a été pour leur faire du bouche-à-bouche et des massages cardiaques pour les empêcher de mourir », a dit François Grosdidier à Reuters. « Les policiers n’ont pas de matraque télescopique, mais des ‘tonfas’ et les ‘flash balls’ ont été saisis », a-t-il ajouté, soulignant que les premiers éléments de l’enquête n’avaient permis d’identifier aucun choc entre le véhicule de la police et le scooter.

Garde à vue tragique : la police désavouée Le Parisien 11-03-10

Jeudi 11 mars 2010
 

 

Garde à vue tragique : la police désavouée Le Parisien 11-03-10 dans Bavures 843900_11080768-o_150x113
 

COURBEVOIE

Garde à vue tragique : la police désavouée

L’affaire Tandia, du nom de ce Malien mort en 2005 après sa garde à vue à Courbevoie, est relancée. Selon les experts légistes, la victime n’a pu se blesser seule.

VALÉRIE MAHAUT | 11.03.2010, 07h00

Impossible désormais d’écarter l’hypothèse d’une bavure dans l’affaire Abou Bakari Tandia, du nom de ce Malien en janvier 2005 après sa garde à vue au commissariat de Courbevoie. Enlisée des années, l’instruction avance à la vitesse de l’escargot. Néanmoins, à chaque étape de l’information judiciaire, la thèse policière bat de l’aile.

La toute récente audition des médecins légistes par le juge d’instruction est édifiante. Non seulement ils ont découvert, cinq ans après le drame, des incidents survenus en garde à vue susceptibles d’expliquer le malaise fatal de la victime, mais ils réaffirment, en substance, que le récit d’un gardien de la paix assurant qu’Abou Bakari Tandia s’est blessé tout seul est fantaisiste. Selon les dires du policier, le Malien s’est jeté lui-même contre la porte de sa cellule. Avec une violence telle qu’on l’avait retrouvé « écroulé, KO ». « Il est temps de mettre les policiers en examen pour violences volontaires ayant entraîné la mort », fulmine l’avocat de la famille, Yassine Bouzrou.

Un ébranlement cérébral par secousses

L’audition des médecins légistes remonte au 24 février, soit six mois après que le parquet a demandé à la juge de les interroger. Priés de s’expliquer sur « les contradictions apparentes » de leurs rapports successifs, ils répondent simplement qu’avant 2008 ils ne disposaient pas du dossier médical de la victime. Et pour cause, les documents s’étaient volatilisés. Perdus, égarés… pendant quatre ans par l’hôpital où avait été soigné Abou Bakari. Leur premier rapport avait donc été réalisé sans les documents médicaux essentiels à l’expertise. Et reposait sur le fameux récit du gardien de la paix. Les experts attribuaient alors le décès aux conséquences d’un oedème cérébral, raisemblablement dû à ce choc contre la porte. En tout cas à un traumatisme.

Mais selon leurs dernières conclusions, rédigées avec le dossier complet, le Malien a été victime d’un « ébranlement cérébral par secousses ». Des secousses qui auraient privé le cerveau d’oxygène et plongé Tandia dans le coma. Surtout, ils relèvent « l’absence de lésion traumatique (…) par choc direct contre un plan dur ». Autrement dit : le Malien ne s’est cogné la nulle part. De toute façon, la cellule est « trop exiguë » pour qu’il ait pris suffisamment d’élan. Les trois médecins, dont le professeur Dominique Lecomte qui dirige l’Institut médico-légal depuis vingt-cinq ans, se sont étonnés d’apprendre dans le cabinet de la juge qu’une altercation a opposé Tandia à un policier. Un élément pourtant essentiel car ce gardien de la paix a « maintenu » Tandia « par un étranglement avec son avant-bras ». Cette « contention » a pu « participer » au phénomène de privation d’oxygène. En plus de « l’ébranlement cérébral par secousses ».

Au moment où l’avocat de la famille a réclamé, fin août, la mise en examen des policiers, le parquet a demandé à la juge de les interroger, de même que les médecins légistes. Pour l’heure, seuls les experts ont été entendus. « L’instruction bat des records de lenteur », soupire Yassine Bouzrou.