Le procès marathon qui s’est tenu le 8 juillet – suite aux événements du 21 juin à la Fête de la musique de Poitiers –, et lors duquel 6 jeunes prévenus étaient accusés de « faits de violences, rébellion et outrages », a fait apparaître que les choses ne s’étaient pas déroulées comme l’accusation le prétendait : il n’y a pas du tout eu une « rixe avec la police », mais bien, comme les prévenus et leurs avocats ne cessent de le dire, un véritable tabassage policier de militants et militantes connus pour leur engagement politique.
Pour le Comité contre la répression des mouvements sociaux, ces événements sont une illustration supplémentaire des méthodes de répression policières mises en œuvre contre les mouvements sociaux, et en particulier certains de leurs acteurs et actrices – des méthodes expérimentées dans les quartiers puis généralis
ées : harcèlements et provocations en tous genres, suivis de tabassages, d’arrestations, de gardes à vue prolongées et de procès.
En ce qui concerne le 21 juin, les accusés, forts de ce qui s’était passé en octobre dernier et au risque de faire de la prison préventive – ce qui a effectivement été le cas –, ont refusé la comparution immédiate. Ils et elles ont donc été jugés lors de ce long procès du 8 juillet, qui a parfois été critiqué pour sa durée. Pourtant, l’attitude pointilleuse du président n’était-elle pas la seule façon d’éviter une justice expéditive
? Les incohérences et les contradictions dans les déclarations des policiers sont ainsi clairement ressorties, notamment celles du commissaire Papineau, directeur départemental de la sécurité publique : qu’est-il en fait arrivé place Notre-Dame ? comment ce directeur de la sécurité n’a-t-il pas pu reconnaître Nina alors qu’elle était passée à côté de lui ?… Et, de même, leurs omissions ont sauté aux yeux de tous – en particulier, faire état d’une condamnation antérieure pour une personne sans préciser qu’elle a ensuite été relaxée. Bien d’autres éléments sont apparus tout aussi nettement : que l’accusation reposait sur les seuls témoignages des policiers, également parties civiles, alors que d’autres gens avaient été témoins des événements – la défense a ainsi produit six témoignages ; que l’enquête sur le terrain avait été inexistante…
Nous espérons vivement que la justice tiendra com
pte de tous ces éléments et relaxera les 6 inculpés. Seulement, nous savons aussi que les juges suivent systématiquement la police dans les affaires la mettant en cause. Ils ont certainement peur que la désavouer, dans une société reposant sur la répression, ne conduise au désordre. Mais, dans le contexte de Poitiers, les choses ne sont pas aussi simples. La police s’est déjà fortement décrédibilisée. D’abord et bien sûr avec l’affaire du 10 octobre, où déjà les policiers, victimes et témoins mais aussi enquêteurs, étaient parties civiles et ont inventé un scénario. Puis – et depuis plus d’un an – avec toute une série d’affaires de « dégradations », d’ « outrages », d’« insultes » et de « menaces de mort » qui sont autant de montages policiers. Ensuite, lors de la manifestat
ion en soutien aux sans-papiers du 6 février dernier, où la police a littéralement perdu son sang-froid, et arrêté pour mettre en garde à vue 6 jeunes connus pour être des militants devant les yeux ébahis des militants associatifs locaux.
Enfin, avec ce qui pourrait devenir l’affaire de la rentrée : cette personne tabassée par la Brigade anticriminalité au centre commercial des Cordeliers, le 24 juin dernier, et qui a été forcée de porter plainte à la gendarmerie étant donné que le procureur avait refusé de l’entendre.
Comité poitevin contre la répression des mouvements sociaux – antirep86@free.fr– http://antirep86.free.fr
Vous trouverez ci-après le communiqué de presse du l’organisation de soutien Askatasuna
Trois militants basques en grève de la faim à la prison de Vivonne
Rassemblement samedi 17 juillet à 12h devant la prison
Maïte Aranalde est en grève de la faim depuis le 2 juillet à Vivonne-Poitiers. Le lendemain 3 juillet Joseba Fernandez Aspurz (arrêté lors d’une fusillade à Dammarie-les lys et se revendiquant d’ETA) et Mattin Olzomendi (accusé d’attentats contre des agences immobilières au pays basque nord), détenus eux aussi à Vivonne, sont entrés à leur tour en grève de la faim. Ils protestent contre les conditions de détention (entraves au courrier et au droit de visite) et affirment leur solidarité avec deux autres basques : Arkaitz Agirregabira en grève de la faim à la prison de Bourg en Bresse depuis 29 jours, et Mikel Karrera depuis le 27 juin contre les mises à l’isolement et demandent leur regroupement avec d’autres prisonniers basques.
Ce samedi 17 juillet l’organisation de soutien Askatasuna organise un rassemblement devant la prison de Vivonne à 12h 30. Un car partira de Bayonne avec militants, famille et amis des détenus.
Le comité poitevin contre la répression des mouvements sociaux appuie les revendications des grévistes de la faim et sera présent devant la prison à 12 h pour accueillir les militants basques.
Comité poitevin contre la répression des mouvements sociaux – antirep86@free.fr– http://antirep86.free.fr
__________________________
Texte d’Askatasuna, qui énumère les revendications des grévistes de la faim.
Monsieur le Directeur,
Suite à de multiples sollicitations restées sans réponse favorable de votre part, trois des prisonniers détenus au centre pénitentiaire Poitiers Vivonne sont aujourd’hui en grève de la faim : Joseba Fernandez (tout juste sorti d’une période de 25 jours de grève de la faim), Maite Aranalde et Mattin Olzomendi.
Vous avez bien évidement eu connaissance de ces faits, et nous vous demandons, Monsieur de Directeur, de faire cesser cette grève mettant en péril la santé de vos détenus qui n’ont trouvé aucun autre moyen pour se faire entendre. Nous nous permettons de vous rappeler qu’il est de votre ressort de préserver au mieux la santé de ces derniers. Un suivi médical décent (prise de la tension, prises de sang régulière, …) est donc indispensable, ce que semble ignorer le médecin qui les prend en charge. Cette grève de la faim vise en premier lieu à dénoncer une politique d’isolement et de dispersion dont sont victimes, de manière générale, les prisonniers politiques basques incarcérés en France comme en Espagne. Malgré les nombreuses condamnations de la Cour de Justice européenne, l’Etat français persévère dans sa sinistre politique d’éloignement des prisonniers politiques basques. En outrepassant votre propre loi, une sanction psychologique s’ajoute à la sanction physique qu’est celle de l’incarcération de ces détenus « présumés innocents » jusqu’à preuve du contraire.
Nous familles, amis, proches, membres d’une association de soutien aux prisonniers politiques basques, nous condamnons vivement ces manières de faire outrepassant des droits internationalement reconnus. Si les politiques d’éloignement et de dispersion sont impulsées par l’Etat français, les Directeurs de prisons, ont aussi un rôle à jouer dans le respect des droits et de la dignité des prisonniers. Cette politique conduit par ailleurs les proches à des prises de risques constantes que ce soit sur la route (plus de 9 heures de route), lors des négociations professionnelles visant à dégager du temps libre, … Les visites, établies du lundi au vendredi dans votre maison d’arrêt, sont chaque fois synonymes de grandes difficultés pour les proches et pour les prisonniers.
Voilà pourquoi nous vous demandons de faire en sorte que les visites puissent aussi avoir lieu les samedis et dimanches et qu’elles soient systématiquement des visites prolongés pour les proches venant de loin (comme l’acceptent aujourd’hui toutes les autres prisons françaises).
Dans l’attente d’une réaction rapide et positive de votre part ; veuillez agréer Monsieur le Directeur nos salutations distinguées.
Contrairement à ce qui a été relaté dans la presse, c’est un véritable tabassage policier de militants connus pour leur engagement politique qui a eu lieu lors de la Fête de la musique à Poitiers. En effet, les journaux locaux, caisse de résonance de la propagande policière, parlent de « rixe » ou de « bagarre » avec la police. Or, ce 21 juin, cela ne s’est pas du tout passé de cette façon. Comme l’ont expliqué des témoignages concordants, les policiers en uniforme et la brigade anticriminalité (BAC) n’ont en fait pas lâché une quinzaine de jeunes militants connus d’eux depuis les derniers mouvements lycéens et étudiants. M. Papineau, le directeur départemental de la sécurité publique qui s’est rendu célèbre par sa capacité à attirer vers lui des petits objets tels que pile, briquet ou caillou… sans en tirer jamais la moindre égratignure mais plutôt l’obtention d’amendes, était également à la parade, en uniforme. Les forces de l’« ordre » étaient donc prêtes à en découdre. Et c’est effectivement ce qui est arrivé. Prenant pour prétextes – ou alors, plus probable, inventant – une menace proférée contre lui, ainsi qu’une bouteille ayant atterri à ses pieds, et ayant aperçu un – en fait, une – de ces jeunes militants, M. Papineau le désigne à ses troupes, déterminé à créer l’incident. A moins que ce ne soit l’inverse : apercevant cette militante, il invente, nous dirions comme à son habitude, cette histoire, et se sert du prétexte de l’insulte et de la bouteille pour la désigner à ses troupes.
Précisons que M. Papineau a expliqué lors de l’« enquête » qu’il avait tourné la tête dans la direction d’où la voix était venue : il n’a pas vu la bouteille arriver vers lui (ce qui tendrait à prouver que celle-ci n’a pas été lancée de ce côté-là) ; en revanche, ô merveille ! il a aperçu cette jeune militante qu’il a immédiatement désignée à ses troupes. L’occasion fait le larron, on le sait : cette militante avait été condamnée en correctionnelle pour « bris de “sucette” Decaux ». Mais elle a été relaxée depuis. Evidemment, la décision n’a guère plu dans les rangs de la police ; et donc sa présence sur les lieux – comme celle de ses camarades « anarcho-autonomes » que la BAC a particulièrement dans le collimateur depuis plus d’un an – était une bonne occasion de provocation pour remettre les pendules à l’heure de la répression.
La jeune militante est arrivée en courant place de la Liberté et s’est adossée à un mur. Aussitôt la police l’a encerclée et a cherché à disperser, y compris à coups de tonfa, les gens qui venaient voir ou demander des explications. Plusieurs, ceux qui sont harcelés par la police depuis des mois, ont été roués de coups et arrêtés sans ménagement. Les tabassages ont continué jusque dans le commissariat. Pour couvrir leurs forfaits – ou leur manque de professionnalisme, c’est selon –, là encore les policiers ont inventé une fable. Ce seraient eux qui se seraient fait attaquer par « un groupe de jeunes qui veulent s’opposer à l’interpellation de leur copine », comme il est si bien écrit dans la presse. Ils ajoutent à cela des « blessures » si peu évidentes que les policiers auront toutes les peines du monde à obtenir des ITT de la part des médecins du CHU ; et enfin ils se sont tous portés partie civile, et le tour a été joué. Mais quand même, comment expliquer que cinq de ces policiers surentraînés soient blessés par quatre jeunes garçons et deux jeunes filles, sinon en postulant qu’ils ont simulé – comme simulait le policier qui se déplaçait avec une attelle, et qui peinait surtout à faire semblant de boiter, lors de la demande de comparution immédiate ?
Il a suffi de voir l’état de nos camarades (yeux pochés, contusions, fatigue…) lors de cette dernière, ainsi que les sourires des nombreux policiers présents dans la salle et autour, pour comprendre que ces derniers se sont fait plaisir tout en gérant bien leur affaire afin de les envoyer en prison.
Pour le Comité contre la répression des mouvements sociaux, les événements qui viennent de se dérouler sont une illustration supplémentaire des méthodes de répression policières mises en œuvre contre les mouvements sociaux – des méthodes expérimentées dans les quartiers puis généralisées : harcèlement suivi de tabassages, d’arrestations, de gardes à vue prolongées et de procès. Que les forces de l’« ordre » se sentent aussi libres dans leurs façons d’agir traduit un rapport de forces en leur faveur. Grévistes, jeunes militants, sans-papiers, « radicaux » en font les frais depuis trop longtemps. Il faut que la peur change de camp.
Rassemblement devant le palais de justice de Poitiers le 7 juillet à 18 h et soutien le jour du procès le 8 juillet à 16 h
Comité poitevin contre la répression des mouvements sociaux – antirep86@free.fr – http://antirep86.free.fr
Suite aux condamnations iniques des « inculpés du 10 octobre », Alain Evillard a crié sa colère le 17 octobre 2009 devant le monument de la Résistance du Parc de Blossac à Poitiers lors de la manifestation de soutien aux condamnés du 10 octobre. Il a crié : « Le procureur est un salaud, un Papon » . Propos visant M. Pierre Sennès, Procureur de la République près le Tribunal de Grande Instance de Poitiers, fonctionnaire public.
Il est poursuivi pour délit d’injures publiques envers un fonctionnaire public et est convoqué devant le Tribunal de Grande Instance de …Paris !!! le 29 juin prochain à 14h30.
Comparer le Procureur à Papon devant le monument de la Résistance n’est pas si aberrant que cela. En effet ce Procureur a obéi sans états d’âme aux ordres du Ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux qui était venu à Poitiers le 12 octobre, juste avant le procès, demander « que la justice sanctionne durement ». Sans doute pour satisfaire les fanatiques de l’ordre à tout prix, M. Sennès, en fonctionnaire zélé comme l’indique le communiqué commun du Syndicat de la Magistrature et du Syndicat des Avocats de France, a donc immédiatement déféré en comparution immédiate des personnes interpellées sans ménagement et arbitrairement, quelques heures après les dégradations commises. Or, ces inculpés n’y ont pas participé et d’ailleurs, ils n’en n’ont jamais été accusés. De plus, le Procureur a simultanément ouvert une information judiciaire de « chef de participation à un attroupement armé ». Non seulement il a demandé des peines extravagantes mais il a fait appel des condamnations déjà très disproportionnées qui lui paraissaient sans doute trop douces : huit mois de prison, dont quatre ferme pour l’un et six mois dont un ferme pour deux autres.
C’est ce qui a provoqué la colère d’Alain Evillard, qui ne peut tolérer l’injustice ni l’arbitraire. Il a eu le tort de dire tout haut ce que tous les manifestants pensaient mais n’osaient exprimer, intimidés qu’ils étaient par l’impressionnant dispositif policier.
Ce n’est pas seulement l’individu Procureur qui est un « salaud » mais tous ceux qui, comme lui, servent un système condamnable . Les sept mois qui se sont écoulés nous ont permis de prendre du recul et de pouvoir juger les actions de la Police, du Parquet et de la Justice. Arrestations ciblées sur les jeunes militants politiques et/ou alternatifs, procès expéditifs et à charge, sans preuves, peines disproportionnées, incapacité d’avouer qu’on s’est trompé et que les condamnés sont innocents, volonté de se « couvrir » mutuellement…
Aujourd’hui, la seule réponse du Pouvoir à l’indignation légitime face à l’injustice, c’est la répression, encore la répression, toujours plus de répression.
Signez, faites signer et diffusez massivement autour de vous la pétition : http://3cites.free.fr
Adresser un chèque à l’ordre de « Acratie ». Adresse : Acratie (CAR) 86310 LA BUSSIERE. Mettre au dos du chèque : “Alain”.
Comité poitevin contre la répression des mouvements sociaux – Alternatifs Vienne – Europe Ecologie - Les Verts–Vienne – Nouveau Parti Anticapitaliste – Organisation communiste libertaire – Section de Poitiers du Parti Communiste Français – Collectif contre les expulsions et pour le droit de vivre en France – La Cimade – Le groupe Pavillon Noir de la FA – SUD Education 86 – Solidaires – Attac-Poitiers
Contact : antirep86@free.fr
Suite aux condamnations iniques des « inculpés du 10 octobre », Alain Evillard a crié sa colère le 17 octobre 2009 devant le monument de la Résistance du Parc de Blossac à Poitiers lors de la manifestation de soutien aux condamnés du 10 octobre. Il a crié : « Le procureur est un salaud, un Papon » . Propos visant M. Pierre Sennès, Procureur de la République près le Tribunal de Grande Instance de Poitiers, fonctionnaire public.
Il est poursuivi pour délit d’injures publiques envers un fonctionnaire public et est convoqué devant le Tribunal de Grande Instance de …Paris !!! le 8 juin prochain à 14h30.
Comparer le Procureur à Papon devant le monument de la Résistance n’est pas si aberrant que cela. En effet ce Procureur a obéi sans états d’âme aux ordres du Ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux qui était venu à Poitiers le 12 octobre, juste avant le procès, demander « que la justice sanctionne durement ». Sans doute pour satisfaire les fanatiques de l’ordre à tout prix, M. Sennès, en fonctionnaire zélé comme l’indique le communiqué commun du Syndicat de la Magistrature et du Syndicat des Avocats de France, a donc immédiatement déféré en comparution immédiate des personnes interpellées sans ménagement et arbitrairement, quelques heures après les dégradations commises. Or, ces inculpés n’y ont pas participé et d’ailleurs, ils n’en n’ont jamais été accusés. De plus, le Procureur a simultanément ouvert une information judiciaire de « chef de participation à un attroupement armé ». Non seulement il a demandé des peines extravagantes mais il a fait appel des condamnations déjà très disproportionnées qui lui paraissaient sans doute trop douces : huit mois de prison, dont quatre ferme pour l’un et six mois dont un ferme pour deux autres.
C’est ce qui a provoqué la colère d’Alain Evillard, qui ne peut tolérer l’injustice ni l’arbitraire. Il a eu le tort de dire tout haut ce que tous les manifestants pensaient mais n’osaient exprimer, intimidés qu’ils étaient par l’impressionnant dispositif policier.
Ce n’est pas seulement l’individu Procureur qui est un « salaud » mais tous ceux qui, comme lui, servent un système condamnable . Les sept mois qui se sont écoulés nous ont permis de prendre du recul et de pouvoir juger les actions de la Police, du Parquet et de la Justice. Arrestations ciblées sur les jeunes militants politiques et/ou alternatifs, procès expéditifs et à charge, sans preuves, peines disproportionnées, incapacité d’avouer qu’on s’est trompé et que les condamnés sont innocents, volonté de se « couvrir » mutuellement…
Aujourd’hui, la seule réponse du Pouvoir à l’indignation légitime face à l’injustice, c’est la répression, encore la répression, toujours plus de répression.
Signez, faites signer et diffusez massivement autour de vous la pétition : http://3cites.free.fr
Adresser un chèque à l’ordre de « Acratie ». Adresse : Acratie (CAR) 86310 LA BUSSIERE. Mettre au dos du chèque : “Alain”.
Comité poitevin contre la répression des mouvements sociaux – Alternatifs Vienne – Europe Ecologie - Les Verts – Vienne – Nouveau Parti Anticapitaliste – Organisation communiste libertaire – Section de Poitiers du Parti Communiste Français – Collectif contre les expulsions et pour le droit de vivre en France – La Cimade – Le groupe Pavillon Noir de la FA - SUD Education 86 – Solidaires
Contact : antirep86@free.fr
Suite à l’article « Le patron de la police écrit à ses troupes », Nouvelle République et Centre Presse du 17 mars 20101, le Comité poitevin contre la répression des mouvements sociaux se demande pourquoi M. le Délégué départemental de la sécurité publique a eu besoin d’écrire à sa police pour souligner la nécessité d’être exemplaire, si les « critiques mensongères » d’un « comité non nommé » – mais nommé malgré tout, par la police ou par la presse ? – sont vraiment mensongères. Un événement important est quasiment passé inaperçu la semaine dernière : jeudi 11 mars, lors du rendu de son procès en appel, Nina a été relaxée2. Le 30 juillet 2009, elle avait été condamnée en correctionnelle, pour « bris de “sucette” Decaux » dans la nuit du 18 au 19 mai 2009, à 500 € d’amende avec sursis et 850 € de dommages-intérêts pour Decaux3. Le procureur ayant fait appel, elle était repassée devant le tribunal le 21 janvier dernier. Et là, surprise : l’avocat général a quasiment demandé la relaxe. Après avoir démonté tous les éléments de l’accusation, il s’en était remis au tribunal.
Cela a laissé perplexe plus d’un observateur. L’un d’eux, pense que l’avocat général, «anticipant sur l’efficacité des arguments de la défense, a sans doute préféré abandonner la partie pour ne pas risquer un désaveu public. Ce serait aussi une façon d’appeler la police à un minimum de rigueur, si elle veut être suivie»4. Ou bien, il a fait un travail objectif et très rigoureux qui va à l’encontre de la politique actuelle qui met la justice aux ordres de la police. Là est peut-être la clef de ce procès. Comme dans la plupart des affaires de ce genre, l’accusation a été faite à charge et, les preuves n’ayant pas été apportées, elle a finalement reposé sur les seuls témoignages des policiers – témoignages discrédités par le procureur et désavoués par le juge. Cela ne veut-il pas dire que c’étaient des inventions de la police, des faux témoignages donc ?
Les faux témoignages policiers sont le talon d’Achille des poursuites judiciaires. D’abord, précisons-le, il est inexact de penser que les témoignages de la police valent plus que ceux des autres citoyens dans la mesure où ses agents sont assermentés. Le Code de procédure pénale dit en effet explicitement, dans son article 430 : « Sauf dans le cas où la loi en dispose autrement, les procès-verbaux et les rapports constatant les délits ne valent qu’à titre de simples renseignements. » C’est même un principe général du droit, puisqu’en France il faut apporter la preuve de ce que l’on affirme. Sans preuve, le procès-verbal policier n’est donc utile qu’à titre de simple renseignement ; et dans ce cas le tribunal est censé prononcer une relaxe. Il y a néanmoins un hic : un décalage existe, d’une juridiction à l’autre, quant au poids de la parole d’un dépositaire de l’autorité publique5.
On le voit à travers d’autres affaires reposant exclusivement sur les témoignages de la police et qui ont été traitées par le tribunal de Poitiers ces dernières années. Où sont les preuves qui corroborent ces témoignages ? Qu’en est-il de Sami, délégué lycéen notoire, condamné le 5 juin 2009 sur le seul témoignage de cette police pour violences en réunion contre personnes dépositaires de l’autorité publique6 ? Qu’en est-il de Lucille, 14 ans, condamnée pour rébellion le 5 janvier dernier sur les seuls témoignages des policiers qui l’ont arrêtée le 10 octobre 2009 – ou encore de Samuel, Jean-Salvy, Léo… arrêtés en même temps7 ? Qu’en est-il de Guillaume, condamné sans preuves le 4 mars8 ? Qu’en est-il enfin de David, condamné il y a quelques jours pour outrage et menaces de mort à l’encontre d’un des policiers de la BAC, sur les seuls témoignages plutôt contradictoires du policier partie civile et de ses collègues, alors que les témoignages des amis de David n’ont pas été recueillis9 ? Ne peut-on pas appliquer à toutes ces personnes ce qu’a dit l’avocat général pour Nina : que « les conclusions de la police relevaient plus d’hypothèses fragiles, voire d’une “construction” comportant des affirmations sujettes à doutes sérieux »10, en clair de faux témoignages ? Si nous appliquons le vieux principe de l’égalité de traitement, toutes ces personnes auraient dû être relaxées puisque Nina l’a été.
Nous exigeons la révision de tous ces procès politiques
Comité poitevin contre la répression des mouvements sociaux http://antirepression.unblog.fr – http://antirep86.free.fr – antirep86@free.fr
1http://www.poitiers.maville.com/actu/actudet_-Le-patron-de-la-police-ecrit-a-ses-troupes-_dep-1299856_actu.Htm
2http://www.lanouvellerepublique.fr/dossiers/journal/index.php?dep=86&num=1575956#
3« Sucette cassée contestée », NR du 21 mai 2009, http://antirep86.free.fr/?p=34 ; « CORRECTIONNELLE – Nina a été reconnue coupable d’avoir brisé une “sucette” dans le quartier Montierneuf », Centre-Presse du 31 juillet 2009, http://antirep86.free.fr/?p=97 ; « Gentille étudiante ou militante anti-pub ? », NR du 31 juillet 2009, http://www.poitiers.maville.com/actu/actudet_-Gentille-etudiante-ou-militante-anti-pub-_dep-1021211_actu.Htm
4Notes d’audiences Cour d’appel de Poitiers par Sylestre Gilloire Jeudi 21 janvier 2010 http://antirep86.free.fr/?p=411
5Que vaut la parole d’un policier ? Moins qu’on ne le croit, Par Chloé Leprince,Rue89, 16/05/2009, http://www.rue89.com/2009/05/16/que-vaut-la-parole-dun-policier-moins-quon-ne-le-croit
6http://antirep86.free.fr/?p=59
7http://antirep86.free.fr/?p=266
8http://www.lanouvellerepublique.fr/dossiers/journal/index.php?dep=86&num=1568186
9Pour un outrage qu’il n’a pas commis, David sera jugé au tribunal de Poitiers le 8 septembre 2009 http://antirep86.free.fr/?p=144 ; Le SDF a-t-il outragé “Hooker”, flic zélé ? Centre Presse 09-09-09 http://antirep86.free.fr/?p=104 ; Les relations entre policiers et marginaux au tribunal NR 09-09-09 http://antirep86.free.fr/?p=107 ; Compte rendu du procès de David par Julien Chaigneau http://antirep86.free.fr/?p=109 ; Communiqué de presse d’Admnesty International au sujet du procès de David M. http://antirep86.free.fr/?p=111 ; Le SDF a outragé Hooker Centre presse 14-10-09 http://antirep86.free.fr/?p=465 ; Trois mois ferme pour le SDF NR 05-02-10 http://antirep86.free.fr/?p=161 ; POITIERS David contre David PQR 08-03-10 http://antirep86.free.fr/?p=461
10Notes d’audiences Cour d’appel de Poitiers par Sylestre Gilloire Jeudi 21 janvier 2010 http://antirep86.free.fr/?p=411
17/03/2010 14:50 | Justice – Faits Divers | POITIERS | Imprimer
Le patron de la police
écrit à ses troupes
Le directeur de la sécurité publique vient d’écrire un message interne
à ses policiers. Il revient sur les événements des derniers mois. Extraits.
Voici le courrier interne
arrivé entre les mains
de la rédaction.
ecoupaye
Depuis plusieurs mois, les policiers de la Vienne et plus particulièrement ceux de Poitiers sont chahutés. Les violences lors de la manifestation anticarcérale du 10 octobre dernier et les événements qui ont suivi ont durablement secoué la vie locale. Ils ont aussi contribué à créer un sentiment de malaise, voire une fracture, entre la police et ceux qui ont souhaité manifester dans la rue leur opinion sur cette situation-là.
« Ne pas donner
prises à nos
détracteurs »
En plus, des tags proférant insultes et menaces de mort contre la police sont venus raviver une tension qui semblait vouloir s’apaiser progressivement. C’est dans ce contexte que, le 26 février dernier, trois jours après cette vague de tags, le patron de la police dans la Vienne, le commissaire divisionnaire Jean-François Papineau, a pris sa plus belle plume. Il a livré à ses troupes le fond de sa pensée sur ces derniers événements. En voici le résumé.
« Cette attaque a été lâchement perpétrée par des inconnus qui contestent jusqu’au fondement même de l’État », écrit-il en préambule de son message de service.
Le patron de la police note qu’elles arrivent « à la suite de critiques mensongères émanant d’un « comité » dépourvu de statut juridique » en faisant référence, sans le nommer, au Comité poitevin contre la répression des mouvements sociaux. Il stigmatise violemment la presse écrite, coupable à ses yeux d’avoir « publiquement relayé » les positions du comité.
Cette situation « n’entamera pas notre détermination », écrit le commissaire qui appelle les policiers de la Vienne à poursuivre leur mission « avec discernement » et « sans faillir au devoir d’exemplarité afin de ne pas donner prise à nos détracteurs ». « La présence de la sécurité publique ne saurait être remise en cause dans son principe », assure-t-il. « Notre professionnalisme doit être notre seule réponse à l’infamie: il en va de notre honneur. »
Le courrier, qui souligne la « cohésion sereine » manifestée par les policiers, s’achève sur les marques de soutien prononcées lors de réunions de travail.
Celle du préfet, d’abord, qui a porté plainte après les tags (1) et celles ensuite du procureur de la République, de l’inspecteur d’académie et du directeur central de la sécurité publique.
Des « messages chaleureux » transmis alors que les tensions locales ont suscité des discussions et des interrogations au sein même des effectifs policiers.
(1) Sollicité à l’époque par la rédaction, il n’avait pas souhaité réagir publiquement à ces actes, pas plus que le maire de Poitiers qui renvoyait à un précédent communiqué, ni les syndicats de police.
Emmanuel COUPAYE
|
||||||||
>>> Réagissez à cet article | ||||||||
Ce week-end, le Comité poitevin contre la répression des mouvements sociaux, a adressé une lettre ouverte au maire de Poitiers. En voici quelques extraits : « Le samedi 6 février à Poitiers, à l’appel de plusieurs associations, une manifestation calme du début à la fin, pour dénoncer les pratiques illégales de la préfecture de la Vienne, et en soutien aux “ sans-papier ” […] s’est terminée par l’arrestation brutale et la garde à vue de six jeunes manifestants. Devant le tollé général, une première entrevue a eu lieu lundi 8, au soir, entre les associations organisatrices, Catherine Coutelle et Jean-Michel Clément. Elle a débouché sur un communiqué de presse commun aux deux députés. Le maire de Poitiers, seulement représenté à cette première entrevue par son directeur de cabinet, a reçu à son tour, jeudi matin, une partie des associations organisatrices et a fait une déclaration, non seulement publiée dans la presse, mais aussi largement envoyée par courrier postal et par courriel aux habitants de Poitiers et de la Cap. […] Alain Claeys demande […] de “ refuser tout amalgame ” entre la manifestation du 10 octobre et celle du 6 février. Certes, mais comment, à son tour, peut-il, en renvoyant dos à dos des dégradations matérielles et la liberté de manifester, occulter les brutalités répressives ? » […] “ Le coût humain de la répression ” « La déclaration publique du maire de Poitiers ne peut qu’envenimer les choses. Puisqu’il choisit de privilégier le matériel sur l’humain et le social, et que donc il prend fait et cause pour la police et la préfecture et pour le capitalisme, il se place d’emblée dans le camp de la répression sans chercher les causes profondes du malaise, s’ôtant, par là même, l’occasion d’agir efficacement pour protéger les plus fragiles, particulièrement les jeunes. Nous exigeons donc que le maire de Poitiers condamne fermement l’attitude irresponsable de la police et de la préfecture. Nous exigeons aussi qu’il s’intéresse au plus haut point au coût humain des déprédations de l’économie libérale et de la répression qui lui est inhérente. » |