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Les jeunes des banlieues sont les premières victimes du « bizness », par Marie-Hélène Bacqué et Lamence Madzou LE MONDE | 30.05.09

Samedi 30 mai 2009

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Les jeunes des banlieues sont les premières victimes du

a question de la violence juvénile et des bandes de jeunes a de nouveau fait l’actualité, à la suite de quelques faits divers marquants. La ministre de l’intérieur a avancé les chiffres de 222 bandes sur le territoire français, 78 % en Ile-de-France, comportant 2 500 membres permanents et 2 500 occasionnels, soit un total de 5 000 jeunes.

 

La fabrication et la précision de ces données appellent bien des réserves quand l’on sait que la plupart de ces « bandes » sont des groupes peu structurés de copains désoeuvrés. Cela a déjà été dit, de même que l’inutilité et l’effet nocif des mesures répressives annoncées, qui permettraient de condamner à trois ans de prison un délit de mauvaise fréquentation. Effet d’annonce qui, une fois de plus, ne contribue qu’à réactiver peurs et fantasmes de l’insécurité et à installer ces quartiers dans une spirale de la répression et de la tension.

Nous voudrions revenir ici sur l’une des affirmations qui appuie ces annonces et alimente le fantasme d’une société attaquée de l’intérieur : ces « tribus » se battraient pour défendre leur bizness et contrôler leurs territoires au sein duquel elles imposeraient un système maffieux. L’incident récent qui s’est déroulé à La Courneuve, où des armes lourdes ont été utilisées contre des policiers démontrerait la conjonction de trafics de stupéfiants et de trafics d’armes. Nos observations de terrain, qui restent à compléter, montrent que la réalité est plus compliquée, mais qu’elle n’en est pas moins inquiétante. Certes, il existe bien en France un marché des substances illicites, haschisch, héroïne, cocaïne et crack. Ce marché est important et en développement. Dans les quartiers populaires, une partie des jeunes consomme et vend. A l’échelon du quartier, cette économie souterraine reste cependant artisanale.

La majorité des petits vendeurs ont un ou plusieurs fournisseurs et écoulent en moyenne 100 à 200 grammes de haschisch en une semaine sous la forme de barrettes vendues de 10 à 20 euros. « Tout le monde trouve sa place ; il suffit d’avoir de la drogue, on vend. Celui qui a de la marchandise, c’est celui qui vend », raconte un jeune. S’il peut exister des concurrences locales, les enjeux sont ailleurs et les gros trafiquants qui travaillent à l’échelle internationale ne sont, bien sûr, pas basés dans ces quartiers, qui ne représentent que l’un des lieux d’écoulement de la marchandise parmi d’autres. Ils ont besoin d’anonymat et d’invisibilité, difficiles à trouver dans ce type d’espace social.

Ces têtes de réseau font rentrer en France plusieurs tonnes de haschisch chaque année ; elles sont organisées, riches et puissantes. La drogue est stockée par ballots de 100 à 300 kg, le stock pouvant atteindre 600 kg, voire plus. Elle est ensuite distribuée à des souricières dans lesquelles viennent se fournir des intermédiaires, qui revendent à leur tour à de petits revendeurs, chacun relevant sa commission.

Au bout de la chaîne, ce marché est d’ailleurs de moins en moins rentable, car le prix du haschisch a doublé en quinze ans (un kg coûtait alors environ 800 euros et il fluctue aujourd’hui entre 1 500 et 3 000 euros) en raison du nombre des intermédiaires, de l’augmentation des prix à la source, de la diversification et de la sophistication des qualités de haschisch (gstarr, one, aya, marocain).

Contrairement aux idées reçues, les petits vendeurs ne roulent pas sur l’or. Ils ne gagnent souvent pas beaucoup plus qu’un smic mais, dans un contexte où l’accès à un emploi leur est fermé, ils ont ainsi accès à un marché du travail, certes informel, où ils ont l’impression « d’être à leur compte ». Ce revenu leur permet d’accéder à la société de consommation, voire parfois de partager l’achat d’une voiture.

Il en est de même du marché de la contrefaçon. On s’étonne bien souvent de voir des jeunes issus de familles précarisées habillés en Versace, Armani ou Dolce Gabbana, tous vêtements fabriqués en Thaïlande ou en Chine, vendus par un réseau de distribution parallèle à des prix très concurrentiels : « Des mecs reçoivent des cartons, c’est là qu’on se fournit. »

Tout cela constitue une économie parallèle bien réelle, qui s’autorégule. Mais ce n’est pas dans les quartiers populaires et encore moins auprès des « bandes » de jeunes qu’il faut chercher l’organisation de trafics mafieux. Ces jeunes ne sont que les derniers échelons d’un marché international et, comme ceux des quartiers bourgeois, ils en sont d’abord les victimes.

En revanche, on assiste à la marge à une restructuration locale du marché des stupéfiants. Dans quelques cas, encore très exceptionnels – cinq ou six villes en région parisienne -, un marché local commence à s’organiser et quelques individus vont se fournir en Espagne et au Maroc. Ils y achètent 100 à 300 kg de haschich à des prix très attractifs (400 à 600 euros le kg) qu’ils vendent ensuite au détail, se passant des intermédiaires.

Ils jouent la carte de la qualité en proposant de nouveaux produits comme des feuilles de « blunt » parfumées pour rouler le haschisch et en soignant la présentation de l’emballage. Ils créent alors des « fours » : ils prennent possession d’un escalier, en général dans un immeuble d’habitat social. L’escalier est bloqué par un jeune cagoulé avec barre de fer. Un ou deux autres s’y installent pour vendre.

A l’extérieur, des guetteurs surveillent avec des talkies-walkies. Les équipes se relaient : le four est ouvert jusqu’à 22 heures la semaine et minuit le week-end. La drogue est cachée à proximité du four, la préparation se fait dans les appartements. L’activité règne du matin au soir, de la livraison à la préparation puis à la vente. Elle est connue des habitants, réduits au silence par la menace et l’intimidation.

Ces fours rapportent entre 6 000 et 10 000 euros par jour. Les propriétaires des fours recrutent des dealers indépendants, pour un « salaire » quotidien de 50 euros environ. C’est d’abord par la qualité de leur marchandise qu’ils s’imposent sur le marché, recourant si nécessaire à la violence pour maintenir l’exclusivité. Dans tous les cas, ils ont besoin, eux aussi, pour leur activité de calme et d’anonymat, loin des embrouilles de quelques groupes de jeunes qui appellent l’attention médiatique.

Tout cela est, bien sûr, inquiétant, mais dessine une image beaucoup moins simpliste des rapports entre « jeunes des bandes » et « bizness » que celle que nous présente le discours officiel. A l’évidence, les enjeux sont ailleurs que dans ces quartiers populaires qui ne sont que l’un des points d’arrivée de trafics structurés. Il en est de même d’autres trafics organisés, comme ceux des voitures par exemple.

Il existe bien un danger de restructuration de trafics plus localisés mais contre lequel le fichage des jeunes et les mesures répressives sont pour le moins inefficaces. La société française n’est pas menacée par une horde de tribus ; elle met par contre en danger sa jeunesse et son avenir en restant impuissante face à l’industrie des stupéfiants, mais en tapant sur ceux qui en sont les premières victimes, sans pour autant leur offrir de perspectives sociales.

 


Sociologue, professeur à l’université d’Evry Ancien chef de bande Coauteurs de « J’étais un chef de gang » (La Découverte, 2008) 

Article paru dans l’édition du 31.05.09

Sarkozy demande un plan de prévention de la délinquance pour septembre NOUVELOBS.COM | 28.05.2009

Jeudi 28 mai 2009

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« Il faut que nous mettions pleinement en œuvre la loi sur la prévention de la délinquance », de mars 2007, a plaidé le chef de l’Etat, estimant qu’elle « a été beaucoup trop négligée ces dernières années ».

Dans un discours sur la délinquance et sur les violences scolaires, le président Nicolas Sarkozy a annoncé jeudi 28 mai qu’il avait demandé au Premier ministre François Fillon, de lui présenter « dès septembre un plan gouvernemental de prévention de la délinquance et d’aide aux victimes », lors d’un discours à l’Elysée.
« Je demande (…) au Premier Ministre de réunir d’urgence tous les ministres concernés » par la prévention de la délinquance et d’aide aux victimes, « ce qui n’a pas été fait depuis mai 2006, et de me présenter dès septembre un plan gouvernemental de prévention de la délinquance et d’aide aux victimes« , a-t-il expliqué.

« Prévention beaucoup trop négligée »

« Il faut que nous mettions pleinement en œuvre la loi sur la prévention de la délinquance », de mars 2007 (dont il était alors l’auteur, en tant que ministre de l’Intérieur), a poursuivi le chef de l’Etat, estimant que « la prévention de la délinquance a été beaucoup trop négligée ces dernières années ».
Nicolas Sarkozy estime que « très peu » de « contrats locaux de sécurité », prévus par la loi de mars 2007, ont été signés. « 22 en 2007, 6 en 2008, 1 en 2009″, a déploré le président.
Pour lutter contre ces délinquances, Nicolas Sarkozy a exprimé sa résolution à mettre un terme à la « dictature des bons sentiments ».
Le chef de l’Etat a également promis de lutter « sans état d’âme et sans concession » contre la délinquance, dénonçant « l’angélisme » qui a prévalu pendant des décennies.

Reconquête des quartiers sensibles

Qualifiant de « priorité » la reconquête des quartiers dits sensibles, Nicolas Sarkozy a assuré qu’aucune cage d’escalier ne devrait être abandonnée « aux voyous« .
« La priorité, aujourd’hui, c’est la reconquête des quartiers sensibles. Je veux une mobilisation complète des forces de l’ordre sur cet impératif majeur », a-t-il affirmé.
« Nous devons nous concentrer d’abord sur les 25 quartiers, 21 en région parisienne 4 en province », qui sont « rongés par la délinquance, le trafic de drogue et le trafic d’armes », a ajouté le président.
Nicolas Sarkozy préconise que « la présence de la force publique doit y être constante, visible, massive », soulignant « qu’aucune rue, aucune cave, aucune cage d’escalier ne doit être abandonnée aux voyous ».
« Je souhaite que se multiplient immédiatement les opérations coups de poing dans les cités sous la forme d’un véritable travail de fond et que ces opérations se prolongent aussi longtemps qu’il faudra », a-t-il poursuivi. « Les parties communes des immeubles, les appartements et caves squattés devront faire l’objet d’une fouille minutieuse ».

Effectifs accrus dans les cités sensibles

Le chef de l’Etat a ainsi demandé aux « préfets, procureurs, inspecteurs d’académie », de se « rendre personnellement dans ces quartiers pour y manifester l’autorité de l’Etat, aussi longtemps et aussi souvent qu’il le faudra ».
Enfin, « les effectifs des forces de sécurité dans les cités sensibles doivent être accrus », estime Nicolas Sarkozy qui demande à Michèle Alliot-Marie (Intérieur) de « procéder à des opérations de redéploiement des unités mobiles pour renforcer les moyens de la police et de la gendarmerie dans les quartiers qui en ont le plus besoin ».
Parmi ces quartiers, il veut « deux cents fonctionnaires supplémentaires affectés sans délai en Seine-Saint-Denis ».

« Frapper les trafiquants au portefeuille »

Souhaitant mettre fin aux trafics, Nicolas Sarkozy affirme qu’il faut « frapper les trafiquant au portefeuille », en impliquant « systématiquement les douanes, les services fiscaux et les organismes sociaux dans la lutte contre les trafics criminels ». Pour cela, « deux fonctionnaires spécialisés devront être spécialement affectés dans chacun des 25 quartiers les plus sensibles ».
« Leur rôle sera de détecter les signes extérieurs de richesse indue afin d’enclencher les mécanismes de répression contre les trafiquants. Ils travailleront en étroite coordination avec la justice et les services de police », a ajouté le chef de l’Etat.
Nicolas Sarkozy a souhaité confier aux douanes « une mission prioritaire sur les cités sensibles et qu’elles y interviennent massivement dans le cadre d’une coopération étroite avec les autres forces de sécurité ».
« Il n’y a pas à mes yeux de secret professionnel qui tienne, entre services de l’Etat, lorsque la sécurité des Français – ou celle de l’Etat – est en jeu », a-t-il ajouté.

Lutte contre les cambriolages

Ainsi, le ministre du Budget, Eric Woerth devra « réfléchir à une amélioration des textes destinés à permettre l’appréhension fiscale des sommes provenant de ces activités illicites« , a poursuivi Nicolas Sarkozy, citant « la modernisation de la taxation sur le train de vie à partir de signes extérieurs de richesse témoignant de moyens qui ne cadrent pas avec ce que connaît l’administration ».
Par ailleurs, le chef de l’Etat a demandé l’installation « sans délai » d’un « plan de lutte contre les cambriolages » dans « la dizaine de départements concernés ». Le chef de l’Etat a également demandé à la ministre de l’Intérieur, « d’ouvrir davantage le champ de recrutement des officiers de police judiciaire qui doivent être plus nombreux et mieux formés ». « 1.000 OPJ (officiers de police judiciaire) supplémentaires doivent être formés », a-t-il affirmé.

Chiffres des crimes et délits en hausse

Parallèlement à la présentation de ces mesures, Nicolas Sarkozy a annoncé que les chiffres des crimes et délits pour le mois de mai seront « sans doutes difficiles », après une augmentation de 4% en mars et « un peu plus de 2% en avril »
En matière de sécurité, « des progrès considérables ont été accomplis depuis sept ans », a affirmé le président, soulignant qu’il faut « dire la vérité quand les évolutions sont moins favorables ».
« Les crimes et délits ont augmenté de près de 4% en mars et d’un peu plus de 2% en avril. Les chiffres de mai seront sans doute difficiles », a-t-il annoncé.
Pour remédier à ces chiffres, Nicolas Sarkozy s’est dit déterminé à « tout mettre en œuvre » pour que les résultats des trois derniers mois soient « accidentels » et « ne traduisent pas une amorce de renversement de tendance ». Il a également dénoncé « les agressions contre les policiers et les gendarmes » qui « sont un défi porté à la République ». (Nouvelobs.com avec AFP)

CHÂTELLERAULT Une audience pour un vol de 5 € Nouvelle République 06-05-09

Mercredi 6 mai 2009

« Qui vole un œuf vole un boeuf. » C’est sans doute avec ce proverbe en tête qu’un magistrat poitevin a décidé de renvoyer devant le tribunal un garçon de 19 ans poursuivi pour avoir volé 5 € dans une briocherie de Châtellerault. L’affaire a été évoquée hier après-midi à l’audience déclenchant des réactions allant de l’éclat de rire à l’incompréhension consternée. Les faits reprochés se sont déroulés le 12 février dernier à Châtellerault. Ce jour-là dans une briocherie de la ville, le prévenu et deux mineurs auraient volé la petite somme la caisse. Au bénéfice du doute, le tribunal a relaxé le garçon. Le procureur avait réclamé 50 € d’amende avec sursis.

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