« Paranoïa sécuritaire », « attitude inquiétante : les éditorialistes s’indignent du traitement réservé aux jeunes filles placées en garde à vue la semaine dernière.
Anne, la jeune fille qui a été placée en garde à vue, pose avec sa mère (AFP)
Tous les éditorialistes commentaient mercredi 10 février le placement en garde à vue de trois collégiennes la semaine dernière à Paris, s’indignant du traitement réservé aux jeunes filles, certains dénonçant une « paranoïa sécuritaire ».
Laurent Joffrin, dans Libération, y voit « une attitude inquiétante », jugeant que « la délinquance juvénile ne saurait guérir par la seule vertu d’incantations répressives, qui finissent par rogner les libertés publiques quand on se mêle de les appliquer ».
Dénonçant un comportement « inhumain » des policiers, Yann Marec, dans les colonnes de Midi Libre, juge qu’au « lendemain de ces sordides affaires de garde à vue qui dégénèrent, chacun d’entre nous se sent concerné. Parce que cette dérive est choquante« .
« Pour une fois, gauche et droite dénoncent à l’unisson une procédure dont le déroulement revient, dans les faits, plus à humilier les personnes interpellées qu’à faire jaillir la vérité dans une enquête », souligne Patrice Chabanet dans le Journal de la Haute-Marne.
« Surveiller ceux qui nous surveillent »
Pour Jacques Camus, de la République du Centre, cette affaire vient rappeler que « dans une démocratie exemplaire, il convient aussi de surveiller ceux qui nous surveillent. »
« Douze heures d’interrogatoire pour les unes et dix pour l’autre: voilà qui ne manquera pas de paraître excessif, même au-delà de tout angélisme », déplore Didier Pobel dans le Dauphiné Libéré, pour qui « une simple convocation au commissariat aurait pu suffire ».
« Est-ce cela la France de 2010? », s’interroge Bruno Dive dans Sud-Ouest, s’inquiétant que « certains de ceux qui devraient assurer notre sécurité, et donc notre liberté, en viennent à piétiner l’une et l’autre ».
Au final, explique Daniel Ruiz dans La Montagne, « le débat n’est pas entre une police moderne voulue par tous les Français et un laxisme irréaliste », mais « entre les abus qui peuvent conduire au placement injustifié en garde à vue d’une gamine et les exigences de la commission européenne des droits de l’Homme dont le rappel à l’ordre ne devrait pas tarder ».
(Nouvelobs.com)