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Archive de la catégorie ‘Manifestations’
Photos de la manif anti-carcérale du 28 mars 2010
Dimanche 28 mars 2010Conseils en manifs car nous ne sommes pas des jouets de la répression
Jeudi 4 mars 2010Éviter de venir seul.e. Former des petits groupes de 2 ou 3 (des gens qui se connaissent et qui ne se lâchent jamais pendant la manif).
Éviter d’amener agenda, carnet d’adresses, tracts ou autres papiers compromettants. De l’eau, de la bouffe, un foulard et des habits de rechange peuvent être utiles, ainsi que du sérum physiologique.
Avoir des chaussures adaptées (lacets noués) et éviter de porter des vêtements trop amples : ça gène pour courir, et ça donne des prises pour vous attraper. Noter (sur le bras par exemple) le nom ou le numéro d’un avocat, à prévenir en cas de garde à vue. Rester au taquet, mobile et attentif.ve à l’«environnement », c’est-à-dire aux flics.
Plus on anticipe moins on stresse. Par exemple si on les voit commencer à charger ou à tirer des lacrymos, on peut s’y préparer. Ils se donnent souvent des signaux avant de nous attaquer : il faut capter ces signes pour réagir. On est souvent confrontés à 2 types de keufs : les CRS (ou Gardes Mobiles) et la BAC.
Les premiers c’est le troupeau : lourdement armés, ils bloquent les accès, balancent lacrymos et grenades assourdissantes, mais peuvent aussi faire des arrestations.
Attention aux « civils » et a ceux-celles qui s’habillent en manifestants
Surveiller la BAC. Eux c’est la petite meute très rapide, et très dangereuse. En civil (parfois avec un brassard orange) elle rôde, toujours prête à bondir. Ils sont sur les bords de manifs, ou cachés dans une ruelle. (Ils peuvent aussi surgir en voiture banalisée.) Ils sont assez repérables (cheveux courts, toujours en baskets), mais attention ils peuvent se masquer le visage et se faire passer pour des émeutiers, jusqu’au moment où… ils vous arrêtent. Ils ont souvent des gros habits gonflés (même en été) ou un sac à dos : dedans, ils cachent leurs armes favorites : Flash-ball, Tazer, Gazeuse, Tonfa, et biensûr, révolver.
Leur technique c’est la rapidité : ils se jettent en courant sur quelqu’un qui a été repéré. Contre ça, il faut surveiller leurs déplacements. S’ils courent, c’est qu’ils vont attaquer l’un ou l’une d’entre nous. Dans ce cas, si vous n’êtes pas seul et si vous en avez la force, vous pouvez tenter, de les gêner (en se mettant sur leur passage pour les ralentir, en criant l’alerte, en tenant la personne qu’ils essaient d’arrêter…)
Après, ça se joue collectivement : 10 personnes qui se tiennent solidement ne se font pas enlever comme ça. Dans tous les cas, le groupe et la solidarité nous protègent. En cas de gazage. Faut d’abord éviter les tirs. Ils sont souvent très localisés, il suffit de se décaler de quelques mètres sur le côté (pas la peine de remonter toute la manif en courant et d’affoler tout le monde).
Ensuite on peut tenter de couvrir les pastilles noires qui propagent le gaz (avec une poubelle), de les arroser d’eau, de les écraser (avec de bonnes chaussures) ou de les renvoyer (au pied ou avec des gants en cuir). Contre le gaz, respirer au travers d’un tissu imbibé d’eau. On peut aussi mettre du citron (mais certains disent que c’est nocif), du coca ou du Mallox (produit pour l’estomac, dispo en pharmacie). Les lacrymos collent à la peau et aux tissus, donc éviter de se toucher les yeux et les lèvres avec des mains ou des vêtements contaminés. Il faut se rincer la peau avec de l’eau. Pour les yeux, utiliser du sérum physiologique.
Ne pas se faire repérer. Les flics essaient de cibler les plus révoltés. Pour ça ils peuvent utiliser la vidéo-surveillance de la ville et du métro. Ensuite ils filment et prennent eux-mêmes des photos. Enfin ils s’infiltrent : les célèbres RG devenu depuis la Dcri.
On peut essayer de les repérer en début ou en fin de manif, quand ils discutent avec les autres keufs. Une fois repéré.e.s, faire tourner le mot pour les griller. Comme il en reste toujours et qu’ils tendent l’oreille, utiliser des pseudos pour s’appeler, donner un nom de code pour son groupe, à crier pour se retrouver si on se perd (dans le gaz par exemple). Contre le repérage, se masquer le visage. Même si « on n’a rien fait », le seul fait de participer et d’être pris en photo dans une manif « violente » pourra jouer contre vous. Se masquer libère une marge d’action, c’est pour ça que le pouvoir a sorti une loi « anti-cagoule », qui n’a pas encore eu d’application réelle. Toujours contre le repérage, il faut changer d’apparence, se changer.
Lutter contre la peur. La première arme de la police c’est la peur. Sirènes, fusées, grenades assourdissantes et intimidations orales sont avant tout des techniques de dissuasion. Rester le plus calme possible, même lors de mouvements de foule. Éviter de crier ou de courir inutilement (ça augmente le stress des autres). La peur est naturelle mais on peut apprendre à la canaliser. Un des meilleurs moyens est de rester avec sa bande : avec mes potes, je me sens en sécurité.
Une charge de police dépasse rarement 60m, il est donc inutile de courir plus loin, il vaut mieux rester groupé.es et éviter de laisser des personnes isolées. On l’a dit, pour la BAC, l’individu isolé est un gibier, seul un groupe soudé est efficace. En cas d’arrestation, demander à la personne de crier son nom et son adresse puis donner ces infos aux gens qui s’organisent contre la répression. Ça peut aider à trouver un bon avocat, et l’ami.e arrêté.e ou ses proches se sentiront moins seuls.
Si on est arrêté.e, crier son nom aux témoins, et tenter de rester calme en toutes circonstances. Gardons notre rage pour après la sortie car l’outrage et rébellion est l’arme judiciaire par excellence pour charger un dossier. Une fois dans leurs griffes, faire le mort, garder son calme, et attendre que les amis ou l’avocat se bougent.
En Gard’av. La durée maximale d’un contrôle d’identité est de 4h ; une garde à vue peut durer 24h, prolongeable jusqu’à 48h, et 96h si vous êtes un dangereux terroriste ou un gros trafiquant. Insister pour rencontrer un avocat, demander à voir un médecin. Si cette demande (qui doit être écrite quelque part) n’est pas satisfaite, c’est un vice de procédure que vous pourrez utiliser pour annuler les poursuites contre vous. Et puis ça fait une occaz pour sortir de la cellule ; causer à quelqu’un, ça fait du bien. Si vous avez des bleus ou blessures, faites les noter précisément par le médecin, c’est important pour votre défense.
Porter plainte contre les représentants de l’ordre (pour coups et blessures) pourra, parfois, aider à s’en sortir. L’interrogatoire. Malgré toutes les pressions des flics (« si tu coopères pas tu vas rester en taule ! » ; « on a des photos qui prouvent que… » ; « tes potes nous ont déjà dit que… »), ne JAMAIS croire les flics, même le gentil qui veut vous aider. En garde à vue, on n’a jamais rien à se reprocher ou à avouer, on est toujours innocent.e, on était qu’un.e simple manifestant.e parmi d’autres. Même si ça les énerve on a le droit de garder un silence complet et de ne rien signer. Répéter les mêmes phrases pour pas se faire avoir. Du genre : « Je parlerai pas tant que j’aurais pas vu un avocat ». Puis : « Mon avocat m’a dit de ne rien dire. »
Si tout le monde se tait, ils auront l’habitude et nous laisserons tranquilles. (Inutile de discuter politique avec les policiers, c’est souvent perdre de l’énergie ou se faire piéger par des discussions apparemment anodines.) Attention, les flics manipulent souvent les PV (procès-verbaux), il faut bien les relire avant de les signer. Ne pas hésiter à demander de modifier certains passages de sa déposition.
Le fichage génétique (ADN) est souvent exigé lors de la garde à vue. Refuser de donner son ADN constitue un délit (passible d’amende et de prison) mais dans les faits les poursuites ne sont pas systématiques, et les condamnations sont souvent légères (pas de prison ferme) quand le prévenu invoque un refus politique du fichage génétique et quand il est soutenu par des associations, des collectifs. Ils vont vous dire que c’est dans votre intérêt, que le juge vous trouvera plus sympathique si vous faites pas de manières avec ça, et qu’ils détruiront le prélèvement si vous êtes innocent, etc. Ne les écoutez pas, ils mentent purement et simplement. C’est beaucoup moins risqué de refuser, que d’être fiché ADN à vie… Et on s’organisera ensemble pour payer les amendes.
La comparution immédiate est faite pour nous juger vite et mal. Il vaut mieux demander son report pour préparer une défense solide (et changer d’avocat si le commis d’office est mauvais). Attention, demander un report de jugement peut déclencher une détention préventive, la prison en attendant votre procès. Plus on a de garanties de représentation (études, travail, domicile, témoignage de moralité qui disent que vous êtes quelqu’un de « bien », etc.), plus on a de chances d’être laissé.e libre jusqu’à la date du procès.
Après. Eviter de rentrer seul de manif, prendre un moment pour en discuter ensemble… et revenir plus forts à la prochaine !
Des manifestant-es volontaires
16 gendarmes blessés au cours d’un exercice Opex360 2 mars 2010
Jeudi 4 mars 2010Un exercice ayant pour thème les émeutes urbaines s’est mal passé, le 16 février, au centre d’entraînement de la gendarmerie de Saint-Astier (24). En effet, 16 gendarmes mobiles ont vraisemblablement été bléssés par l’explosion d’une grenade de « désencerclement ».
Cette munition, en principe pas dangereuse, produit une déflagration assez forte pour permettre à un agent des forces de l’ordre de se dégager en cas d’échauffourée. Un gendarme mobile avait été blessé par un engin de ce type lors des manifestations de Mayotte, en décembre 2009.
Cela étant, l’entraînement du mois dernier a opposé des gendarmes de l’escadron mobile d’Orange (Vaucluse), qui tenaient le rôle de manifestants, à des gardes républicains. Les militaires suivaient alors une formation d’une quinzaine de jours visant à les mettre dans une situation la plus proche possible de la réalité.
Un garde républicain a alors lancé une grenade parmi les gendarmes mobiles, « par mégarde ou inattention » au lieu de l’envoyer dans une cage en bêton spécialement conçue pour atténuer la déflagration de ce type de munition. Bilan : 16 blessés.
Un gendarme a légèrement été touché par un éclat de la grenade à la cheville. Les autres souffrent de troubles auditifs.
Le dernier incident connu à Saint-Astier remonte à 1996. Cette année-là, un officier de gendarmerie avait été tué après avoir été renversé par un véhicule blindé.
Copenhague : les organisateurs des manifestations accusent la police NOUVELOBS.COM | 13.12.2009
Dimanche 13 décembre 2009
La coalition Climate Justice Action dénonce des « violations des droits humains » après les 600 à 700 arrestations opérées en marge des défilés qui ont rassemblé samedi entre 40 et 100.000 personnes.
Arrestation de manifestants à Copenhague le 12 décembre 2009 (Sipa)
Les organisateurs des manifestations de Copenhague pour un accord sur le climat ont accusé samedi 12 décembre la police danoise de « violations des droits humains » après les arrestations opérées en marge des défilés.
« La police danoise a arrêté sans distinction des centaines de militants au cours de la manifestation qui a rassemblé 100.000 personnes dans les rues de Copenhague. Les arrestations se sont produites à des moments et en des lieux différents éloignés des incidents sporadiques » enregistrés, note dans un communiqué, la coalition Climate Justice Action (CJA).
Blacks Blocs ?
Selon CJA, « une centaine de personnes étaient toujours retenues dans la rue, menottées et maintenues en position assise malgré le froid extrême » en début de soirée et « sans accès aux toilettes depuis 15h30″ (14h30 locales) et « certaines se sont évanouies« .
Pour CJA, la police danoise non seulement « criminalise » ainsi les manifestants mais aussi les « déshumanise ».
Entre 600 et 700 personnes ont été interpellées samedi lors de différentes interventions policières à Copenhague, où des dizaines de milliers de personnes ont défilé en marge de la conférence climat.
Selon la police, la plupart des personnes interpellées étaient des membres « des Blacks Blocs », ces groupuscules autonomes ultra-violents d’Europe du Nord qui se sont notamment illustrés lors du sommet de l’OTAN à Strasbourg, dans l’est de la France, en avril.
Un porte-parole de la police a indiqué précédemment que les forces de l’ordre avaient préféré intervenir assez tôt « pour empêcher la situation de dégénérer ».
(Nouvelobs.com avec AFP)
Montreuil : « une démonstration de force inutile », pour Dominique Voynet NOUVELOBS.COM | 14.07.2009
Mardi 14 juillet 2009
Dominique Voynet dénonce ainsi l’intervention des policiers lundi soir lors d’une manifestation de protestation après qu’un jeune homme a été blessé grièvement à l’œil par un tir de flashball la semaine dernière.
A Montreuil (AFP)
La maire de Montreuil, a dénoncé mardi 14 juillet, de la part de la police « une démonstration de force totalement inutile qui a généré à son tour le désordre », au lendemain des affrontements qui ont opposé manifestants et policiers dans sa ville. Entre 250 à 300 personnes protestaient lundi soir contre l’expulsion mercredi dernier de plusieurs squatters qui occupaient une ancienne clinique, au cours de laquelle un homme affirme avoir perdu un œil à la suite d’un tir de flashball par les policiers. Pour Dominique Voynet (Verts), interrogée sur France Info, la « manifestation dans laquelle la tension était palpable, dans laquelle aucune violence n’a été commise » a « été dissoute assez violemment par les forces de l’ordre ». Elle a ajouté que les policiers « ne se sont pas contentés de séparer les manifestants » mais ont « plaqué violemment un bon nombre d’entre eux contre les murs » et « les ont frappés à coup de matraque » et « arrosés de gaz lacrymogène, devant des habitants de la ville totalement stupéfaits et effarés ».
Les violences « des policiers »
Reconnaissant « que certains manifestants étaient venus avec l’envie d’en découdre » mais « qu’ils étaient une toute petite minorité« , Dominique Voynet a estimé « que c’est le métier des policiers de séparer la grande masse des manifestants pacifiques et de faire en sorte de cantonner les personnes qui pourraient être tentées d’en faire plus. Il se trouve que ça na pas été le cas ». L’ordre de dissoudre la manifestation, qui « apparemment venait d’en haut », est « arrivé à un moment où les manifestants étaient totalement pacifiques et tranquilles », a-t-elle dit. Elle a demandé une « enquête indépendante » pour « permettre de dire exactement s’il a y eu des violences, quelles étaient ces violences ». « Je ne pense pas pour ma part qu’elles venaient des manifestants, elles venaient surtout des policiers », a-t-elle ajouté, en indiquant qu’elle allait saisir la commission nationale de déontologie de sécurité.
« En Iran, on tire sur les gens »
A la question de savoir si la manifestation avait été autorisée, la maire de Montreuil a reconnu que la manifestation n’avait pas été déclarée et qu’elle ne pouvait pas « être considérée comme explicitement autorisée ». Toutefois, a-t-elle dit, « à ma connaissance, elle n’était pas non plus interdite, donc la liberté de manifester son opinion devait être respectée ». Elle a enfin mis en cause le comportement du directeur départemental de la sécurité publique qui, interpellé par des habitants, aurait rétorqué : « si vous n’êtes pas contents, il faut être conscient du fait qu’en Iran, on tire sur des gens ». Selon Dominique Voynet, il n’y a pas eu de blessés lors de ces affrontements et douze personnes ont été interpellées, « un peu au hasard » dont « un journaliste du Monde« , puis remises en liberté.
Tir de flashball
Plusieurs centaines de manifestants, qui s’étaient regroupés lundi 13 juillet en fin d’après-midi à Montreuil pour protester contre les « violences policières », ont affronté les forces de l’ordre pendant près d’une heure. La manifestation a débuté vers 19h à la Croix de Chavaux, non loin de l’ancienne clinique radiologique près de laquelle un jeune homme a été blessé par un tir de flashball la semaine dernière lors d’un rassemblement après l’expulsion de squatters. Un premier face à face tendu s’est produit entre forces de l’ordre et manifestants, non loin de la mairie, durant lequel ces derniers ont tiré à l’aide de mortiers de feu d’artifices et de fusées en direction des gardes mobiles qui n’ont pas répliqué.
Parcours modifié
Dans un souci d’apaisement, les organisateurs de la manifestation ont cherché à modifier le parcours pour éviter que le face à face ne se prolonge, repartant vers la Croix de Chavaux. Un nouveau face à face s’est produit peu avant 21h au niveau du marché de la Croix de Chavaux, forces de l’ordre et manifestants se trouvant de part et d’autres. Les forces de l’ordre ont alors chargé la queue de la manifestation, entraînant la réplique de nombreux manifestants par des jets de projectiles, de chaises et de peinture. Les gardes mobiles ont par la suite chargé à plusieurs reprises, faisant également usage de gaz lacrymogènes et procédant à diverses interpellations.
Appel à la retenue
Peu avant la manifestation, Dominique Voynet, avait exprimé lors d’un point presse son espoir quant à « la discrétion et à la retenue des forces de l’ordre lors de cette manifestation ». « La police doit avoir le comportement le plus exemplaire possible et le plus respectueux des droits et des libertés » a par ailleurs déclaré Dominique Voynet, qui a tenu à préciser qu’il n’y avait « aucune volonté d’attaquer la police, simplement les comportements non acceptables et non acceptés par la hiérarchie ».
Expulsion
Les manifestants protestaient contre l’expulsion mercredi de plusieurs squatters qui occupaient une ancienne clinique, au cours de laquelle un jeune homme affirme avoir perdu un oeil, à la suite d’un tir de flash-ball par les policiers. Le Parti Socialiste a demandé lundi que l’Inspection générale des services (IGS) de la police et la Commission nationale de déontologie de la sécurité « puissent faire toute la lumière » sur ce « grave incident ». D’après la mairie de Montreuil, la victime, Joachim Gatti, fait partie du mouvement autonome qui dénonce notamment la cherté des loyers à Paris et dans certaines banlieues parisiennes.
(Nouvelobs.com avec AFP)
L’explosion des manifestations à Paris Le Figaro 03-07-09
Samedi 4 juillet 2009L’explosion des manifestations à Paris
Christophe Cornevin
03/07/2009 | Mise à jour : 21:12
Crédits photo : AFP
En six mois, les cortèges ont augmenté de 31,81 % par rapport à la même période en 2008, passant de 1 .116 à 1. 471. Soit presque huit par jour !
Paris s’embrase-t-il ? Au nom de la sacro-sainte liberté de manifester, le pavé de la capitale est au bord de la saturation. Entre Notre-Dame et la tour Eiffel, l’asphyxie guette. L’odeur de merguez gagne du terrain. La mélopée des haut-parleurs devient lancinante et le claquement des pétards vire au leitmotiv. Chaque semaine, les mouvements de foule liés à de grandes festivités, des parades ou rencontres sportives en tous genres germent sur le bitume. La succession des voyages officiels à risque, à l’instar de celui du premier ministre israélien ou, dans une moindre mesure, celui à caractère privé du président américain, Barack Obama, le mois dernier, suscitent parfois des thromboses.
Sans conteste, le malaise social qui étreint le pays, avec ses cohortes de mécontents, parachève le tableau. Selon une note interne de la Direction de l’ordre public et de la circulation (DOPC) de la Préfecture de police, le nombre des manifestations revendicatives a littéralement flambé depuis le début de l’année dans la capitale. Entre janvier et juin derniers, ces manifestations ont ainsi augmenté de 31,81% par rapport à la même période de l’année précédente, passant de 1.116 à 1.471 rassemblements en un semestre. Soit presque huit par jour ! Si les sanglants débordements de février 1934 ou les événements de Mai 1968 appartiennent à l’histoire, les rues de Paris sont loin d’être devenues un long fleuve tranquille. «La gestion des récents événements s’est avérée particulièrement délicate en raison du changement d’état d’esprit des organisateurs comme des manifestants, précise en préambule le document porté à la connaissance du Figaro. Ces difficultés sont apparues tant lors de la préparation des services que le jour de la manifestation, où les participants sont plus nombreux et violents.»
Âpres marchandages sur l’itinéraire
Rythmé par les récentes manifestations intersyndicales fédérant jusqu’à 85.000 militants, la fronde des naufragés de Continental ou des opposants au projet de réforme des universités, le bal contestataire est étourdissant. Il a commencé sur les chapeaux de roue, dès les 3 et 10 janvier, avec l’occupation de la chaussée par les pro-Palestiniens au lendemain de l’offensive israélienne à Gaza. En vertu d’un décret-loi remontant à 1935, les organisateurs devaient déclarer leur manifestation par écrit au préfet de police, qui l’autorise après en avoir examiné certaines modalités. Dont l’heure de début et de fin du cortège, mais surtout la délicate question de l’itinéraire, objet de marchandages de plus en plus âpres. «Un vrai casse-tête, grince un haut responsable de la Préfecture de police. Pour préparer une manifestation, nous avons reçu une demi-douzaine fois les organisateurs pro-palestiniens pour définir un parcours acceptable. Mais ces derniers débarquaient à chaque reprise avec de nouveaux interlocuteurs. Ils voulaient à tout prix finir devant l’ambassade d’Israël…»
Or, tout comme les abords de l’Élysée, le périmètre des ministères ou encore des sites sensibles tels que la place de la Concorde, les sièges des représentations diplomatiques sont protégés par la convention de Vienne. À la première manifestation, quelque 21.000 personnes ont fini par défiler entre les places de la République et de l’Opéra, où la dispersion du cortège s’est soldée par des scènes de pillage. La semaine suivante, les forces de l’ordre ont retenu la leçon : la seconde manifestation, drainant 31.000 militants hostiles à Israël, avait été encadrée par 2.755 policiers. Soit un dispositif quatre fois supérieur, le plus imposant depuis janvier.
«Quand ils ne varient pas d’interlocuteurs pour nous faire tourner en bourrique, les organisateurs attendent le dernier moment pour déclarer leurs démonstrations, explique la Préfecture de police. Ils peuvent ainsi arguer du fait qu’ils ne peuvent changer les lieux de départ des cortèges, faute de temps pour prévenir l’ensemble de leurs adhérents.»
Le stratagème est imparable : dès lors que les tracts ont été distribués à la volée ou, pire encore, qu’un mot d’ordre a été lâché sur Internet via Facebook, les forces de l’ordre se retrouvent devant le fait accompli.
«Chaque manifestation à risque fait l’objet d’un marchandage permanent, de négociations où l’on apprend les vertus de la sagesse et de la tolérance, concède Jean-François Demarais, patron de la DOPC. Faute de pouvoir trouver un accord par téléphone avec le comité de soutien de Tarnac (demandant alors la libération du présumé terroriste Julien Coupat, NDLR), nous avions proposé par e-mails des itinéraires qui ont tous été rejetés. Les organisateurs nous avaient promis que le mouvement serait festif…» Et la situation de blocage a dégénéré, lorsqu’une dizaine d’unités mobiles – soit 850 hommes – ont été mobilisées en urgence, pour contenir 500 sympathisants d’extrême gauche partis du quartier des Halles pour assiéger le siège de l’administration pénitentiaire en jetant pierres, cocktails Molotov, bombes d’artifices et boules de pétanque. «Adoptant une nouvelle technique, ces militants se métamorphosent en casseurs en évoluant au sein du cortège, témoigne un commissaire parisien. À l’approche de leurs cibles, sans ralentir le pas, ils se couvrent le visage de masques blancs ou de foulards, enfilent pour certains des tenues noirs et sortent les bâtons et armes de fortune…»
C’est ainsi que le 31 janvier dernier, devant la maison d’arrêt de la Santé, 800 manifestants proches de l’ultragauche, dont 250 «teufeurs», ont tiré des fusées sur les CRS. Sept ont été victimes de brûlures, de contusions, de coupures, de douleurs aux oreilles. Un huitième, grièvement blessé, a eu la rotule arrachée. «Au moment de la dispersion, les casseurs jettent leurs bidons d’essence, se rechangent, reprennent leur allure d’étudiants sages avant de se disperser et de se fondre dans le décor, reprend le commissaire. Les interpellations deviennent plus délicates…»
Lors du premier trimestre, le nombre des manifestations sauvages a explosé de 62% dans la capitale, passant 187 à 303. Soit presque deux par jour. Outre les activistes d’extrême gauche, les crânes rasés de la droite ultra et les militants anti-avortement de SOS tout-petits figurent parmi les plus «récalcitrants». Mais, contrairement à ce que laissent entendre ses détracteurs, la Préfecture de police ne cherche pas à museler les contestataires : depuis janvier, aucune manifestation n’a été interdite. L’année dernière, moins de 1% des 2.611 rassemblements avaient été frappés de veto. Étaient visés le groupuscule Solidarité des Français (SDF) – à plusieurs reprises – distribuant une soupe à base de porc pour discriminer les musulmans, le Comité Tamoul-France ou encore la commémoration de la mort du militant nationaliste Sébastien Deyzieux.
Comme le souligne la note confidentielle portée à la connaissance du Figaro, «le nombre des participants à des manifestations revendicatives a augmenté sur les six premiers mois de l’année : 1.488.042 personnes ont foulé le pavé parisien, contre 1.163.425 pour 2008, soit une hausse de 27,90%». Plus nombreux, les manifestants se sont en outre montrés plus violents. Ainsi, le nombre des policiers et gendarmes blessés a bondi de 318% entre janvier et mai derniers. «Certains ne veulent plus négocier avec la police, déplore Jean-François Demarais. Sans crier gare, ils se livrent à des actions inopinées en vandalisant et transformant tout ce qui leur tombe sous la main en armes de fortune contre nos fonctionnaires…» Désormais, à la veille des manifestations à risque, la Préfecture de police fait le «ménage» le long du parcours, enlevant les voitures et vidant les chantiers pour éviter que les outils volent sur les gardiens de la paix.
Le secours inattendu de la CGT
Pour l’heure, les 1.300 policiers en charge de l’ordre public à Paris font face, même s’ils risquent à terme de ployer sous la charge croissante des missions. Comme celles, cet automne, d’évacuer à plusieurs reprises la Sorbonne occupée par les étudiants en colère ou d’encadrer plusieurs fois par semaine les mêmes manifestations rituelles des sans-papiers ou des sans-logis. «La multiplication de ces modestes rassemblements grignote nos effectifs et empoisonne la vie des Parisiens», grogne un haut fonctionnaire qui n’hésite plus à pourfendre l’«abus du droit de manifester».
Parfois, les policiers parisiens profitent de secours inattendus, comme celui de la CGT qui a évacué la bourse du travail, rue Charlot à Paris (IIIe), occupée depuis quatorze mois par des sans-papiers. Ces derniers ont été délogés sous les yeux des policiers, cantonnés à l’extérieur.
Soucieuse d’éviter les excès, la Préfecture de police de Paris multiplie les procédures contre les organisateurs de manifestations illicites, comme cela a été fait pour l’association Droit au logement (DAL). En théorie, les fautifs encourent six mois d’emprisonnement et 7.500 euros d’amende. Par ailleurs, les identités et les motivations de certains déclarants sont examinées avec soin par la Direction du renseignement afin d’anticiper tout problème, tandis que 155 agents parisiens en civil d’une très discrète brigade d’information de voie publique (BIVP) passent au crible chaque manifestation pour y déceler tout élément à risque. Chaque soir, le préfet de police Michel Gaudin fait un point dans son bureau. Nul doute que ce stratège conserve souvent à l’esprit ce mot de Napoléon : «Je suis plus inquiet d’un rhume à Paris que d’une épidémie en province».