Archive de la catégorie ‘Methodes policieres’

Aux Minguettes, prison ferme sur la simple parole des flics mercredi 28 juillet 2010

Jeudi 5 août 2010

Une fois de plus c’est la parole de la police, seule, sans complément d’enquête et contre l’avis des témoins et des prévenus qui va envoyer deux personnes, L. et J. en prison pour respectivement cinq et trois mois de prison ferme, plus 900€ de dommages et intérêts pour L.

L’action se situe aux Minguettes, lundi 5 juillet. L. est arrêté par trois membres de la BAC alors qu’il prévient ses amis de l’arrivée des decks au pied de l’immeuble. L’arrestation de L. n’a rien à voir coté policier et coté arrêté : d’un coté les insultes des flics et leur violence, mais pour la police un acte qualifié de « rebellion avec violence contre un agent de police ».

Durant son interpellation quelques habitants du quartier se rapprochent (150 personnes selon la police), insultent les policiers, et leur lancent des projectiles divers (toujours version de la police). Sont appelés en renfort deux équipages de la BAC(entre 6 et 7 BACeux forment un équipage) qui attaquent la foule à la grenade lacrymogène ! Pourtant, selon divers témoins, c’est à peine une quinzaine de personnes qui s’est rapprochée lors de l’arrestation, et quelques projectiles seulement ont été lancés sur les policiers.

J. s’occupe dans le parc à proximité de sa fille de deux ans, s’approche pour observer puis remonte chez lui. Bien que la présence de sa fille rende peu plausible une participation à une émeute spontanée, la BAC interviendra pour l’arrêter à son domicile dans la foulée, non sans avoir défoncer la porte d’entrée à coup de bélier. Il perd une dent dans la violence de l’arrestation.

L’émeute a donc beau être un fantasme de la police, elle envoie en taule deux personnes sur la simple parole des BACeux. Mais peut-être ces derniers cherchent-ils à présenter leur travail comme plus risqué pour pouvoir bénéficier, à l’instar de leurs collègues grenoblois, de quelques vacances aux frais du contribuable… Ou alors est-ce un épisode de plus de harcèlement réussi : à la Villeneuve comme ailleurs, ça sent de plus en plus la poudre entre la population et la BAC. Source : Le Progrès (une nouvelle fois du côté de la police sans se poser de question) et Lyon Cap’ qui a fait un article intéressant par contre : http://www.lyoncapitale.fr/lyoncapitale/journal/univers/Actualite/Justice/Minguettes-prison-ferme-pour-un-caillassage-de-la-BAC

http://rebellyon.info

Violences policières du 21 juin à Poitiers : jusqu’où la justice soutiendra-t-elle ?

Dimanche 18 juillet 2010

Violences policières du 21 juin à Poitiers : jusqu’où la justice soutiendra-t-elle ? dans 21 juin Logo2CAR-1024x346

Si la presse, à chaud et sous la pression des événements ne dispose pour donner l’information que des éléments fournis par la police, elle le fait surtout au début des «  affaires » . Que ce soit pour le 10 octobre ou pour le 21 juin à Poitiers, ces mêmes médias ont peu à peu infléchi cette ligne pour prendre en compte les versions émanant d’autres interlocuteurs, faisant ainsi des analyses plus pluralistes et plus nuancées.

En va-t-il de même pour la justice ? Concernant le 10 octobre, cette dernière ayant immédiatement suivi ce que lui servait la police a condamné lourdement, et elle n’est pas, par la suite, revenue sur ces peines disproportionnées. Pouvait-elle d’ailleurs vraiment le faire ? Il semblerait que non : ç’aurait été désavouer la police. Elle s’est pourtant, par là, largement décrédibilisée. Car enfin, mettre en prison sans preuves des personnes qui n’avaient jamais été condamnées et qui étaient connues pour leur engagement politique, et surtout confirmer cette décision en appel trois mois plus tard, a montré aux yeux de tous – y compris de la presse – une justice couvrant la police et aux ordres du ministère de l’Intérieur.

La justice, y compris le parquet, peut pourtant ne pas s’aligner sur la police. On l’a vu en mars dernier où Nina a été relaxée suite à l’appel du procureur : durant ce procès, l’avocat général a suggéré une telle fin, en démontant tous les éléments de l’accusation parce que la procédure n’avait pas été suivie correctement, et en s’en remettant au tribunal.

En ce qui concerne le 21 juin, les accusés, forts de ce qui s’était passé en octobre dernier, ont refusé la comparution immédiate. Ils et elles ont été jugés le 8 juillet lors d’un procès marathon qui a parfois été critiqué pour sa durée. Mais l’attitude pointilleuse du président n’était-elle pas la seule façon d’éviter la justice expéditive précédemment exercée ? Lors de ce procès au long cours, les incohérences et contradictions dans les déclarations des policiers sont clairement ressorties, en particulier celles du commissaire Papineau, Directeur Départemental de la Sécurité Publique. Et de même leurs omissions – comme faire état d’une condamnation antérieure de l’un d’eux pour violences sans préciser qu’il avait été relaxé, n’étant en rien responsable de ces violences. Et bien d’autres éléments sont apparus nettement : que l’accusation reposait sur les seuls témoignages des policiers, également partie civile, alors que d’autres personnes avaient été témoins des événements – la défense en a ainsi produit six ; que l’enquête sur le terrain avait été inexistante… et surtout que les choses ne s’étaient pas passées comme l’accusation le prétendait, mais bien comme les prévenus et leurs avocats ne cessent de le dire : c’est un véritable tabassage policier de militants et militantes connus pour leur engagement politique qui a eu lieu lors de la Fête de la musique à Poitiers !

Pour le Comité contre la répression des mouvements sociaux, ces événements sont une illustration supplémentaire des méthodes de répression policières mises en œuvre contre les mouvements sociaux, et en particulier certains de leurs acteurs et actrices – des méthodes expérimentées dans les quartiers puis généralisées : harcèlement suivi de tabassages, d’arrestations, de gardes à vue prolongées et de procès. Que les forces de l’« ordre » se sentent aussi libres dans leurs façons d’agir traduit un rapport de forces en leur faveur. Grévistes, jeunes militants, sans-papiers, « radicaux » en font les frais depuis trop longtemps.

Relaxe de tous les inculpés du 21 juin !

Rassemblement devant le palais de justice de Poitiers le 28 juillet à 18 h

Soutien lors du délibéré, le 29 juillet à 14 h !

Comité poitevin contre la répression des mouvements sociauxantirep86@free.frhttp://antirep86.free.fr

Le témoignage anonyme rémunéré est une dérive LeMonde | 05.07.10

Dimanche 11 juillet 2010
         

 

 

Le procès dit des « cinq de Villiers-le-Bel » met en lumière une nouvelle pratique indissociablement policière et judiciaire qui mérite d’être examinée avec attention : le recours à des témoignages anonymes rémunérés. Rappel des faits. Deux jours après les émeutes, le 29 novembre 2007, le chef de l’Etat déclare, à l’occasion d’un discours sur la sécurité devant des policiers et des gendarmes réunis à la Défense : « Mettez les moyens que vous voulez (…), ça ne peut pas rester impuni, c’est une priorité absolue. »

Le 3 décembre 2007, les services de police distribuent dans les boîtes aux lettres du quartier du Bois-Joli deux mille exemplaires d’un tract ainsi rédigé : « La police judiciaire de Versailles recherche tout témoignage relatif aux coups de feu tirés contre des policiers au cours des soirées et des nuits du 25 au 26 et du 26 au 27 novembre 2007. Si vous disposez de renseignements, merci d’appeler le numéro vert de la brigade criminelle au : 0800 33 60 98. L’appel est gratuit et votre anonymat sera préservé. Tout élément susceptible d’orienter favorablement les enquêtes en cours pourra faire l’objet d’une rémunération. »

Dans la presse, Jean Espitalier, directeur régional de la PJ de Versailles, explique : « Nous avons fait ces tracts pour que les témoins des coups de feu soient assurés qu’ils pourront témoigner sous X et que les témoignages qui permettront de faire avancer les investigations seront récompensés à hauteur de plusieurs milliers d’euros. » De fait, plusieurs témoignages « sous X » sont ensuite recueillis au cours de l’enquête. Première question : cette méthode est-elle légale ? Rien n’est moins sûr. L’article 15-1 de la loi n° 95-73 du 21 janvier 1995, introduit par la loi dite « Perben 2″ du 9 mars 2004, prévoit bien la possibilité d’une rémunération, mais pas des témoins : « Les services de police et de gendarmerie peuvent rétribuer toute personne étrangère aux administrations publiques qui leur a fourni des renseignements ayant amené directement soit la découverte de crimes ou de délits, soit l’identification des auteurs de crimes ou de délits. »

Bref, ce texte légalise – c’est d’ailleurs ainsi qu’il avait été commenté en son temps – la rémunération des indicateurs (l’arrêté correspondant du 20 janvier 2006 fait d’ailleurs bien référence à « la rétribution de l’informateur »). Or un indicateur n’est pas un témoin, un renseignement n’est pas un témoignage. En procédure, l’information émanant d’un indicateur se traduit par la rédaction d’un procès-verbal de renseignement judiciaire, qui n’a pas, et pour cause, la même portée qu’un témoignage, même si, en matière pénale, la preuve est dite « libre ».

Autrement dit, il n’y a certes pas de hiérarchie juridique des éléments de preuve dans une procédure pénale, mais il ne fait pas de doute que tous ces éléments n’ont pas la même forme ni la même force judiciaire (autre exemple : l’ADN du suspect retrouvé sur l’arme du crime pèse logiquement plus lourd qu’un témoignage indirect). Ne serait-ce que pour cette raison : le témoin prête serment de dire « toute la vérité, rien que la vérité ».

S’il ment, il peut être poursuivi pour faux témoignage. Le tract policier du 3 décembre 2007 mélange allègrement ces deux concepts, renseignement et témoignage. Cette confusion serait anecdotique si les enquêteurs n’avaient pas recueilli, en l’espèce, des témoignages anonymes au sens strict du terme, mais c’est précisément ce qu’ils ont fait ! Pour mémoire, la procédure de témoignage anonyme a été instaurée par la loi du 15 novembre 2001 « sur la sécurité quotidienne », soit près de trois ans avant le texte sur la rémunération des indicateurs.

Son champ d’application a été élargi par la loi dite « Perben 1″ du 9 septembre 2002. Elle figure à l’article 706-58 du code de procédure pénale. La personne qui en fait l’objet est explicitement désignée par la loi comme un « témoin » et non comme un « informateur ». Aucune rétribution de ce témoin n’est prévue. Juridiquement, la différence peut sembler faible, car il est à chaque fois question d’une personne dont les déclarations sont susceptibles de faire progresser l’enquête, mais il est significatif que le législateur n’ait jamais explicitement autorisé la rémunération des témoins, qu’ils soient d’ailleurs anonymes ou non. En pratique, la différence est de taille, car un « informateur » est susceptible d’entretenir des relations suivies avec les services d’enquête – d’où la possibilité de le rémunérer ! -, ce qui n’est a priori pas le cas d’un témoin, sauf à ce que les mots n’aient plus aucun sens. Par conséquent, la légalité de l’appel à témoins anonymes rémunérés dont il est question ici et des témoignages ainsi recueillis est pour le moins douteuse.

A supposer que cette pratique soit légale, est-elle judiciairement acceptable ? Il n’est pas possible pour la Cour d’assises de savoir si les témoignages anonymes recueillis ont donné lieu ou non à rémunération par la police. En effet, il résulte de l’arrêté du 20 janvier 2006 que la rétribution des indicateurs relève de la compétence exclusive du directeur général de la police ou de la gendarmerie nationale.

Autrement dit, il est parfaitement possible, et même très probable au regard du tract diffusé par la PJ de Versailles – mais sans qu’on puisse en avoir a priori la certitude ! -, que les fameux témoins anonymes du procès de Pontoise soient en réalité des informateurs payés par la police.

Quand on sait qu’un témoignage est fragile par définition (subjectivité, mémoire, intérêt à dire une chose plutôt qu’une autre…), quand on sait que le témoignage « sous X » l’est plus encore (déclarations plus floues – et donc plus difficilement vérifiables – pour éviter l’identification du témoin, effet de déresponsabilisation de l’anonymat), on peut penser que le témoignage anonyme rémunéré – objectivement intéressé, donc – est une aberration judiciaire. Il n’est pas anodin qu’une telle aberration ait surgi dans cette affaire où, parce qu’il était question de policiers d’une part et de « jeunes de cité » d’autre part, tout était permis : « Mettez les moyens que vous voulez… » Au fondement du droit, de la justice et de la démocratie, il y a pourtant cette idée forte : la fin ne justifie pas les moyens.

Matthieu Bonduelle, secrétaire général du Syndicat de la magistrature

Justice sans climatisation NR 10/07/2010

Samedi 10 juillet 2010

Deux pauvres ventilateurs qui brassent à grand-peine l’air lourd du tribunal. Ça sent la sueur, il faut s’éponger le front et s’éventer la figure. On imagine ce que doivent endurer magistrats et avocats sous leurs lourdes robes noires. Engoncée dans son habit traditionnel, la justice est moite comme dans un film de genre. Une ambiance à la Midnight Express. Sauf qu’on est bien à Poitiers, et pas dans la Turquie des années soixante-dix.
Est-ce bien raisonnable de juger des jeunes gens à plus de trois heures du matin, un jour de canicule ? Est-on en mesure d’apprécier à leur juste valeur telle attitude d’un prévenu, tel argument d’un avocat ? Jeudi soir, jamais l’un des trois juges n’a levé les yeux vers la pendule. Jamais ils n’ont cillé. Concentrés sur leur mission de service public, les magistrats ont été au bout du fond du dossier, pour ne prêter le flanc à aucune critique de procédure.

Une nuit au tribunal correctionnel NR 10/07/2010

Samedi 10 juillet 2010

Dix heures de débat pour une audience qui s’est terminée à 4 h 15. Un record pour le tribunal correctionnel de Poitiers. Six prévenus, douze parties civiles, six témoins et un président, Jérôme Carbonel, qui avait décidé de laisser du temps de parole à tous, s’interdisant de passer à côté du moindre détail, selon son habitude. « La seule façon de rendre la justice sereinement », commente-t-on au palais.
La qualité, ça prend du temps. Et la procédure a ses contraintes. Ce dossier était venu une première fois à l’audience le 23 juin, en comparution immédiate. Les prévenus avaient demandé un délai pour préparer leur défense. « On ne pouvait pas renvoyer l’audience aux calendes, explique un magistrat. Qu’auriez-vous écrit si la détention provisoire du dernier détenu avait été prolongée pendant des semaines ? » Il a fallu inscrire le dossier au rôle d’une audience déjà chargée.
Le procureur craque

Dix heures d’audience, ça marque les organismes. Surtout quand il fait 35C° dehors et que la salle n’est pas climatisée. Visages luisants, aisselles poisseuses, le public va s’éventer toute la nuit avec le moindre bout de papier. Les canettes du distributeur dégringolent aussi régulièrement qu’apparaissent les cernes sous les yeux des avocates. A chaque suspension, c’est la chasse à la bouteille d’eau. Le vice-procureur craque le premier. Victime d’un malaise à 2 h 20 du matin, il déclare forfait. Il faut tirer du lit le substitut de permanence. Pour continuer d’avancer coûte que coûte dans ce dossier.
Il est trois heures passées. Les plaidoiries des avocats se succèdent. Couchée sur un banc dans le couloir contigu à la salle d’audience, une jeune gendarme a elle aussi déposé les armes. « On n’a pas mangé depuis ce matin », l’excuse un collègue. Dernière suspension. Pour que le tribunal statue sur la remise en liberté d’Adrien, le seul prévenu encore en détention provisoire. Il sort libre du tribunal. Ses potes applaudissent. L’orage gronde, la pluie disperse les militants. Les CRS remontent dans leurs fourgons.

Ph.B.

Un procès peut-il ramener la paix sociale à Poitiers ? NR 10/07/2010

Samedi 10 juillet 2010

Il aura fallu dix heures d’audience pour que les protagonistes des heurts de la fête de la Musique puissent tous s’exprimer. Jugement le 29 juillet.

Pendant une suspension de l'audience, il  est trois heures du matin, il fait encore 35°C dans la salle, tout le  monde est parti chercher un peu de fraîcheur. -

Pendant une suspension de l’audience, il est trois heures du matin, il fait encore 35°C dans la salle, tout le monde est parti chercher un peu de fraîcheur. –  - Photo NR

Un procès peut-il ramener la paix sociale à Poitiers ? NR 10/07/2010 dans 21 juin

Il est 4 h 15 du matin, le président du tribunal correctionnel préfère se donner quelques jours de réflexion pour rendre sa décision. Les six jeunes prévenus qui lui font face seront fixés sur leur sort le 29 juillet à 14 h. Tous les six étaient poursuivis pour des faits de violences, rébellions et outrages commis le soir de la fête de la musique à Poitiers (voir nos précédentes éditions).
Ce soir-là, le commissaire de police Jean-François Papineau a pris en chasse une jeune femme, Nina, qu’il soupçonnait d’avoir jeté une bouteille en verre dans sa direction et proféré une menace de mort. Il l’intercepte place de la Liberté. L’interpellation est contestée par cinq jeunes qui ont suivi la course-poursuite, qui sont à leur tour interpellés.
Depuis, deux versions s’opposent. Les auditions des policiers font état de violences, de rébellion et d’outrages. Les jeunes, eux, affirment qu’ils ont été au contraire victimes de violences policières. D’un côté de la barre, les policiers font bloc. « Je n’ai rarement vu autant de violence lors d’une interpellation que ce soir-là », assure l’un d’eux.
 » Dégagez de là, bande d’anarchistes !  »

De l’autre, la défense a retrouvé six témoins de la scène, qui dédouanent unanimement les jeunes. Justine, par exemple, se demande pourquoi elle n’a pas été embarquée comme les autres. Peut-être parce qu’elle ne s’est pas sentie visée quand un policier a crié : « Dégagez de là, bande d’anarchistes ! »
Anarchiste. Le mot est lâché. Ça faisait plusieurs heures qu’on tournait autour du pot sans oser y plonger la cuiller. M e Arzel, l’avocat des policiers, ne veut pas l’entendre : « C’est une affaire de droit commun. » Il ne veut pas entrer dans le débat « sur la conception des uns et des autres du rôle de la police », mais choisit soigneusement ses termes au sujet du maintien de l’ordre « qui est sous monopole et contrôle de l’État ». Et de réclamer une addition 13.000 euros de dommages et intérêts pour les douze policiers qui se sont constitués parties civiles.
Le vice-procureur, Éric Virbel, veut lui aussi évacuer le spectre du complot policier contre des militants anarchistes. « Cette affaire démarre sur le jet d’une bouteille de verre, un point c’est tout. Si la suspecte n’avait pas pris la fuite, rien ne serait arrivé. »
Prison ferme requise

Selon lui, les six jeunes sont coupables « de violences contre des policiers commises en marge d’une manifestation culturelle populaire ». Des « actes graves » qu’il demande de sanctionner par quatre à six mois prison ferme pour cinq prévenus et d’une peine de travail d’intérêt général pour la sixième, dont le casier judiciaire est vierge.
Les avocats, eux, réclament la relaxe pour tout le monde, ou presque. Seule exception pour l’outrage reproché à Clément, qui a reconnu avoir insulté les policiers, ce qui expliquerait le « visage massacré » qu’il a présenté à son avocate à l’issue de sa garde à vue. Pour le reste, le dossier « a été entièrement brodé par la police, mais sans qu’il y ait une véritable enquête de terrain », estime M e Malika Ménard. La défense n’a de cesse de politiser le débat. « Des jeunes qui ne pensent pas comme tout le monde, ça agace », explique M e Simone Brunet qui pointe du doigt la responsabilité du directeur de la police : « Jamais un policier n’a autant cristallisé les tensions de la jeunesse, et pas seulement d’elle. »

Philippe Bonnet

Pause Centre Presse 09-07-10

Vendredi 9 juillet 2010

Poitiers n’en finit plus de se débattre, cernée qu’elle est par deux affaires judiciaires qui lui pèsent sur la conscience et la morale. La première, un peu lointaine, est pourtant toujours dans les esprits. Si loin, si proche. C’était le 10octobre 2009. Ce jour où la paisible capitale régionale découvrait les casseurs de rue. S’en était suivie une comparution immédiate, dans l’urgence, sur laquelle planait l’ombre du pouvoir politique. Et du coup, celle du doute. Hier, la justice a pris son temps. Elle a même cherché à l’arrêter. A la barre, le président d’audience a choisi le mode pause. Il a figé la course-poursuite, gelé la scène du «crime». Posé des dizaines de questions, aux prévenus, comme aux policiers. Une sorte de projection en 3D, comme dans les séries policières, mais en version orale, à l’ancienne. Les faits décortiqués à l’extrême. Hier, la justice s’est appliquée à faire la lumière. Pour laver, inconsciemment peut-être, cette tâche d’ombre du 10octobre.

Jean-Yves LE NEZET

Justice en public CP 09-07-10

Vendredi 9 juillet 2010

OAS_AD(‘Position1′);Justice en public CP 09-07-10 dans 21 juin

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60 à 80 personnes sont venues soutenir les prévenus.

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Soixante à quatre-vingts personnes ont répondu hier à l’appel du Comité poitevin contre la répression des mouvements sociaux pour soutenir les six prévenus. Tous n’ont pas trouvé de place dans la salle d’audience surchauffée, même si le président du tribunal a clairement invité les policiers à les laisser entrer «tant qu’il y aura des places assises». Pas question de rendre la justice en catimini dans une affaire qui a déjà fait couler pas mal d’encre. Les familles des prévenus et leurs amis ont pu trouver une place. Les policiers qui se sont constitués parties civiles aussi. A l’extérieur, sur les marches, un autre groupe s’était mis à l’ombre. «Il n’y a pas que des gens d’ici», remarque un policier. «On vient du sud de la France, pour soutenir des camarades», confirmera un jeune homme, soupçonneux à l’égard de ce journaliste qui photographie la scène: «Vous n’êtes pas de la police?»
Pendant l’audience, le public est plutôt calme. Il bruisse un peu quand un policier dit de l’une des prévenues «qu’elle avait une force supérieure à la normale». Il sourit quand le commissaire Papineau est titillé par les avocates. Et rigole carrément quand un autre policier explique qu’un prévenu a pu se blesser en donnant des coups de tête sur le sol. Le fonctionnaire ne bronche pas. Chaque camp reste ferme sur ses principes. Mais, au moins, tous ont la parole. En public.

Jean-Yves LE NEZET

Jeunes anti-flics ou flics anti-jeunes ? Centre Presse 09-07-10

Vendredi 9 juillet 2010

Dernière minute : le procès fleuve c’est terminé après 4 heures du matin… Le rendu aura lieu le 29 juillet. Adrien est libre.

 

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Au procès (marathon) des interpellés de la fête de la Musique hier, la question a été de savoir qui, des jeunes ou des policiers, avaient ouvert les hostilités.

 

Jeunes anti-flics ou flics anti-jeunes ? Centre Presse 09-07-10 dans 21 juin 130x130_43630

Le procès s’est déroulé devant une salle comble.

pbonnet

 

Jusque tard dans la nuit, s’est joué hier devant le tribunal correctionnel un nouvel épisode des tensions qui, depuis plusieurs mois, opposent les services de police à certains jeunes de Poitiers. Devant le tribunal, six gamins poursuivis pour violences, rébellions, injures… envers les policiers. Dans la salle d’audience, leurs copains et les sympathisants du comité poitevin de lutte contre la répression des mouvements sociaux. Dans la salle des pas perdus, la moitié de l’effectif du commissariat. Ce n’était pas un procès ordinaire.

 

« Elle a resserré
sa cagoule
et est partie
en trombe »
C’était ce 21 juin, vers 1h30 du matin, la fête de la musique se terminait tranquillement. Le patron de la police Jean-François Papineau rejoignait seul ses équipes encore sur le terrain. Arrivant sur la place Notre-Dame, il a entendu le bruit d’une bouteille qui se fracassait par terre, derrière lui, et un «Papineau, on aura ta peau». «Je me suis retourné, est-il venu témoigner à la barre. J’ai vu une silhouette sombre, j’ai décidé de ne pas aller au contact, je ne voulais pas qu’il y ait d’incident, j’ai appelé les renforts, elle a compris, elle a resserré sa cagoule et est partie en trombe…» Course-poursuite dans les rues, jusqu’à la place de la liberté. Où Nina Soulard a finalement été interpellée. Cinq jeunes ont été arrêtés dans les minutes suivantes. Selon les policiers, ils tentaient d’empêcher l’interpellation de la jeune femme. Tous ce sont retrouvés à la barre.
Devant les juges, chaque camp y est allé de sa version de l’interpellation. Une sorte de joute verbale façon parole contre parole.
D’un côté, les policiers. Qui, parties civiles, décrivent une Nina particulièrement énervée lors son arrestation, se débattant pour se libérer. Des policiers qui dénoncent des jeunes gens «extrêmement virulents», «prêts à en découdre» et débitant le classique répertoire anti-flic…
De l’autre, les prévenus. Qui nient toute provocation. Qui démentent (presque) toutes les insultes. Qui accusent même les policiers d’acharnement, de tabassage et autres humiliations durant la garde à vue («J’ai demandé une couverture, j’avais froid, un policier m’a dit que j’avais qu’à me la tricoter avec mes petites mains, c’est inadmissible»).
Petit jeu du chat
et de la souris
Et les avocats de la défense. Qui laissent entendre que les policiers ont peut-être été trop pressés d’embarquer ces jeunes, « tapant » dans ce groupe qui, depuis des mois, leur donne du fil à retordre, qui les entraîne dans ce qu’un des policiers qualifie de «petit jeu du chat et de la souris».
Une avocate de la défense à un policier: «Comment parlez-vous de ce groupe entre vous, au commissariat?
- Comme des gens habitués à fréquenter le poste», tranche l’agent qui se défend de faire «une fixation sur eux» et les accuse de faire «de la provocation policière».
- «Vous ne leur donner aucune coloration politique?», insiste l’avocate, qui cherche à lui faire parler des «anar’».
- «Et pourquoi ?!, s’offusque le policier. Je ne suis pas au ordre d’un parti, moi! Je suis aux ordres de la République.»
Au détour du procès, le président d’audience demande à l’un des prévenus s’il a réellement dit à un policier qui lui passait les menottes: «On vous a bien fumé le 10octobre et on va continuer.» «Pas du tout, rétorque le garçon. Je veux pas avoir d’ennui avec la police…»
Les débats se sont poursuivis jusque tard dans la nuit. Très tard.

Lire également

Justice en public.

 

Emmanuel TOURON

Poitiers : Manifestants et policiers en avant-première Centre Presse 08-07-10

Jeudi 8 juillet 2010

 

Poitiers : Manifestants et policiers en avant-première Centre Presse 08-07-10 dans 21 juin 130x130_43540

Les manifestants ont défilé dans les rues et le calme.

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Cet après-midi, se tiendra le procès des jeunes gens interpellés au soir de la fête de la musique à Poitiers. Dès hier, le « comité poitevin contre la répression des mouvements sociaux » avait appelé à un rassemblement au pied du palais de justice, opération quelque peu noyée dans la braderie. Et si les policiers en civil ont profité de la foule pour se fondre dans le décor, les CRS, eux, bien qu’en retrait dans la rue Gaston-Hulin, étaient parfaitement visibles.

Le comité poitevin affirme que les heurts survenus à Poitiers dans la nuit du 21juin entre jeunes Poitevins et policiers relèvent d’«un véritable tabassage policier de militants connus pour leur engagement politique». Un porte-parole des manifestants a ajouté que Poitiers est devenue «un terrain d’expérimentation pour la répression des mouvements sociaux» et a exhorté les troupes pour que Poitiers devienne «un terrain d’expérimentation de la résistance».
Quelque cent trente manifestants ont ensuite fait mouvement dans les rues de Poitiers.
Notons qu’un des participants de la braderie a peu goûté cette manifestation, affirmant qu’elle lui avait fait perdre des clients. Comprendra qui pourra, c’était un marchand de sucettes…

Emmanuel TOURON

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