Archive de la catégorie ‘Methodes policieres’

Nouveau RDV lundi 8 à 18h devant le palais de justice

Samedi 6 février 2010

pour ceux qui n’étaient pas à la « fin » devant le palais de justice nous avons décidé de se donner à nouveau RDV lundi 8 à 18h devant ce même palais de justice pour faire le point. en effet la police qui est censée prévenir les débordements et non en provoquer a interpellé plusieurs manifestants avec violence au moment de la dispersion. manifestants qui n’avaient rien fait puisque tout se passait le plus pacifiquement du monde.

à l’heure où je vous écris l’un d’eux V. a été libéré mais je ne sais rien pour les autres, il n’empêche qu’il est urgent de dénoncer ces débordements des forces de l’ordre,nous vous proposerons donc lundi un texte court à signer et à communiquer à la presse s’il vous convient.

Yves Judde p/la Cimade

Michèle Dominguez p/le Collectif contre les expulsions et pour le droit de vivre en France

Trois mois ferme pour le SDF NR 05-02-10

Vendredi 5 février 2010

Lire sur le site
David n’est pas présent à l’audience. Il a disparu de la circulation. Même son avocat n’a « plus de nouvelles de lui ».Pourtant, hier, la cour d’appel se (re) penchait sur le cas de ce SDF de 28 ans, qui le 19 août 2009 a proféré des insultes et des menaces de mort à l’encontre d’un policier dans les rues piétonnes de Poitiers.

Peine marquante

Selon le policier et deux de ses collègues, David l’aurait traité de fasciste et de raciste et l’aurait menacé : « Je connais tes enfants, ta voiture et ton domicile : tu vas voir ».
Le 13 octobre, le tribunal correctionnel condamne le SDF à trois mois de prison avec sursis et 140 h de TIG (travail d’intérêt général). Pas suffisant aux yeux du ministère public qui a décidé de faire appel. « C’est la 9e affaire de ce type. Il n’a que faire des condamnations contre lui » proteste, Jean-Claude Belot, l’avocat général, qui réclame une « peine réellement marquante ». La cour d’appel l’entend : trois mois ferme.

B.D.

Qu’est-ce qu’un État totalitaire au « Téléphone sonne sur France Inter »

Mardi 2 février 2010

Le contexte…

Une journée spéciale sur France Inter sur la « Garde A Vue »

Emission

lundi 1er février 2010

Justice : pourquoi le nombre de gardes à vue a-t-il augmenté à ce point

? (En partenariat avec le Nouvel Observateur)

avec :

- Maître Christian Charrière-Bournazel, ancien Bâtonnier du Barreau de

Paris,

- Commissaire divisionnaire Richard Srecki, Chef de la sûreté

territoriale du Val de Marne, membre du Syndicat des Commissaires de la

Police nationale,

- François Zocchetto, Sénateur de la Mayenne, membre de l’Union

centriste, associé aux travaux du Ministère de la Justice sur la réforme

de la procédure pénale,

- Et Olivier Toscer, Journaliste du service « Notre époque » du Nouvel Observateur.

Ou comment, lors d’un contrôle policier, on peut se retrouver en « GAV »simplement en demandant à des policiers ce qui se passe…

6 minutes 45 extraites de l’émission qui fut par ailleurs très intéressante.

http://antirep86.free.fr/010210_France_inter_ le_telephone_sonne_la_GAV.mp3

 

Daniel Mermet dans « Là bas si j’y suis » avait fait il y a un peu plus

d’un an deux émissions sur le sujet qu’il a rediffusées dernièrement (http://www.la-bas.org/article.php3?id_article=1845 ).

Pourquoi les forces de l’ordre étaient-elles si nombreuses mercredi en fin d’après midi et jeudi matin à Poitiers ?

Mardi 26 janvier 2010

Nous pouvions lire dans la NR du 15 janvier 2010 : « Que ce soit aux abords du palais de justice ou à proximité de Notre-Dame-la-Grande, les fourgons bleus et blancs de la police ne sont pas passés inaperçus. A leur bord, plusieurs dizaines d’hommes, bien équipés, ont stationné jusqu’à hier midi pour « sécuriser » le procès en appel des événements du 10 octobre. »

En ces temps de frénésie sécuritaire nous avons entendu le bruit de bottes pendant deux jours dans Poitiers en quasi état de siège : quadrillage de la ville, omniprésence voyante et outrancière des forces de l’ordre, contrôles au faciès, demande de suppression des photos des appareils photos, pléthore de policiers en civil dans la manifestation et qui ont suivi les groupes de militants après la dispersion. Deux d’entre nous ont pu échanger quelques mots avec l’un d’eux : « Vous ne trouvez-pas que ce déploiement des forces de l’ordre est excessif ? » lui avons-nous demandé. « Vous ne trouvez pas que casser des vitrines est excessif » a t-il répondu. « Ah bon, il y a eu des vitrines cassées ce soir ? » lui a-t-on dit.

Cet échange de paroles n’est-il pas indicatif de ce qui se tramait mercredi soir ? Était-ce la peur des manifestants et des actions qu’ils auraient pu mener qui mobilisait tous ces policiers ? Pourtant il était évident que l’appel à se rassembler devant le Palais de justice émanait du Collectif Justice pour tous et du Comité poitevin contre la répression des mouvements sociaux, Comité soutenu par des associations, des syndicats et des partis politiques. Les Alternatifs Poitiers, les Verts-Vienne, le Nouveau parti anticapitaliste, l’Organisation communiste libertaire, le Parti de gauche 86, la section de Poitiers du Parti communiste français, SUD Éducation 86, SUD Étudiants Poitiers, l’Union locale Poitiers CNT, la Ligue des Droits de l’Homme et les élus présents auraient-ils vraiment pu mercredi soir « casser des vitrines » ? Soyons sérieux. Ne s’agissait-il pas alors ici comme ailleurs non seulement de dissuader les acteurs et les actrices de mouvements sociaux afin qu’ils hésitent de s’engager sur le terrain politique, mais de criminaliser les militants politiques ?

Cela est symptomatique de l’esprit du temps. Durant la manifestation du 17 octobre 2009 les élus de la République ont été enfermés avec les autres manifestants dans le parc et Blossac et humiliés par les forces de police. A Catherine Coutelle qui, souhaitant parlementer avec le directeur départemental de la sécurité publique, se présentait en tant que député, un fonctionnaire de police a répondu : « j’en ai rien à foutre ». Et à Yves Jean qui se présentait comme adjoint au maire de Poitiers, un autre a répondu : « et alors ? ». C’est pour cette raison que les conseillers municipaux adjoints au maire de Poitiers ont manifesté le 19 octobre avec leur écharpe tricolore et ont distribué une déclaration solennelle malheureusement pas assez explicite. Si même les élus sont traités comme des chiens, que penser du comportement des forces de l’ordre envers les militants politiques qui n’ont pas de mandat électoral ou qui refusent toute compromission avec le système électoraliste ?

S’il y avait autant de policiers à Poitiers avant et pendant les jugements de jeudi 14 janvier, n’était-ce pas aussi une manœuvre pour faire croire que les condamnés étaient bien ceux qui avaient agi, qu’ils avaient eu ce qu’il méritaient et qu’ils devaient même être encore plus punis ce qui est cohérent avec les demandes encore plus démesurées que lors du procès en comparution immédiate de l’avocat général ? Espérons que la justice ne tombera pas dans un piège aussi grossier et que Maître Brunet se trompe lorsqu’elle dit « Cinq relaxes d’un coup ? Ce sera délicat. Car comment des magistrats pourraient-ils désavouer la police ? » (NR 15 janvier 2010). Observons que les cinq affaires se ressemblent : les preuves manquent et tout repose sur les seuls témoignages des policiers. Les cinq condamnés : militants politiques, fils d’un élu PS de la ville de Poitiers, travailleurs précaires, marginaux, sont aussi pour ainsi dire tous connus des services de police. La police et le procureur savaient donc pertinemment qui ils poursuivaient. Et puis, il y a eu des précédents. En particulier Rodolphe Juge, ce jeune professeur parisien qui était allé le 3 avril 2008, encadrer les lycéens à une manifestation et qui s’est trouvé accusé par les policiers de leur avoir lancé un caillou. Il a été poursuivi pour « violence aggravée » et « insulte » (Cf. l’Humanité du 8 avril 2008. Il a heureusement été relaxé lors de son procès du 24 septembre 2008 ( Cf. l’Humanité du 24 septembre 2008). Il faut préciser qu’il a eu la chance que le ministre de l’intérieur ne soit pas intervenu après son interpellation et que la procureur a bien fait son travail.

Jean-Francois Chazerans – Comité poitevin contre la répression des mouvements sociaux.

Communiqué lycéens sur les évènements du jeudi 17 décembre au lycée Victor Hugo

Vendredi 8 janvier 2010

-7h30: une trentaine de lycéens bloque le lycée, il n’y a pas grand monde dehors, les professeurs et les élèves ne sont pas encore arrivés.

-7h45: la patrouille de nuit(une voiture et trois policiers) remarque l’évènement, appelle du renfort et s’occupe de la circulation sur deux voies au lieu de trois.

-7h50: Les lycéens s’amassent à la porte, les professeurs rentrent. La police commence à filmer (ce qu’ils feront tout le long de la matinée). Par le nombre ils débordent sur la route, il ne reste plus qu’une seule voie de circulation. Les lycéens, après demande durement refusée par la police nationale, tentent de bloquer la circulation.  Ce petit jeu dure une demi heure. L’effectif policier est renforcé (environ une quinzaine équipée).

-8h30: Ils essayent de faire partir un feu sur la route pour bloquer la circulation et pour réchauffer l’ensemble des élèves. La police intervient et éteint le feu. Spontanément, un groupe de lycéens plus nombreux bloque la voie de circulation restante en formant une grande chaîne qui s’étend sur le reste de la rue.

-8h35: l’effectif policier se renforce encore, la bac arrive et se poste devant le lycée en compagnie de leur supérieur hiérarchique, le commissaire Papineau.

Quelques minutes plus tard, après de sommaires provocations et après avoir aperçu une fille, bouteille d’alcool à brûler(75cl) à la main, en déverser un peu sur le sol, un policier intervient brutalement et charge sans sommation dans sa direction. Après lui être littéralement rentré dedans elle tombe et lâche sa bouteille qu’il récupère en priorité. Un lycéen a eu le temps de la prendre et de la ramener dans la chaîne. Ça commence à devenir sérieusement tendu, les policiers sont nerveux et la foule s’agite. Puis, il désigne un lycéen que deux agents interpellent violemment « non, non, c’est pas lui, c’est elle », ils le relâchent. Des personnes se mettent autour  de la fille. Trois personnes sont menottées, plaquées au sol et frappées pour, au final, un simple contrôle d’identité. Des lycéens solidaires tentent de s’interposer et subissent en réponse des menaces de la part des forces de l’ordre. Et d’autres sont contrôlés avec, certes, plus de retenue. La police interpelle un lycéen (relâché vingt minutes plus tard) et en violente certains, faces cachées, afin de filmer leur visage. Dans la foulée, les policiers débloquent très violemment le lycée et se placent en haie à l’entrée du bâtiment, position qu’ils tiendront au moins jusqu’à 10h00. Tous les interpellés ont été relâchés faute de chefs d’inculpation.

Les lycéens ont été surpris et très choqués de la répression ultra violente de la police nationale, de là à les arrêter…

Le feu de la colère lycéenne ne s’éteindra pas. Lycéen, si tu te sens concerné, mobilise toi!!!

Police : ça n’ fait rien, nous vivons un temps bien singulier…

Dimanche 3 janvier 2010

Témoignage sur un ensemble de faits survenus le 29 avril 2009 entre 15 et 16 h 30 en gare de Bordeaux St Jean.

De passage à Bordeaux, j’attendais un train qui me ramènerait à Poitiers. A mon entrée dans le hall, j’avais constaté que six policiers contrôlaient l’identité de jeunes assis par terre qui eux aussi attendaient leur train.

L’attente se faisait d’autant plus longue que les TGV en direction de Paris subissaient un retard dû à un problème situé, d’après les panneaux d’affichage, vers Tours… N’ayant rien d’autre à faire que regarder ce qui se passait autour de moi, il ne me fut donc pas difficile de constater que les forces de police déployaient une stratégie concertée, précise se voulant efficace…

Ils repéraient un susceptible «délinquant potentiel»… Il était jeune, noir ou asiatique, en tout cas étranger… Avait-il ses papiers ? était-il en règle ? Avait-il commis quelque larcin, était-il recherché ??? Ils se concertaient discrètement autour de leur chef, encerclaient leur « suspect », en faisant bien attention qu’il ne puisse s’échapper…

Ils lui demandaient alors ses papiers [1] à ce « suspect d’être très bronzé »… Et pour éviter, lors d’une future procédure judiciaire éventuelle, de se faire jeter par les tribunaux pour contrôle d’identité au « faciès », peut-être aussi pour éviter les réactions du style «pourquoi moi ?» : ils demandaient aux «bons français normaux» autour, de présenter les leurs.

Évidemment, les papiers pris à la cantonade étaient rendus après une lecture rapide [2]. Mais le permis de conduire du «grand jeune black avec plein de sacs de voyage [3]» a fait l’objet d’une interrogation des fichiers des personnes recherchées (et d’autres certainement, désolé, je ne suis pas un spécialiste !). Et puis… On lui a rendu ses papiers… Alles Klar ! [4]

J’étais vingt mètres plus loin… « Pas de pot pour moi», à ma droite (juste à côté, y a pas idée !) il y avait un homme de type asiatique (comme on dit dans la police… Vous voyez : on s’habitue !)… Et le stratagème a recommencé.

Les Flics et Fliquettes (désolé, ceux-là, je ne peux pas les respecter !) ont demandé ses papiers à ce «Monsieur» à moi et à quelques autres (dont une jeune fille aux habitudes vestimentaires pas trop BCBG, sait-on jamais si l’on pouvait faire d’un encerclement, deux coups !).

Après une lecture extrêmement rapide de ceux-ci, nos papiers nous ont été rendus. Le «Monsieur» avait un passeport en règle (ce fut encore vérifié par appel au fichier !). Comme j’ai fait remarquer à la Fliquette qui m’avait tancé, que c’était la première fois de ma vie que je subissais un contrôle d’identité et que je trouvais leurs méthodes pour le moins particulières, la jeune fille (pas BCBG) est passée comme nous au travers du filet (filet du contrôle : car elle non plus n’avait, j’en suis certain, rien à se reprocher).

Après cet épisode un tantinet contesté, les flics ont disparu comme une volée de moineaux, allant sans nul doute commettre d’autres « forfaitures légales » hors de notre vue.

Avec mes amis, j’ai bien tenté de parler de ce qu’elles venaient de vivre avec les personnes qui étaient autour de moi, en gros seul un couple d’anglais trouvait que l’usage de telles méthodes pouvait être assimilé à une grave atteinte aux libertés individuelles. Les autres étonnées, sous le choc, restaient sur le retrait ou parlaient du retard des trains et de la SNCF qui informait mal ses usagers (ce qui, en comparaison bien que mineur, est vrai aussi !)…

A l’avenir, dans un hall de gare, les autres témoins éviteront certainement de se placer à côté d’un noir, d’un asiatique, d’un « suspecté étranger » ou d’un jeune un peu trop décalé. Comme le dit Laurent Mucchielli, la police instaure : «La frénésie sécuritaire, frénésie qui a pour premier objectif d’installer un climat de méfiance et de peur afin de faire taire toute révolte, toute contestation».

Moi, j’ai honte de mon gouvernement et de ma police…

La politique du chiffre imposée par nos gouvernants, relayée par la hiérarchie préfectorale, imposée aux policiers par leur hiérarchie entraine ce genre de violence (car c’en est une !) exercée par la police à l’encontre des français. Comme le disait Georges Brassens en 1966 dans « l’épave » : Ça n’ fait rien, nous vivons un temps bien singulier !

En tout cas, pour moi, si l’on ne veut pas vivre un jour sous un régime policier, il est vraiment temps de se réveiller !

Extrait de L’épave

Le r’présentant d’ la loi vint, d’un pas débonnaire.

Sitôt qu’il m’aperçut il s’écria : « Tonnerre !

On est en plein hiver, et si vous vous geliez ! »

Et, de peur que j’ n’attrape une fluxion d’ poitrine,

Le bougre, il me couvrit avec sa pèlerine.

Ça n’ fait rien, il y a des flics bien singuliers…

Et depuis ce jour-là, moi, le fier, le bravache,

Moi, dont le cri de guerr’ fut toujours : « Mort aux vaches ! »

Plus une seule fois je n’ai pu le brailler.

J’essaye bien encor, mais ma langue honteuse

Retombe lourdement dans ma bouche pâteuse.

Ça n’ fait rien, nous vivons un temps bien singulier…

Georges Brassens (1966 – Supplique pour être enterré à la plage de Sète, 10)

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[1] Certaines gares sont déclarées zones internationales ce qui permet à la police de contrôler l’identité des personnes sans flagrant délit de celles-ci. Je sais que la gare de Poitiers et son parking sont dans ce cas, selon toute vraisemblance la gare de Bordeaux a le même statut.

[2] Dans le premier lot il y avait même un jeune à qui l’on donnerait sa fille sans inquiétude, qui ne les avaient pas, lui, ses papiers… Il a présenté sa carte bleue et ça a suffit. C’est incroyable, mais je vous jure que c’est vrai !

[3] Étonnant quand même dans une gare d’avoir des gros sacs de voyage !

[4] Comme on disait à une certaine époque : tout est clair… Tout était rentré dans l’ordre !

Plan de bataille pour protéger les écoles de la délinquance Christophe Cornevin Le Figaro 30/12/2009

Mercredi 30 décembre 2009

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Un nouveau dispositif, jusque là tenu confidentiel, vise à limiter les intrusions dans les établissements et à dissuader les revendeurs de drogue.

Plan de bataille pour protéger les écoles de la délinquance Christophe Cornevin Le Figaro 30/12/2009 dans Education nationale coeur- 

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Jusqu’alors tenu confidentiel, le nouveau dispositif imaginé par les gendarmes pour protéger les écoles en proie à la délinquance fait ses preuves. Baptisé SAGES – Sanctuarisation globale de l’espace scolaire - et porté à la connaissance du Figaro, ce plan de bataille s’inscrit en droite ligne d’une volonté exprimée par Nicolas Sarkozy le 18 mars dernier à Gagny, où une dizaine de jeunes encagoulés et armés avaient mené une expédition punitive dans un lycée professionnel. «Je n’abandonnerai aucune parcelle de notre pays à la logique des bandes, des caïds, avait alors lancé le chef de l’État. Notre pays doit enrayer les phénomènes de bandes et de haine dirigés contre deux piliers de la République, l’école et la police .» Dans la foulée, les experts avaient repéré une centaine d’établissements touchés par les intrusions pour mieux les sanctuariser.

«En matière de prévention, beaucoup de choses ont déjà été mises en place de manière empirique mais la spécificité du bassin d’implantation de chaque établissement était négligée, remarque le lieutenant-colonel Samuel Dubuis, chef du bureau de la sécurité publique à la direction générale de la gendarmerie. Pour lutter en profondeur contre les trafics et la violence qui minent la vie scolaire, il a fallu trouver une nouvelle coordination de notre action qui parte du cœur même de l’établissement jusqu’aux quartiers où se replient les voyous…»

Selon une rigueur de raisonnement toute militaire, les gendarmes se sont attaqués au fléau en dessinant trois cercles concentriques : au sein même de l’établissement, des gendarmes chargés de la prévention de la délinquance juvénile se rapprochent des chefs d’établissement, des associations de parents et des élèves pour évoquer le péril de la drogue, des jeux dangereux, d’Internet ou encore du racket. Ne disposant pas d’une qualification d’officier de police judiciaire, ces militaires repèrent aussi les profils déviants. Ils deviennent alors des «capteurs» de délinquance implantés dans l’école, qui transmettent leurs informations à des collègues déployés en un deuxième périmètre, aux abords de l’école. Là, des réservistes en uniforme de la gendarmerie organisent des patrouilles très visibles aux «heures de pointe» et tissent des liens avec des parents qui pourraient leur livrer des informations. Des brigades de recherches en civil et en voiture banalisées se mettent en planque et détectent les fauteurs de troubles, les identifient et bâtissent des dossiers photos.

«Les abords de l’école sont le théâtre de violentes pressions psychologiques, insiste le lieutenant-colonel Dubuis. C’est là que les bandes se forment, que la drogue s’écoule, que le vandalisme et les rackets s’exercent. Ce travail de renseignement permet de comprendre pourquoi des jeunes a priori sages à l’école deviennent enragés dès qu’ils en sortent.»

Les procédures de surveillance sont alors transmises à des gendarmes mobilisés dans un troisième cercle, où vivent retranchés les voyous. «Il s’agit de frapper de manière très ciblée ceux qui ont été identifiés, de les harceler, de gêner les gêneurs, note-t-on à la direction générale de la gendarmerie. Ainsi, des opérations ponctuelles se multiplient sur les lignes de bus aux heures où elles sont empruntées par les racketteurs ou les dealers.» De subites missions de sécurité routière fleurissent aux pieds de leurs immeubles, où ils circulent en scooters. Et les terrains de jeux, bars et autres zones d’errance sont quadrillés jusqu’à ce que les interpellations interviennent.

 

Fonctionnement à plein régime

Sur le terrain, le dispositif SAGES avance à marche forcée. Après une directive en fixant le cadre dès le 24 juillet, cette stratégie est déclenchée depuis le 23 septembre dernier. Elle cible douze établissements, quatre lycées et huit collèges, dans le Bas-Rhin, l’Oise, les Côtes-d’Armor, la Moselle, les Vosges, le Rhône, le Vaucluse, l’Essonne ou encore l’Ain. Une «note express» du 8 octobre a demandé aux gendarmes d’y «démanteler au minimum un réseau de trafic de drogue d’ici à la fin de l’année». La tactique fonctionne à plein régime, permettant d’interpeller une vingtaine de trafiquants aux abords d’un lycée de Rillieux-la-Pape, de saisir plusieurs kilos d’héroïne et de cannabis aux portes d’un lycée de Noyons ou encore de neutraliser de gros revendeurs alimentant des lycéens à l’Isle-sur-la-Sorgue. «En moyenne, un trimestre peut suffire pour désosser un réseau», assure le lieutenant-colonel Dubuis.

Fort de ces succès, le système devrait monter en puissance en 2010, sachant que 184 écoles ont été classées à risques par les services spécialisés. Selon nos informations, les stratèges de la gendarmerie réfléchissent désormais à adapter la recette à une autre population vulnérable, celle des personnes âgées.