Archive de la catégorie ‘Prisons’

Les militants basques ont cessé leur grève de la faim NR 18/07/2010

Dimanche 18 juillet 2010

Soixante-dix militants et proches des trois Basques incarcérés au centre de détention de Vivonne ont fait le déplacement de Bayonne, hier.

A l'une des fenêtres de la prison  flottait un drapeau basque. -
Entonnant un chant appelant au retour de  tous les prisonniers  basques « à la maison », le cortège a effectué  dans le calme le tour de  la prison. - (Photos, Patrick Lavaud)

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A l’une des fenêtres de la prison flottait un drapeau basque. –  - Photo NR

Les militants basques ont cessé leur grève de la faim NR 18/07/2010 dans Basques

Je vous demande de ne pas vous approcher des grilles d’enceinte, de ne pas perturber le déroulement des visites et la circulation des véhicules et tout se passera bien. Avant de descendre, les consignes des gendarmes étaient claires pour chacun des passagers du bus affrété, hier matin, par l’organisation de soutien aux « prisonniers politiques basques » Askatasuna.
Ces consignes, les familles, amis et militants venus soutenir les trois détenus basques (Maïté Aranalde, Joseba Fernandez Aspurz et Mattin Olzomendi) incarcérés au centre pénitentiaire de Vivonne et grévistes de la faim depuis le début du mois de juillet, ont observé à la lettre. Ils n’avaient aucune raison de ne pas le faire. Quelques heures plus tôt, ils apprenaient qu’une de leurs revendications portant sur leur isolement des prisonniers allait être satisfaite. Arrivés vers 13 h 20, les participants auxquels s’étaient associés quelques membres du comité poitevin contre la répression des mouvements sociaux étaient invités par les gendarmes – une cinquantaine commandée par le chef d’escadron du groupement Claude Genty – à s’installer sur une butte herbeuse face à la prison.
Déclinant l’invitation, le groupe s’est formé en cortège pour faire le tour du centre pénitentiaire, stoppant régulièrement sa progression pour tenter de communiquer avec les détenus. Ces « parloirs sauvages » ont fonctionné. Jokin Aranalde et son épouse qui, depuis deux mois, deux à trois fois par semaine, quittent Saint-Jean-le-Vieux (Pyrénées-Atlantiques) pour voir leur fille « seulement 45 minutes chaque fois », explique-t-il, ont appris qu’elle avait cessé sa grève de la faim, ainsi que les deux autres militants basques incarcérés. « Nous sommes contents parce que c’est important qu’elle ne soit plus seule dans sa cellule. Nous avons appris qu’une détenue basque incarcérée à Versailles va partager sa cellule. Nous serons plus tranquilles mais nous aimerions qu’elle soit détenue près de chez nous. » La question du rapprochement des lieux de détention et des familles est une autre revendication d’Askatasuna.

Sylvaine Hausseguy

« J’ai parfois l’impression d’être moi-même un détenu »Par Noria Ait-Kheddache, publié le 28/02/2010

Jeudi 4 mars 2010

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Devant la maison d'arrêt de Nanterre, le 25 février 2010.

Noria Aït-Kheddache/LEXPRESS.fr

Devant la maison d’arrêt de Nanterre, le 25 février 2010.

Famille et proches des détenus de la maison d’arrêt de Nanterre se pressent devant les portes de l’établissement du lundi au samedi. Rencontre avec ces hommes et femmes, passerelle entre « l’extérieur » et l’univers carcéral.

9h30. Le ciel est gris, jeudi 25 février, à Nanterre. Il y a beaucoup de vent. Une vingtaine de personnes attend devant la maison d’arrêt des Hauts-de-Seine. Les bénévoles de l’association Les équipes Saint-Vincent s’activent. « Pour avoir accès au parloir, il faut arriver au moins vingt minutes avant ». « Vous avez le droit de ramener du linge une fois par semaine ». « Mettez tout dans les casiers, ne gardez que votre carte d’identité. Surtout pas de portable », crient Anne et Martine, en poste depuis 8h. Une vieille femme va à leur rencontre: « C’est la première fois que je viens, je suis un peu perdue…  »

« Il faudrait plus de moyens, pas du bricolage »

Jacqueline Fraysse et Marie-Hélène Amiable, deux élues des Hauts-de-Seine ont visité, jeudi 25 février, la maison d’arrêt de Nanterre. Comme tous les parlementaires, elles faisaient jouer leur droit de visite des établissements pénitentiaires.

« Il faudrait plus de moyens pour plus de dialogue, a expliqué la première. Pendant la canicule de 2003, par exemple, le directeur d’établissement ne pouvait pas autoriser les douches quotidiennes, faute de personnel. Les problèmes de l’univers carcéral demandent de vrais moyens et non du bricolage! »

Les élus ont prêté attention aux souhaits des détenus, pourtant pas très « loquaces ». « Certains sont emprisonnés loin de leur ville d’origine et voudraient s’en rapprocher. Ils veulent également faire plus de sport », a rappelé Jacqueline Fraysse.

C’est face à la maison d’arrêt, dans cette petite salle d’attente en béton, que les langues se délient. Parsemée de casiers, elle permet de déposer les affaires « sensibles ». L’objectif?Passer le portique de sécurité menant au parloir. Il y a des toilettes, des bancs, des dessins d’enfants au mur. Les deux bénévoles servent du café. L’atmosphère se fait chaleureuse, les visiteurs s’essayent à un brin de causette. Les membres de l’association y sont pour beaucoup. Les « habitués » aident ceux qui ne connaissent pas encore les rouages de l’univers carcéral.

9h50. Une jeune fille, qui attendait patiemment son tour, présente un papier à l’agent administratif posté à l’entrée de la prison. Il n’est pas en règle, la porte se referme sur elle. Pas de parloir aujourd’hui.

10h10. Les visiteurs du parloir de 9h ressortent de la maison d’arrêt. Ils se bousculent dans la salle d’attente, pressés de récupérer leurs affaires. « Il était content de me voir », s’enthousiasme une femme. Une autre, dépitée, angoisse: « je n’ai pas pu prendre son linge sale ». « Tu vas voir ton frère? » me demande une femme.

10h30. Les visiteurs du parloir de 11h remplissent la salle d’attente. Anne et Martine ne se contentent pas de servir le café. Elles conseillent, parlent, rassurent et orientent les familles de détenus. Depuis 20 ans pour l’une, 8 pour l’autre. Leur association, essentiellement composée de femmes, agit dans toute la France.

10h45. Un agent de la maison d’arrêt entre. Il appelle les familles une par une et vérifie leur sac de linge. « Pull à capuche? C’est non »; « Bleu marine et kaki? Interdit ». La longue liste des produits et vêtements non-autorisés est épinglée au mur de la salle d’attente. « Pas de nourriture, sauf pour Noël, pas de produits de toilette, pas d’argent…  », met en garde l’écriteau. « Depuis 2, 3 ans les interdits sont moins nombreux, affirment cependant les bénévoles. « Faites attention à votre sac…  », me glisse au creux de l’oreille Martine.

Noria Aït-Kheddache/LEXPRESS.fr

« Il est pâle, ne mange pratiquement rien et n’a pas d’argent pour cantiner. Je sais bien qu’ils font des bêtises, mais quand même…  », témoigne un visiteur de la maison d’arrêt de Nanterre.

10h50. Avec le troisième parloir de la matinée, Karim, salarié de la Siges (société privée d’aide aux familles des détenus), est débordé mais garde le moral. « On s’adapte aux langues, aux âges, aux histoires de chacun. Notre rôle est d’assister au mieux les familles. Bientôt, notre société accueillera une halte-garderie, un jardin d’enfants et une nouvelle salle d’attente, plus grande », explique-t-il entre deux interventions.

11h10. La salle se vide. « Vous êtes journaliste? » m’interroge une femme aux cheveux longs et au regard triste. « Mon fils de 19 ans est ici depuis plus d’un mois », me raconte Monique. Désemparée, elle s’inquiète pour son enfant. « Il est pâle, ne mange pratiquement rien et n’a pas d’argent pour cantiner. Je sais bien qu’ils font des bêtises, mais quand même…  ». Elle ajoute: « les matons nous parlent, à nous parents, de manière irrespectueuse. Ils ne répondent jamais à nos questions et se contentent de nous donner des ordres. J’ai parfois l’impression d’être moi-même un détenu…  »

Vague de tags vengeurs NR-CP 24-02-10

Mercredi 24 février 2010

24/02/2010 09:32 | Justice – Faits Divers | POITIERS | Imprimer

Vague de tags vengeurs

Menaces de mort et insultes contre la police, messages anticapitalistes…Les murs du centre-ville de Poitiers étaient couverts de tags, hier matin.

 

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L’équipe des effaceurs était à l’oeuvre très rapidement, hier matin, sur les façades de la mairie de Poitiers.

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Au cours de la nuit de lundi à mardi, une vingtaine de tags ont été tracés à la bombe de peinture rouge sur des façades du centre-ville. Pas n’importe lesquelles. Les cibles sont symboliques: banques et institutions.
Et les invectives désignent trois cibles: le directeur de la police et le maire de Poitiers, les policiers de la BAC et les banques. Le message reprend une thématique nationale sur des banques soupçonnées de dénoncer des sans-papiers. Ce sont ces mêmes banques qui avaient été ciblées par des dégradations à l’acide début février.
Gommage
express

Les tagueurs y sont allés au culot, traçant des inscriptions de grande taille sur la façade de la mairie, le commissariat, le palais de justice plusieurs banques et divers murs du plateau.
L’équipe des effaceurs de tags de la mairie s’est mise à l’oeuvre très rapidement, hier matin mais de manière ciblée, sur les bâtiments publics. Elle a gommé dare-dare le tag de la façade ? « Claeys Papineau même combat » ? associant le maire de Poitiers et le patron de la police. Juste derrière, le même patron de la police est comparé à Pétain quand il n’est pas directement menacé de mort sur d’autres murs ainsi que les fonctionnaires de la BAC.
L’ampleur de la vague de tags a nécessité, sinon du temps, du moins un nombre suffisamment important de petites mains. Elles sont passées au travers des mailles du filet policier. Personne n’a été interpellé, confirme le parquet de Poitiers.
Une enquête a été ouverte sur ces inscriptions qui s’affichent en grand pour la première fois dans le centre-ville. Elles font écho aux tensions qui existent, depuis le 10 octobre dernier, entre la police et des militants poitevins, dont certains ont choisi ce nouveau mode de provocation.
Hier, deux jeunes femmes passaient en justice (lire page 6) pour avoir refusé le prélèvement ADN lors de la vague d’interpellations qui a suivi les violences commises à Poitiers après la manifestation anticarcérale du 10 octobre 2009.

Indiscret. Un commissaire menacé à Montpellier. Le commissaire Desmartin, en poste à Poitiers lors des violences du 10 octobre, est désormais en fonction à Montpellier.
C’est dans cette ville qu’il a été la cible, la semaine dernière, d’inscriptions menaçantes de la même veine que celles retrouvées hier matin à Poitiers.
Les inscriptions sont attribuées, de source policière, à des Poitevins venus participer à un rassemblement baptisé la Journée des Gueux. Une manifestation émaillée par des incidents entre les festivaliers et la police locale.

24/02/2010 04:32 | Justice – Faits Divers | POITIERS | Imprimer

••• Silence radio des autorités et du maire

 

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Le « V » de vendetta fait écho à une symbolique utilisée lors de la manif du 10 octobre.

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« En parler c’est donner encore un écho à ces inscriptions. C’est exactement ce qu’ils recherchent. C’est devenu leur nouveau jeu », relève un policier. Faut-il pour autant passer sous silence des inscriptions qui barrent de nombreux murs du centre-ville et qui, fait aggravant, profèrent des menaces de mort directes? Les faits durent depuis plusieurs mois et ciblent plus particulièrement le patron de la police. Les inscriptions, d’abord confidentielles, deviennent de plus en plus visibles. Elles s’affichent désormais jusque sur le commissariat ou la mairie. Difficile de ne pas réagir. C’est pourtant le choix des autorités malgré la gravité des propos tenus. Le préfet, représentant de l’État et garant de l’ordre public, n’a pas souhaité réagir à notre sollicitation. Le directeur de la police non plus. Il avait déjà fait savoir qu’il portait plainte à chaque attaque. Quant au maire de Poitiers, il renvoie à un précédent communiqué qui rappelait à chacun ses responsabilités.

24/02/2010 04:32 | Justice – Faits Divers | POITIERS | Imprimer

Un commissaire menacé à Montpellier

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Le commissaire Desmartin, en poste à Poitiers lors des violences du 10 octobre, est désormais en fonction à Montpellier.
C’est dans cette ville qu’il a été la cible, la semaine dernière, d’inscriptions menaçantes de la même veine que celles retrouvées hier matin à Poitiers.
Les inscriptions sont attribuées, de source policière, à des Poitevins venus participer à un rassemblement baptisé la Journée des Gueux. Une manifestation émaillée par des incidents entre les festivaliers et la police locale.

Emmanuel COUPAYE

 

Emmanuel COUPAYE

 

Privatisation des prisons 11-02-2010

Jeudi 11 février 2010

Privatisation des prisons


Privatisation des prisons 11-02-2010 dans Analyse Ico-prisions-3

Il était de bon ton dans les rangs de l’UMP ou du Parti Socialiste, il y a encore peu de temps, de montrer du doigt la Chine lorsque l’on parlait des Droits de l’Homme, notamment en ce qui concerne le travail des détenus chinois dans les prisons. J’emploi l’imparfait pour les fans du parti de la majorité, puisque depuis que l’UMP est copain comme cochon avec le parti communiste chinois, il est conseillé aux adorateurs de notre omni président de se taire sur le sujet. Quant aux ténors des socio-démocrates français, ils sont tellement emberlificotés dans leurs contradictions, qu’ils en oublient de jouer le rôle d’opposants. Dans le numéro 8 du Lot en Action mag, le Lutin qui lutte a poussé un petit cri de colère sur la privatisation des prisons et le travail des détenus. J’étais donc décidé à mener une enquête sur le sujet pour vous écrire un petit article, histoire de vous dresser un tableau de la situation en quelques lignes. Mais en avançant dans mes investigations, je suis passé de la stupeur à la colère, rejoignant l’indignation de notre chroniqueur adoré.

Pour comprendre la situation des détenus en France et la politique sarkozienne en matière carcérale, il convient en premier lieu de regarder vers l’ouest, outre atlantique, comme le fait frénétiquement notre président. Deux chiffres sont importants : la population des États-Unis représente 5% de la population mondiale. La population carcérale américaine représente 25% de tous les détenus du monde… cherchez l’erreur ! Autre chiffre important, celui de la progression de cette population carcérale aux states : 300.000 en 1972, 1 million en 1990, 2 millions en 2000 et 2,3 millions en 2009. On peut dès lors chercher des raisons à cette explosion du nombre de prisonnier. Manifestement les politiques sociales sont un cuisant échec, surtout lorsque l’on regarde les statistiques qui concernent les crimes, voies de faits et délits en tous genres, mais comment expliquer qu’un pays comme les États-Unis, capable de verser des centaines de milliards de dollars de fonds publics pour voler au secours des banques et des constructeurs automobiles, n’arrivent pas à mettre en place des mesures efficace pour lutter contre l’exclusion sociale et la pauvreté ? Une des explications passe par l’organisation et la gestion des centres pénitenciers. De plus en plus de prisons sont maintenant construites et gérées par des entreprises privées, surtout depuis que Bush, le brillant intellectuel libéral, a fourré son nez dans ce dossier. Que voulez-vous, aujourd’hui il faut faire de l’argent avec tout. Ico-prisionsd297-a3fbd dans Prisons

 

Ces entreprises privées facturent très cher aux états ces services (en France, les libéraux, c’est-à-dire les partisans de l’UMP et du Parti Socialiste appellent ça des Partenariats Public-Privé (voir l’article : Une prison, ça rapporte énormément)). Mais pour faire encore plus d’argent, ces entreprises ont eu une idée géniale : transformer les détenus et esclaves, en déguisant tout cela sous des noms pompeux comme aide à la réinsertion et formation. Cette population est corvéable à merci, payée avec des salaires qui conduiraient les chinois les plus défavorisés à la révolte, et ne bénéficient bien sur d’aucun droit. Génial comme idée non ? Du coup de nombreuse entreprises y ont vu une solution très opportune pour éviter les frais de délocalisation en Chine ou en Indes : IBM, Boeing, Motorola, Microsoft, ATT, Wireless, Texas, Dell, Compaq, Honeywell-Packard, Nortel, Lucent Technologies, 3 Com, NorternTelecom,TWA, Nordstorm, Revon, Macy’s, Pierre Cardin, Target Stores… oui, vous avez bien lu, Pierre Cardin. Et si vous ne voulez pas bosser vous allez directo en cellule d’isolement jusqu’à ce que vous ayez changé d’idée. Elle n’est pas belle la vie ? Là où le bas blesse, c’est que ces entreprises qui gèrent les prisons, super, mais alors super rentables, ont un intérêt énorme à ce que les prisons soient pleines. Plus il y a de détenus, plus les états versent d’argent, et plus ils y a de contrats à la clef avec des entreprises qui passent des commandes pour faire travailler les malheureux prisonniers. La boucle est bouclée.
C’est précisément ce qu’a dû se dire notre président monté sur piles et talonnette grand modèle, lors de ses voyages au states pour aller s’excuser des paroles malheureuses de Dominique… 
Parce que la politique française en la matière est calquée sur le même moule. Bon, là il me faut faire preuve d’un minimum d’honnêteté intellectuelle et précisant que les choses ont commencé bien avant que le petit monte sur son trône. C’est depuis la mise en place du « programme 13000 » en 1987 que des entreprises privées peuvent cogérer une vingtaine d’établissements pénitentiaires français. Ils ont été construits par Vivendi, la Lyonnaise des Eaux ou Dumez et sont gérés de manière rentable mais souvent inhumaine et déplorable, notamment en matière de santé, par Sodexho, Eurest, Gecep, Gepsa.
Et depuis que le petit est devenu khalife à la place du khalife, son copain Bouygues prend les nouveaux marchés. A titre d’exemple, en février 2008, Rachida Dati déclarait, en présentant le contrat qui délègue à Bouygues à la fois la conception, le financement, la construction, la maintenance et la gestion des services dans les 3 nouvelles prisons qui seront construites à Nantes, Lilles et Réau (Seine et Marne) : « La modernisation de notre système pénitentiaire est en marche. Le contrat que nous allons signer s’inscrit dans cette politique, il permet de concevoir la prison de demain » Mais Rachida a oublié de révéler un petit détail, qui a toute son importance : le contrat prévoit que l’Etat deviendra propriétaire des prisons dans 27 ans et paiera entretemps un loyer de 48 millions d’euros annuels, tout en gardant à sa charge les surveillants…
Mais la plaisanterie ne s’arrête pas là, puisque tout comme au pays qui fait fantasmer Sarkozy, on a mis les taulards au boulot. Il y avait déjà le travail qui concerne l’intendance des prisons, qui était confié aux détenus volontaires. Mais les fameuses entreprises qui gèrent les prisons, passent des contrats avec des entreprises françaises (L’Oréal, Bouygues, EADS, Yves Rocher, BIC, etc.), pour leur proposer une main d’œuvre vraiment bon marché : un détenu est payé souvent à la pièce (ce qui est illégal en France) entre 200 et 300 euros par mois, bien sur sans aucun droit ni aucune protection sociale. L’Observatoire International des Prisons dénonce haut et fort cet esclavage moderne légal : « Non seulement les prisons en France détiennent le triste record européen du nombre de suicide, mais elle a déjà été condamnée par l’Europe pour des conditions inhumaines d’incarcération (surpopulation, hygiène, droits des détenus). Dans les prisons, les détenus qui travaillent sont dans des zones de « non droit ». François Besse, de l’OIP, connaît le problème : « En ce moment, nous aidons un détenu de la maison d’arrêt de Caen à essayer, malgré tout, d’obtenir des indemnités. L’an dernier, en restaurant des palettes en bois, il a enlevé la sécurité de son pistolet à clous. Il s’est crevé un œil. Puis, comme il avait besoin d’argent, il a repris le travail et s’est crevé le second… »

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Mais pourquoi les détenus sont-ils volontaires pour travailler dans de telles conditions ? Il faut savoir qu’en prison tout est payant, de la savonnette au paquet de clopes, en passant par la télévision et les extras de bouffes qui permettent d’améliorer l’infâme nourriture qui leur est servie. Et tout cela se paye beaucoup plus cher qu’à l’extérieur… Et selon vous qui encaisse les bénéfices ? Martin et les autres n’en ont pas assez, d’ailleurs Sarko leur donne raison, plus, toujours plus ! Donc quand vous êtes enfermés à 3 ou 4 dans une cellule de 9m² 22 heures par jour, qu’il vous faut payer pour respirer et survivre, le choix s’avère très vite limité. 

 

Une prison, ça rapporte … énormément

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Ligue des Droits de l’Homme de Toulon
Bouygues, Eiffage Construction, Sodexho-Alliance (Siges et Idex-Sogerex), Suez-Lyonnaise des eaux (Gepsa)… sont en prison. Pour y faire de l’argent, pas à cause de tout ce qu’on peut leur reprocher. [1]
Le système carcéral offre un excellent exemple de l’interpénétration « public-privé ». Le partage des tâches est simple : le « service public » fixe les lois permettant les emprisonnements (parlement), régule les flux d’entrée et de sortie de prisonniers (police, justice) et le « service privé » fait ses choux-gras de l’exploitation du système. Le principe de base de cet accouplement monstrueux, c’est la « délégation de service public », que les contrats dits PPP (Partenariats public-privé, loi du 2 juillet 2003) ont porté à son maximum. Avec les PPP, administrations et entreprises ne font pratiquement qu’un pour l’exécution du service, et deux bien distincts pour ce qui concerne les bénéfices. 
La gestion en PPP est pour les entreprises privées une manne. Elles espèrent engranger, sur le modèle américain, d’immenses profits. Grâce à un accroissement progressif -et d’ailleurs programmé- de la population carcérale, le système atteindra certainement une forte rentabilité. Les puissantes entreprises qui se sont lancées dans les PPP feront donc, avec tous les moyens dont elles disposent (les médias qu’elles contrôlent, leur copinage politique, la corruption…) tout ce qu’elles peuvent pour que la « justice » matraque de plus en plus l’habitant de base et le fasse passer par la case prison quand il leur conviendra. Leurs bénéfices en dépendent. Leur cotation à la bourse aussi.
L’histoire de la privatisation des prisons vient de loin, mais c’est en 1987 qu’elle a été relancée par Albin Chalandon (gouvernement de droite) avec la construction de 15 000 nouvelles cellules et l’attribution à une même entreprise de la conception, la construction et la gestion d’un établissement pénitentiaire. Sur les 25 prisons prévues par son programme, 21 ont été construites avec un total de 13 000 cellules.
Suite à la proposition de Pierre Méhaignerie (gouvernement de droite) Elisabeth Guigou (de gauche) décide en 1994 de reconduire la gestion mixte des 21 prisons-Chalandon et de lancer 6 prisons supplémentaires (4 000 cellules de plus). Les bénéficiaires de l’appel d’offre sont alors le groupe Eiffage Construction et le groupe Bouygues. En 2000, un milliard et demi d’euros sont débloqués pour ces constructions. En janvier 2002, l’administration pénitentiaire alloue au groupe Sodexho-Alliance (Siges et Idex-Sogerex) et au groupe Suez-Lyonnaise des eaux (Gepsa) le service de restauration pour 27 prisons.
En 2001, un programme de 35 nouvelles prisons -excusez du peu- est annoncé par Marylise Lebranchu (gouvernement de gauche). En 2002, Perben (gouvernement de droite) rebondit la-dessus. Un nouveau programme de 13 200 cellules est lancé, dont 400 à 600 cellules contre les enfants. Pour aller plus vite, il facilite la tâche des entreprises : elles sont désormais dispensées de la longue procédure prévue dans le Code des marchés publics et elles peuvent obtenir un crédit-bail avec un droit d’occupation temporaire de terrain public. De plus, Perben leur donne la gestion clef en main pour des durées de vingt à trente ans.
L’État est réduit au rôle de locataire (c’est lui qui verse au privé une redevance mensuelle) et de fournisseur (c’est lui qui envoie « gracieusement » les gens en prison, en fonction du besoin des entreprises qui gèrent les taules).
Les entreprises empochent le loyer et les frais de gestion (avec une marge confortable), le « prix de journée » pour l’entretien des prisonniers (sur lequel elles peuvent faire toutes les « économies » possibles), les sur-bénéfices de la « cantine » (tous ce que les prisonniers peuvent acheter -papier hygiénique, enveloppes…- vendu beaucoup plus cher qu’à l’extérieur) et les sur-bénéfices du travail des prisonniers (tenus au rendement et payés des clopinettes). De ce point de vue, la prison constitue l’équivalent d’une délocalisation de la production… les frais de déplacement en moins.
Les prisonniers, jusque-là soumis au seul pouvoir du directeur de prison, ont avec le PPP une double autorité. La première contrôle toujours l’application administrative de la peine, l’autre régit la logistique, le quotidien qui influe à chaque instant sur la vie en détention. Les choses sont encore plus compliquées pour eux.
Et la « Justice » là-dedans ? Il ne peut y avoir de « Justice » quand il n’est question que de profits.

 

Le recours aux constructeurs privés critiqué

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Deux syndicats de personnels pénitentiaires ont critiqué le recours à des entreprises privées pour construire et gérer de nouvelles prisons en France après un incident à Mont-de-Marsan.
Une panne électrique générale dans le nouveau centre pénitentiaire de Mont-de-Marsan, construit par le groupe Bouygues et mis en service le 7 décembre, a contraint les autorités à évacuer les 87 détenus présents. Le centre doit accueillir à terme plusieurs centaines de prisonniers. Selon une porte-parole, l’administration pénitentiaire, qui évoque un incident « inédit » dû à un début d’incendie sur un disjoncteur, n’était pas en mesure mardi de dire quand le centre serait remis en service. 
La CGT Pénitentiaire et FO estiment que l’Etat doit reprendre la gestion des prisons plus directement et jugent que la sécurité des personnels et des détenus a été mise en cause. « Nous étions opposés à ce type de privatisation, car ça coûte très cher à l’Etat. Si en plus les équipements ne sont pas en bon état de marche (…), c’est catastrophique », a dit Céline Verzeletti, de la CGT Pénitentiaire. Le secrétaire général adjoint de FO Pénitentiaire, René Sanchez, estime pour sa part, dans un communiqué, qu’ »il serait simplement bien de rappeler au privé ses obligations dans le cadre de la gestion déléguée ».
La délégation de la construction de prisons au secteur privé est ancienne mais elle a été accentuée avec un plan de construction lancé sous le gouvernement Raffarin, qui comprenait le centre de Mont-de-Marsan. La population carcérale en France frôle des records avec 63.619 détenus pour 51.000 places.

Le Lot en Action mag n°10. 11 février 2010 par Bluboux

La prison : non seulement inutile mais contre productive ? par Jean-François Chazerans

Mercredi 23 décembre 2009

La ministre de l’intérieur Michèle Alliot Marie est venue inaugurer la prison de Vivonne (NR du 19 décembre 2009). Elle a précisé que « La prison doit protéger la société, sanctionner une faute, aider à la réinsertion des détenus. » Certes, mais en fait la prison n’aboutit-elle pas à l’inverse ? Là comme ailleurs nous aimerions voir des évaluations faites et/ou rendues publiques. Si nous connaissons à peu près bien les chiffres de la sanction, pour le reste nous sommes assez dans le flou. Quelle protection apporte la prison à la société ? Quelle aide est apportée aux détenus pour qu’ils se réinsèrent ? Quels sont les chiffres de la récidive ? Quelle est l’évaluation des quatre lois qui ont concerné la récidive ? Un gouvernement si avide de chiffres et d’évaluations, et si prompt à dénoncer l’insécurité, ne devrait-il pas s’empresser de nous informer à ces sujets ?

Au contraire, concernant la protection de la société par la prison, nous sommes en face d’un discours paradoxal. La ministre dit que la prison doit protéger la société mais le gouvernement, faisant continuellement de l’insécurité son cheval de bataille, annonce régulièrement à la fois qu’il y en a toujours plus et les bons résultats de ses services. Il faut de l’insécurité pour mettre en place des mesures sécuritaires. Mais l’insécurité est un constat d’échec des précédentes mesures. Au lieu de constater que l’insécurité est un faux problème créé par les mesures sécuritaires, le pouvoir met en place une fuite en avant sécuritaire qui conduit à toujours plus d’insécurité. Cette fuite en avant se caractérise par le fait qu’il y a toujours plus d’ouvertures de places en prison – « « D’ici 2012 »« On est passé de 75, 5 détenus pour 100.000 habitants au 1er janvier 2001 à 103 détenus pour 100.000 habitants au 1er janvier 2009 ! », promet-elle [Michèle Alliot Marie], la France comptera 63.000 places de prison, 68.000 en 2018 » et toujours plus de détenus – «  témoigne Barbara Liaras »1. Difficile alors de dire que la prison protège la société.

Concernant la réinsertion des détenus, ne faudrait-il pas d’abord parler d’insertion ? Car n’est-ce pas parce qu’ils ne sont pas insérés dans la société que certaines personnes se trouvent en prison ? N’ont-elles pas souffert dans leur passé, souvent dans leur enfance, de carences éducatives, affectives, et de problèmes psychosociaux qui ne leur ont pas permis d’avoir une vraie place dans la société ? Par exemple, l’illettrisme est d’un niveau très élevé en Prison, 4 fois plus que dans le reste de la population. 40% des détenus sont illettrés contre 10% dans le reste de la population. Mêmes remarques concernant la trajectoire scolaire, « en 2005, près de la moitié des entrants en prison étaient sans diplôme et les trois quarts ne dépassaient pas le niveau du certificat d’aptitude professionnelle (Laurent, 2006), contre, respectivement, moins de 3 personnes sur 10, et 6 personnes sur 10 dans la population en général (INSEE, 2007). Un peu moins de 5 % de la population carcérale possédaient un baccalauréat ou un équivalent, et 3 % un diplôme du supérieur, contre, respectivement, 13 % et 19 % dans la population en général. Les personnes détenues sont donc sous-diplômées par rapport à l’ensemble de la population à l’extérieur. »2

Pour ce qui est de la réinsertion, il faut avoir à l’esprit la libération concrète des détenus pour se faire une idée adéquate. Selon le site internet Prisons3 :

  • 60% des sortants déclarent ne pas avoir d’emploi (notamment les femmes, les étrangers, les moins de 25 ans, et les plus de 40 ans)

  • En moyenne, les libérés sortent avec 130 €

  • 20% des détenus sortent avec moins de 8 €

  • Plus d’un quart des libérés sortent avec moins de 15 € en poche

  • 80% des libérés sous conditions déclarent être embauchés à leur libération.

Les conditions d’emprisonnement, non seulement ne favorisent pas la réinsertion des détenus et leur « amendement » (qui n’a pas été évoqué, comme par hasard; par la ministre à Vivonne), mais produit plutôt leur « désinsertion » et le « pourrissement » de leur situation. L’encellulement ne fait que les séparer encore plus de leur famille, de leur travail et de la société. Elle lâche brutalement ceux qui sont libérés sur un trottoir, les avertissant seulement quelques heures avant. Ils ne sont pas non plus informés de leurs droits. La prison « les a brisés, dépersonnalisés, déstructurés durant des années, au point de transformer certains d’entre eux en larves et en mollusques, et de les rendre incapables de refaire face à la vie extérieure »4 Même les maîtres chiens et les vétérinaires savent que c’est de cette façon que l’on rend les animaux soit dangereux soit complètement apathiques.

L’inhumanité de la prison et de ses conditions d’enfermement produit l’inverse de ce pour quoi elles sont mises en place : une forte récidive. « L’enfermement des mineurs se solde par des taux de récidive de 85 % »5 et « La dernière enquête que détaille A. Kensey évalue la proportion de casiers judiciaires comportant au moins une nouvelle condamnation (toutes infractions et toutes peines confondues) 5 ans après la sortie de prison. On mesure donc ici un « taux de recondamnation ». Il est d’environ 50 % dans les 5 ans qui suivent la libération. Le taux de retour en prison est pour sa part d’environ 40 %. Et si l’on se limite aux affaires les plus graves, celles sanctionnées par une peine de réclusion criminelle, le taux chute pour se limiter à 1 % pour les auteurs de viol et 0,5 % pour les auteurs d’homicide »6. Au vu de cette forte récidive, sanctionner une faute en mettant en prison abouti donc à l’inverse de ce qui était souhaité : cela insécurise la société et ne permet pas la réinsertion des détenus.

Pourquoi alors sanctionner une faute ? Un citoyen autonome et responsable devrait assumer ses actes, réparer ce qu’il a fait et, le cas échéant, dédommager la ou les victimes. Mais pourquoi faudrait-il en plus le sanctionner ? « Afin que ni le coupable ni les témoins de sa punition ne soient tentés de recommencer. »7 me répondrez-vous ? Nous venons de le voir, la punition n’empêche pas la récidive. Au contraire même elle la favorise. Mais il y a plus : la punition favorise la répétition. « La multiplication des accidents et des maladies vient d’être mise en évidence par Jacqueline Cornet qui, en France, effectuant en 1995 une recherche sur 300 jeunes accidentés de la route8, a pu établir une relation très étroite entre la force, la fréquence et la durée des coups reçus en famille à titre éducatif et le nombre des accidents subis dans l’enfance et l’adolescence. La différence en nombre et en gravité des accidents est déjà notable entre des enfants jamais battus et ceux qui n’ont reçu que des coups « légers et rares ». Et les enfants les plus souvent battus sont aussi les plus gravement malades. Par ailleurs, phénomène déjà connu, plus les parents ont été battus dans leur enfance et plus ils battent à leur tour leurs enfants. Mais ils se retrouvent aussi plus nombreux à avoir été élevés dans des pays gouvernés par des régimes dictatoriaux : un véritable cercle vicieux de la violence semble ainsi se mettre en place, entraînant l’enfant, la famille et la société de laquelle ils sont issus »9.

Ainsi la punition n’arrivant pas à empêcher la récidive et même encourageant la répétition revient en fait à ne chercher qu’à se venger, abolissant par là l’idée même de justice. René Girard explique dans La violence et le sacré que la vengeance appelle la vengeance et que la justice est l’ultime vengeance. Se venger abolit donc la justice mais la justice n’est, elle-même, jamais bien loin de la vengeance. Les victimes ou leurs parents sont toujours insatisfaits des peines prononcées qui sont toujours trop clémentes à leur goût. Comme l’écrivait Platon dans le Protagoras (324b), en punissant un coupable en ayant en vue le fait même de la faute commise, on « s’abandonne comme une bête féroce à une vengeance dénuée de raison ». Et la sanction, étant en fin de compte pure vengeance, ne saurait ni protéger la société, ni, a fortiori, aider à la réinsertion des détenus. Car la sanction s’inscrit dans le cycle de la vengeance et appelle toujours une vengeance supérieure qui se perpétue sans fin au sein de la société, entretenant la violence endémique et le désordre social.

 

Notes

________________

 

1 Nouvelle République 19 décembre 2009

2 http://www.repap.fr/docs/3/article4.pdf

3 http://prisons.free.fr/reinsertion.htm

4 http://prisons.free.fr/reinsertion.htm

5 Selon le Le délégué national de l’OIP (Observatoire international des prisons) Patrick Marest dans Metro, 14 avril 2008 http://www.metrofrance.com/x/metro/2008/04/14/np0J0eaWh1acc/index.xml

6 Laurent Mucchielli, De la dénonciation de la récidive à une politique responsable d’aménagement des peines, 6 octobre 2009 http://www.laurent-mucchielli.org/public/Recidive_et_amenagement_des_peines.pdf Chiffres à comparer avec la déclaration de la ministre de l’intérieur le 3 novembre dernier concernant la nouvelle loi sur la récidive concernant la castration chimique : « En 2008, les récidives pour les crimes de viols sont montés à 2,6% », ce qui représente « 43 viols », a-t-elle déclaré. « Pour les délits sexuels, le taux de récidive a été de 4,5% en 2008″, soit « 467″ cas » http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/20091103.OBS6647/?xtmc=taux_de_rA_cidive&xtcr=3

7 Platon, Protagoras, 324b

8 Cornet J., Faut-il battre les enfants, Paris, Hommes et Perspectives, 1997.

9 Eduquons sans violence http://pagesperso-orange.fr/education-positive/crbst_49.html

Inauguration de la prison de Vivonne PQR 19-12-09

Samedi 19 décembre 2009

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Photo NR, P. Lavaud
Inauguration sous la neige pour la ministre de la justice Michèle Alliot-Marie.

 

 

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La garde des Sceaux Michèle Alliot-Marie a inauguré hier le nouveau centre pénitentiaire de Vivonne. Au pas de charge.

C’est avec trois bons quarts d’heure de retard sur l’horaire prévu que la ministre de la Justice, Michèle Alliot-Marie, est arrivée hier à Vivonne pour inaugurer le centre pénitentiaire. Inauguration au pas de charge. La ministre ne dispose que d’une petite heure. Alors, dans cette enceinte flambant neuve, flanquée de ses conseillers, suivie par une ribambelle de parlementaires, d’élus locaux et de magistrats, la garde des Sceaux n’a que peu de temps pour se poser. Elle dévoile d’abord la plaque officielle de l’établissement, échange quand même quelques mots avec le docteur Méry, le patron du service médico psychologique régional. Il fait part au ministre des difficultés qui sont les siennes pour accéder aux détenus dans cet établissement d’une autre dimension (par rapport à la Pierre-Levée) et du recrutement difficile de jeunes psychiatres volontaires pour travailler en milieu pénitentiaire.

“ La prison doit devenir l’école
de la lutte contre la récidive ”

La ministre prend note puis file vers la nurserie, enchaîne avec les fameuses UVF, ces unités de vie familiale où les détenus peuvent sous certaines conditions recevoir femme et enfants pour une durée qui peut aller de 6 à 72 heures. A l’heure du discours, la ministre rappelle ses fondamentaux : « La prison doit protéger la société, sanctionner une faute, aider à la réinsertion des détenus. » Vivonne doit être à ce triple titre un exemple. « D’ici 2012 » promet-elle, la France comptera 63.000 places de prison, 68.000 en 2018. Elle veut aussi « rompre avec la logique d’inactivité » en prison, lutter contre le fléau du suicide, mieux préparer la sortie des détenus en développant les mesures de semi-liberté, les bracelets électroniques. « On dit souvent que la prison ne sert pas à lutter contre la récidive. Moi je veux en faire l’école de la lutte contre la récidive. »
Il est un peu plus de midi. Déjà les gardes du corps et les attachées de presse s’impatientent. La ministre utilise ses derniers instants à Vivonne pour récompenser son maire, Maurice Ramblière, de la médaille d’honneur de la pénitentiaire. Fermez le ban.

Jean-Michel Gouin

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L’Observatoire international des prisons (OIP), association juridiquement créée en France en 1996, agit pour la défense des droits fondamentaux et libertés individuelles des personnes détenues et milite pour le développement des d’alternatives à l’emprisonnement. Barbara Liaras, coordinatrice interrégionale de l’association pour les régions Poitou-Charentes, Limousin, Aquitaine, était hier à l’inauguration du centre pénitentiaire. « C’est vrai qu’il y a du positif. Les conditions d’hygiène s’améliorent (ndlr : une douche par cellule) mais dans l’immense majorité des établissements ça reste trois par semaine. Mais on perd sur beaucoup d’autres points, notamment en humanité. Vivonne est loin de tout, en rase campagne. Il faut que les prisons soient dans les villes et on doit fermer les plus vétustes ».

Quelles alternatives ?

Pour l’OIP, la prison ne peut pas être la seule peine de référence à l’heure où en France le taux d’incarcération a augmenté de manière spectaculaire. « On est passés de 75, 5 détenus pour 100.000 habitants au 1er janvier 2001 à 103 détenus pour 100.000 habitants au 1er janvier 2009 ! », témoigne Barbara Liaras.
Face à une logique du tout sécuritaire par laquelle on semble privilégier toujours plus la construction de nouvelles places de prison, l’OIP s’interroge : « On parle sans cesse des alternatives mais que fait-on vraiment ? Aujourd’hui on punit de prison des délits qui autrefois n’étaient pas sanctionnés, la pathologie mentale est de plus en plus incarcérée. » Il faudrait pour l’OIP favoriser d’autres alternatives telles que le sursis mise à l’épreuve, les travaux d’intérêt général, les suivis sociojudiciaires…

J.-M. G.

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La coordination nationale infirmière de Poitiers vient de déposer pour le 23 décembre prochain un préavis de grève pour demander des soins de qualité au centre pénitentiaire de Poitiers-Vivonne.
Dans un communiqué, la coordination estime que « les professionnels n’ont pas les moyens logistiques et humains pour assurer une prestation sanitaire de qualité ».

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Les surveillants du centre pénitentiaire et leurs organisations syndicales étaient présents en nombre hier sur le site de Vivonne. Histoire de faire remonter à leur ministre de tutelle, même au cours d’une visite éclair, quelques-unes de leurs revendications. C’est d’abord un manque d’agents, qu’ils ont chiffré à 23. Des surveillants qui prédisent d’ores et déjà une surcharge prochaine de la maison d’arrêt et des « problèmes techniques récurrents » dans le nouvel établissement : des fuites ici et là, un chauffage défectueux dans le quartier « arrivants », une salle de sports magnifique mais qui ne peut être utilisée, bref toute une somme de dysfonctionnements qui irritent les personnels en tenue. « Pour moi, on a ouvert beaucoup trop tôt », résume Renaud Corbeille, le délégué de la section locale du syndicat FO pénitentiaire.

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C’est le nombre
de détenus que compte actuellement le centre pénitentiaire de Vivonne. Des détenus qui viennent d’un peu partout en France mais surtout de Paris, Limoges, Gradignan ou Rochefort. Les syndicats de la pénitentiaire estiment qu’à fin mars 2010, le nouvel établissement sera déjà au maximum de ses capacités, soit 578 places.
Vivonne fait partie du « programme 13.200 ». D’ici 2012, a rappelé hier à Vivonne la ministre Michèle Alliot-Marie, le parc pénitentiaire français disposera au total de 63.000 places de détention.

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Centre Presse 19/12/2009 01:45 | Vienne | | Imprimer

« La prison de Vivonne est le symbole de nos ambitions »

Société Michèle Alliot-Marie a inauguré hier le centre pénitentiaire de Vivonne, présentée comme un outil-modèle de la nouvelle politique pénale.

 

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Bernard Ramir, directeur de l’établissement, a guidé la ministre dans sa visite.

TOURON Emmanuel

« Cet établissement est le symbole de nos ambitions. » Ainsi la Garde des Sceaux Michèle Alliot-Marie résume-t-elle le centre pénitentiaire de Vivonne qu’elle a inauguré hier matin. Une visite au pas de charge qui lui a permis d’exposer les grandes lignes de « la nouvelle conception » de la politique pénitentiaire du gouvernement, une démarche dans laquelle la sanction, portée « pour une société sûre et apaisée », aurait un triple rôle : la protection de la société, la sanction de la faute et l’aide à la réinsertion des détenus, notamment par la lutte contre la récidive.

Un exemple d’adaptation

Comme elle le déclarait en exclusivité dans nos colonnes hier matin, la ministre a répété qu’elle veut faire des prisons « l’école de la lutte contre la récidive ». A ce titre, Vivonne est présenté comme « un exemple d’adaptation » à ce nouvel enjeu.

Au-delà de l’amélioration générale des conditions d’accueil des détenus, Michèle Alliot-Marie milite aussi pour une adaptation des centres pénitentiaires aux populations qu’ils doivent accueillir. Ainsi, les futures prisons seraient conçues pour accueillir tels ou tels délinquants (stupéfiants, moeurs, criminels…).

La ministre souhaite également « une rupture avec la logique d’inactivité des détenus », ce en créant « des établissements à réinsertion active » qui feront « une place plus importante aux activités ». Elle plaide pour cela pour des rapprochements avec les entreprises de réinsertion ou le Medef.

Des peines exécutées

Elle annonce par ailleurs « de nouvelles pratiques » en terme d’application des peines, un axe qu’elle a placé au coeur des politiques pénales des parquets.

« Aujourd’hui, indique-t-elle, 30 000 condamnations par an ne sont pas exécutées, en partie faute de places en prison (*). » Estimant que ce phénomène décrédibilise l’institution judiciaire, elle annonce que, dans trois ans, « toute peine prononcée sera exécutée ». « Il ne s’agit pas d’envoyer tout le monde en prison, rassure-t-elle, mais je préfère le bracelet électronique ou le travail d’intérêt général à rien du tout. »

Préparer la sortie

Elle attend aussi que les aménagements de peine permettent aux condamnés de « préparer plus efficacement leur sortie » : « La semi-liberté, le placement à l’extérieur et le bracelet électronique sont autant de moyens d’éviter que le détenu passe, du jour au lendemain de l’incarcération au vide. »

Michèle Alliot-Marie est convaincue que « les prisons, premier instrument de lutte contre la récidive, peuvent être les lieux où, grâce aux agents de l’administration pénitentiaire, se nouent et se renouent les liens d’une société sereine et apaisée »…

(*) D’ici 2018, les prisons françaises devraient proposer 68 000 places.

A ce jour…
A ce jour, la prison de Vivonne compte environ 300 détenus. Sa mise en service a permis de désengorger les maisons d’arrêt de Gradignan, Limoges, Rochefort.

TOURON Emmanuel

La prison, une machine industrielle qui déstructure ” La Nouvelle République 07-12-09

Dimanche 6 décembre 2009

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Gabi Mouesca : « J’ai une triple connaissance de la prison, charnelle, humanitaire et politique. »

 

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Un nouveau combat pour le militant
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Gabi Mouesca, militant basque incarcéré dix-sept ans, puis devenu président
de l’Observatoire international des prisons, témoigne de la réalité carcérale.

Il parle sans détours. La réalité des prisons, il l’a connue. Incarcéré dix-sept ans pour son engagement en faveur de la cause basque (lire par ailleurs). Depuis sa libération, Gabi Mouesca n’a de cesse de vivre la prison. Il en parle, il l’écrit et il la vit à travers ses nouveaux engagements. Rencontre, samedi, lors du forum organisé à Poitiers sur les nouvelles formes de la répression (lire « La Nouvelle République Dimanche »).« La réalité des prisons aujourd’hui est-elle différente de celle que vous avez connue comme détenu ? »

« J’ai été libéré en 2001. La prison des années 2000, tous les clignotants étaient déjà au rouge et nous le dénoncions. Depuis, tous les feux n’ont fait que persister et ils s’aggravent. Il y a de plus en plus de gens malades que l’on incarcère. »« Vous présentez la prison comme un outil de gestion de la pauvreté. Qui sont ces plus grands pauvres ? »

« Depuis quelques jours l’administration pénitentiaire a opéré une révolution dans les termes employés. Elle a abandonné un terme moyenâgeux pour les désigner. Elle ne parle plus des indigents, mais des personnes sans ressources suffisantes. Ces pauvres, ils représentent 30 % des 64.000 détenus. De plus en plus, on trouve de grands malades, qui sont les grands pauvres de la prison avec les étrangers. Ils vivent la détention puissance dix. Un détenu, ça coûte 65 € par jour à l’administration, un malade, c’est 450 à 750 € par jour ! Les malades et les mineurs, que moi j’appelle des enfants, n’ont rien à y faire. »« Vous parlez de logique industrielle et économique pour la prison… »

«… Oui, les pauvres, ces socialement inutiles, on leur trouve une utilité sociale, dans les prisons construites par les grands groupes. La prison, c’est la même chose que l’esclavage. Ils rapportent beaucoup d’argent à certains, et c’est détestable. Ils travaillent dans des ateliers où le droit du travail ne s’applique pas pour cantiner et acheter des choses parfois 40 % plus cher que dehors. La prison, c’est une industrie qui déstructure, une machine à broyer. »« Allez-vous jusqu’à défendre la suppression des prisons ? »

« Il faut sanctionner. Ceci dit, on voit que la prison accueille beaucoup de gens pour lesquels elle n’est pas la bonne réponse pour la personne mise en cause et elle n’apporte rien aux victimes. L’abolition de la prison, à l’Observatoire international des prisons, on n’a jamais utilisé ces termes. On a tenté de “ déconstruire ” l’idée que c’était un mal nécessaire, on milite pour les alternatives. Maintenant, j’ai la liberté de dire qu’il ne s’agit pas simplement d’une question de respect des droits des détenus. Il faut se demander qui et pourquoi on met en prison. C’est la misère qu’on incarcère. »« La prison moderne du type de celle Vivonne représente-t-elle pour vous une amélioration de la condition du détenu ? »

« On constate, depuis cinq ans, que la courbe des suicides et tentatives de suicide est plus importante dans les établissements neufs. Quand on discute avec les détenus, on se rend compte qu’ils préfèrent les établissements anciens où il y a plus de rapports humains. La modernité et l’informatique déshumanisent totalement la prison, qui plus est, avec des gens qui sont de plus en plus fragiles. En plus, ce sont des établissements qui sont beaucoup trop grands, ça accroît encore cette déshumanisation-là. »

Propos recueillis par Emmanuel Coupaye (en interview et lors de la conférence)

 

Un nouveau combat pour le militant Nouvelle République 07-12-09

Dimanche 6 décembre 2009

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“ La prison, une machine industrielle qui déstructure ”
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« J’ai une triple connaissance de la prison, charnelle, humanitaire et politique », lâche Jean-Gabriel Mouesca. Un résumé lapidaire de sa vie et de ses engagements. L’homme a passé dix-sept ans derrière des barreaux. Il s’est même évadé en 1986 avant d’être repris.
Avec Philippe Bidart, il fut l’un des leaders historiques d’Iparretarak, l’organisation séparatiste militaire basque clandestine aujourd’hui dissoute. Il a été jugé et condamné pour cet engagement et notamment pour une fusillade où un gendarme avait été tué et un de ses compagnons avait disparu à jamais. Les faits dataient de 1983, ils furent jugés… en 2000.

Libéré en 2001

Après sa libération en 2001, il est devenu un militant. Un porte-parole de la réalité de la prison. D’abord au sein de l’Observatoire international des prisons, présidé durant cinq ans. Puis, désormais, au sein d’Emmaüs France. Il se présente comme une exception, un homme qui doit« témoigner », pour les autres.

“ Un recul énorme ”

Aujourd’hui, sa parole stigmatise les centres socio-médico-judiciaires lancés en 2008 pour suivre des personnes remises en liberté, mais toujours considérées comme dangereuses, car soumises à des pulsions sexuelles ou meurtrières non canalisées. « Le monde médical ne disposait pas du cadre juridique qui permettait de neutraliser ces personnes », relevait la garde des Sceaux lors de l’inauguration du premier centre expérimental de ce type, à Fresnes. « L’objectif, c’est de réduire la dangerosité de ceux qu’il accueillera pour leur permettre de sortir sous surveillance et de se réinsérer. »

“ Montés à l’envers ”

« C’est ce qu’il y a de pire », estime Gabi Mouesca. « C’est un recul énorme. On emprisonne des gens qui ont commis des actes délictueux. Et là, on se propose de les garder ad vitam aeternam, une fois leur peine purgée. On ne condamne pas les actes, mais le potentiel, c’est infâme. On parle de 50 à 70 personnes, ce sont des gens malades, le comble de la pauvreté, des gens montés à l’envers, qui n’ont pas d’équilibre personnel. »