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Des élus socialistes réinventent une sécurité de gauche LE MONDE | 02.01.10

Dimanche 3 janvier 2010

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Des élus socialistes réinventent une sécurité de gauche LE MONDE | 02.01.10 dans Securite d

iscrètement, une politique de sécurité spécifique à la gauche s’élabore dans des communes dirigées par des élus socialistes. Le PS, qui peinait jusqu’ici à élaborer un discours global sur cette thématique chère à la droite, entend désormais s’appuyer sur l’expertise de ses élus locaux pour construire une politique crédible. Depuis dix ans, les responsabilités des maires en matière de sécurité n’ont cessé de croître : la loi de prévention de la délinquance du 5 mars 2007 leur a donné une fonction centrale dans le domaine de la prévention. Décryptage de quatre politiques locales « de gauche ».

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Aulnay-sous-Bois et la « riposte graduée ». Cette ville de Seine-Saint-Denis avait été l’une des plus touchées lors des émeutes de l’automne 2005. Elle avait connu de brutales montées de tension en 2006 et 2007 – jusqu’à la découverte d’engins explosifs visant les policiers et les pompiers. La mairie a mis en place un dispositif de « riposte graduée ».

D’abord des médiateurs immergés dans les quartiers, connaissant bien les jeunes, capables d’assurer un travail de prévention de long terme. En cas de tensions, la mairie peut les faire intervenir de manière groupée. « Si on est alertés sur des risques d’incidents, par nos relais dans les cités, on peut envoyer une dizaine de médiateurs. Par leur présence physique, ils désamorcent la plupart des affrontements », explique le maire, Gérard Ségura.

Si les médiateurs ne suffisent pas, c’est la police municipale qui est envoyée. Et, enfin, seulement en cas d’échec des municipaux, la police nationale. « Notre idée, c’est que la police intervienne le moins possible », souligne le maire. Pour gérer ce dispositif, une « cellule de veille » a été mise en place pour assurer la coordination entre les différents intervenants et faire remonter l’information. « C’est la meilleure façon d’anticiper les problèmes et de les traiter à la racine. »

En 2008, les violences urbaines ont chuté de plus de 20 %. Mais l’équilibre reste instable : depuis quelques mois, avec la crise sociale, la mairie s’inquiète de voir des nouveaux « signes de tensions » avec des « jeunes touchés par un chômage endémique ».

Lyon et la « prévention situationnelle ». Depuis plusieurs années, la municipalité socialiste assume une politique locale de sécurité. « C’est une valeur de gauche, notamment parce que les premières victimes sont les plus fragiles », argue Jean-Louis Touraine, premier adjoint du maire, Gérard Collomb. La majorité a fortement accru les effectifs de sa police municipale (400 personnes aujourd’hui). Elle développe aussi la vidéosurveillance (220 caméras prévues d’ici à 2014) mais en l’accompagnant de la mise en place d’un « collège éthique » chargé de conseiller les élus et de répondre aux réclamations des particuliers.

« C’est notre méthode pour être efficaces sans être liberticides », résume M. Touraine. De façon plus originale, la municipalité s’est engagée dans ce que les spécialistes appellent la « prévention situationnelle », c’est-à-dire l’adaptation de l’urbanisme aux problèmes de sécurité. « On travaille sur l’éclairage, sur le choix de la végétation, sur les espaces publics mais aussi sur la mixité sociale et les flux de circulation pour anticiper les problèmes d’insécurité », note l’adjoint.

Aubervilliers et les « citoyens référents ». Deux cents habitants venus assister au conseil municipal, un record. La réunion exceptionnelle sur la « sécurité », les « préventions » et la « tranquillité publique », organisée le 19 novembre par Jacques Salvator, maire d’Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), a attiré la foule. « Je n’ai aucun tabou à aborder ce sujet. Le droit à la sûreté est un droit constitutionnel », affirme M. Salvator, qui a ravi la mairie aux communistes en 2007.

L’équipe organise, une fois par an, des réunions sur la sécurité dans chaque quartier. Des élus effectuent régulièrement des maraudes nocturnes pour aller rencontrer les jeunes qui traînent dans les espaces publics. « On se fait insulter une fois, deux fois, trois fois. Mais après, on réussit à établir un dialogue », explique le maire.

Surtout, des « citoyens référents », bénévoles, dotés d’une assurance et de téléphones portables, ont été désignés dans cinq quartiers pour alerter la municipalité des faits d’incivilité et de délinquance. Leur mission est de faire remonter l’information plus rapidement pour améliorer les délais de réponse. Ils permettent aussi un meilleur accompagnement des victimes. « Rien n’est plus terrible que l’impuissance publique. Dans des villes comme les nôtres, les habitants ne supportent plus qu’on leur dise que c’est la faute d’autrui, que c’est à cause du maire, du préfet ou du ministre que rien ne change. »

Toulouse et l’ »office de la tranquillité ». Ancien commissaire de police, Jean-Pierre Havrin avait popularisé le concept de « police de proximité » mis en oeuvre par le gouvernement Jospin entre 1997 et 2002. Cette approche avait été abandonnée par Nicolas Sarkozy, lequel avait limogé M. Havrin de son poste de directeur départemental de la sécurité publique.

Devenu, en 2008, adjoint au maire socialiste de Toulouse, Pierre Cohen, l’ancien commissaire porte aujourd’hui un programme de « tranquillité publique ». « Notre logique d’évaluation est totalement différente de celle défendue par Sarkozy, explique M. Havrin. On ne va pas compter le nombre de PV dressés chaque jour mais mesurer l’indice de satisfaction des habitants, ce qui n’a rien à voir. »

La police municipale (220 agents) a été décentralisée dans cinq quartiers. Chaque équipe de dix fonctionnaires est dotée d’un téléphone portable dont le numéro a été communiqué aux habitants pour qu’ils puissent la joindre n’importe quand. En complément, la mairie a créé un « office de la tranquillité » destiné à répondre, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, aux appels des habitants, notamment lorsqu’ils sont confrontés à des incivilités. « Aujourd’hui, le 17 est saturé et nos concitoyens ont pris l’habitude de ne plus avoir de réponse à leurs demandes après 17 heures », constate l’élu.

Les appels sont pris en charge par des « régulateurs » qui agissent sur le même modèle que ceux des urgences médicales : soit en décidant d’une intervention immédiate de médiateurs ou de la police municipale ; soit en proposant une intervention différée lorsque l’urgence est moins marquée. « Sur ces questions, la crédibilité ne se gagne pas dans les discours mais dans les actes du quotidien », résume M. Havrin.

Luc Bronner

Article paru dans l’édition du 03.01.10

Fillon fait de la sécurité une priorité Le Figaro 09/11/09

Samedi 14 novembre 2009

Fillon fait de la sécurité une priorité

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De notre envoyé spécial à Thionville (Moselle), Bruno Jeudy
09/11/2009 | Mise à jour : 22:39
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François Fillon, lundi, en visite à l'hôtel de police de Thionville.
François Fillon, lundi, en visite à l’hôtel de police de Thionville. Crédits photo : AFP

À quatre mois et demi des régionales, le premier ministre affirme sa détermination à lutter contre toutes les délinquances.

coeur-Inénervable, le premier ministre ? Faites-lui remarquer qu’il multiplie les déplacements et les discours consacrés à la sécurité et l’immigration, et voilà François Fillon légèrement agacé par la question. «Ce ne sont pas des thèmes importants pour la campagne des régionales, mais des thèmes importants pour les Français. Le rôle de mon gouvernement, c’est de combattre cette violence en permanence. Et c’est ce que nous faisons !» s’exclame-t-il sur le perron de l’hôtel de police de Thionville (Moselle). Entre une réunion matinale à l’Élysée et les cérémonies parisiennes pour commémorer la chute du mur de Berlin, François Fillon a fait un saut de deux heures en Lorraine pour enfoncer le clou sur la sécurité. Il s’agit, en effet, de son troisième déplacement en moins d’un mois sur la politique de lutte contre la délinquance. Preuve que le gouvernement veut maintenir la pression sur ce sujet hautement symbolique pour le chef de l’État et la majorité. A fortiori à cent trente jours du premier tour des élections régionales.

 

Hausser le ton

À Thionville, le premier ministre est passé aux travaux pratiques. À son arrivée, il est allé réconforter le personnel d’un bureau de Poste attaqué, le matin même, par une équipe de quatre braqueurs armés de pistolets et de fusils à pompe. L’employé lui a expliqué comment les malfaiteurs avaient emporté trois mille euros, frappé à coups de crosse un postier et laissé derrière eux clients et fonctionnaires sous le choc. Fillon a écouté, ensuite, les responsables de la circonscription de police détailler leurs résultats plutôt favorables. La délinquance a, en effet, baissé de 3,5 % depuis le début de l’année contrairement à la tendance nationale. «Les résultats sont positifs, mais la bataille n’est naturellement jamais gagnée», a confié le premier ministre, qui a profité de cette table ronde pour tacler le maire PS de Thionville. Ce dernier réclamait le retour de la police de proximité. «Nous avons supprimé la police de proximité, car il y avait une dérive. Les fonctionnaires de la police ne sont pas là pour faire de l’animation de quartier», a rétorqué Fillon.

À la Maison de quartier de Yutz, le premier ministre a défendu son bilan en matière de sécurité tout en mettant en garde contre l’illusion d’un «grand soir de la fin de la délinquance». Il a donc développé longuement trois des thèmes favoris de Nicolas Sarkozy et de l’UMP : la sécurité, l’immigration et l’identité nationale. Mais il a commencé par concéder une «pause», une «sorte de relâchement» au premier trimestre 2009 qui expliquerait, selon lui, la hausse constatée depuis le début de cette année.

Face à ces mauvais chiffres (qu’il n’a pas détaillés alors que le ministère de l’Intérieur doit annoncer jeudi une légère baisse pour le mois d’octobre), Fillon a exhorté les policiers à «ne pas relâcher l’effort». Il a confirmé les nouveaux moyens financiers débloqués en faveur de la vidéosurveillance : «Nous avons décidé de tripler le nombre de caméras sur la voie publique.» Il a détaillé, une nouvelle fois, l’arsenal gouvernemental contre les cambriolages et les bandes.

Sur le fond, le chef du gouvernement n’a rien annoncé mais son ton, sa détermination et son vocabulaire ont surpris. Fillon n’a pas hésité à hausser le ton contre les «petits caïds qui vivent au-dessus de leurs moyens». Interrogé sur les revendications syndicales en matière d’effectifs policiers, il s’est montré catégorique : «On a beaucoup de dettes. On fera avec les moyens que nous avons et nous rechercherons plus d’efficacité.»

Sur l’immigration, Fillon s’est félicité de la reconduite aux frontières de 20 000 personnes entrées illégalement depuis le début de l’année et a annoncé qu’il maintiendrait ce cap. Il s’est d’ailleurs réjouit que les 27 chefs de gouvernement européens aient décidé «d’organiser et financer» des vols de retour vers les pays d’origine. Il a conclu en défendant bec et ongles le débat sur l’identité nationale confirmant ainsi qu’il en faisait un argument pour les régionales.