Une nuit au tribunal correctionnel NR 10/07/2010

10 juillet 2010

Dix heures de débat pour une audience qui s’est terminée à 4 h 15. Un record pour le tribunal correctionnel de Poitiers. Six prévenus, douze parties civiles, six témoins et un président, Jérôme Carbonel, qui avait décidé de laisser du temps de parole à tous, s’interdisant de passer à côté du moindre détail, selon son habitude. « La seule façon de rendre la justice sereinement », commente-t-on au palais.
La qualité, ça prend du temps. Et la procédure a ses contraintes. Ce dossier était venu une première fois à l’audience le 23 juin, en comparution immédiate. Les prévenus avaient demandé un délai pour préparer leur défense. « On ne pouvait pas renvoyer l’audience aux calendes, explique un magistrat. Qu’auriez-vous écrit si la détention provisoire du dernier détenu avait été prolongée pendant des semaines ? » Il a fallu inscrire le dossier au rôle d’une audience déjà chargée.
Le procureur craque

Dix heures d’audience, ça marque les organismes. Surtout quand il fait 35C° dehors et que la salle n’est pas climatisée. Visages luisants, aisselles poisseuses, le public va s’éventer toute la nuit avec le moindre bout de papier. Les canettes du distributeur dégringolent aussi régulièrement qu’apparaissent les cernes sous les yeux des avocates. A chaque suspension, c’est la chasse à la bouteille d’eau. Le vice-procureur craque le premier. Victime d’un malaise à 2 h 20 du matin, il déclare forfait. Il faut tirer du lit le substitut de permanence. Pour continuer d’avancer coûte que coûte dans ce dossier.
Il est trois heures passées. Les plaidoiries des avocats se succèdent. Couchée sur un banc dans le couloir contigu à la salle d’audience, une jeune gendarme a elle aussi déposé les armes. « On n’a pas mangé depuis ce matin », l’excuse un collègue. Dernière suspension. Pour que le tribunal statue sur la remise en liberté d’Adrien, le seul prévenu encore en détention provisoire. Il sort libre du tribunal. Ses potes applaudissent. L’orage gronde, la pluie disperse les militants. Les CRS remontent dans leurs fourgons.

Ph.B.

Un procès peut-il ramener la paix sociale à Poitiers ? NR 10/07/2010

10 juillet 2010

Il aura fallu dix heures d’audience pour que les protagonistes des heurts de la fête de la Musique puissent tous s’exprimer. Jugement le 29 juillet.

Pendant une suspension de l'audience, il  est trois heures du matin, il fait encore 35°C dans la salle, tout le  monde est parti chercher un peu de fraîcheur. -

Pendant une suspension de l’audience, il est trois heures du matin, il fait encore 35°C dans la salle, tout le monde est parti chercher un peu de fraîcheur. –  - Photo NR

Un procès peut-il ramener la paix sociale à Poitiers ? NR 10/07/2010 dans 21 juin

Il est 4 h 15 du matin, le président du tribunal correctionnel préfère se donner quelques jours de réflexion pour rendre sa décision. Les six jeunes prévenus qui lui font face seront fixés sur leur sort le 29 juillet à 14 h. Tous les six étaient poursuivis pour des faits de violences, rébellions et outrages commis le soir de la fête de la musique à Poitiers (voir nos précédentes éditions).
Ce soir-là, le commissaire de police Jean-François Papineau a pris en chasse une jeune femme, Nina, qu’il soupçonnait d’avoir jeté une bouteille en verre dans sa direction et proféré une menace de mort. Il l’intercepte place de la Liberté. L’interpellation est contestée par cinq jeunes qui ont suivi la course-poursuite, qui sont à leur tour interpellés.
Depuis, deux versions s’opposent. Les auditions des policiers font état de violences, de rébellion et d’outrages. Les jeunes, eux, affirment qu’ils ont été au contraire victimes de violences policières. D’un côté de la barre, les policiers font bloc. « Je n’ai rarement vu autant de violence lors d’une interpellation que ce soir-là », assure l’un d’eux.
 » Dégagez de là, bande d’anarchistes !  »

De l’autre, la défense a retrouvé six témoins de la scène, qui dédouanent unanimement les jeunes. Justine, par exemple, se demande pourquoi elle n’a pas été embarquée comme les autres. Peut-être parce qu’elle ne s’est pas sentie visée quand un policier a crié : « Dégagez de là, bande d’anarchistes ! »
Anarchiste. Le mot est lâché. Ça faisait plusieurs heures qu’on tournait autour du pot sans oser y plonger la cuiller. M e Arzel, l’avocat des policiers, ne veut pas l’entendre : « C’est une affaire de droit commun. » Il ne veut pas entrer dans le débat « sur la conception des uns et des autres du rôle de la police », mais choisit soigneusement ses termes au sujet du maintien de l’ordre « qui est sous monopole et contrôle de l’État ». Et de réclamer une addition 13.000 euros de dommages et intérêts pour les douze policiers qui se sont constitués parties civiles.
Le vice-procureur, Éric Virbel, veut lui aussi évacuer le spectre du complot policier contre des militants anarchistes. « Cette affaire démarre sur le jet d’une bouteille de verre, un point c’est tout. Si la suspecte n’avait pas pris la fuite, rien ne serait arrivé. »
Prison ferme requise

Selon lui, les six jeunes sont coupables « de violences contre des policiers commises en marge d’une manifestation culturelle populaire ». Des « actes graves » qu’il demande de sanctionner par quatre à six mois prison ferme pour cinq prévenus et d’une peine de travail d’intérêt général pour la sixième, dont le casier judiciaire est vierge.
Les avocats, eux, réclament la relaxe pour tout le monde, ou presque. Seule exception pour l’outrage reproché à Clément, qui a reconnu avoir insulté les policiers, ce qui expliquerait le « visage massacré » qu’il a présenté à son avocate à l’issue de sa garde à vue. Pour le reste, le dossier « a été entièrement brodé par la police, mais sans qu’il y ait une véritable enquête de terrain », estime M e Malika Ménard. La défense n’a de cesse de politiser le débat. « Des jeunes qui ne pensent pas comme tout le monde, ça agace », explique M e Simone Brunet qui pointe du doigt la responsabilité du directeur de la police : « Jamais un policier n’a autant cristallisé les tensions de la jeunesse, et pas seulement d’elle. »

Philippe Bonnet

Declaration des six inculpés du 21 juin

9 juillet 2010

Voici la déclaration des six inculpés qui n’a malheureusement pas pu être lue lors du procès. Cette déclaration figurant tout de même dans le dossier d’instruction, il nous paraît opportun de la faire paraître.

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Nous, les six inculpés du 21 juin, souhaitons donner un ton tout autre à ce procès, qui, sans les quelques précisions suivantes sur la situation, ne serait que l’arbre cachant la forêt.

Vous n’êtes pas sans savoir, Monsieur le Président, que la situation politique se trouve à un point de tension bien particulier. Malheureusement, ce point de tension n’a pas comme qualité la tentative de dépassement de la crise sociale actuelle mais plutôt comme objet une chasse aux sorcières avouée contre tout ce qui s’apparenterait à une hypothétique « mouvance anarchiste », un fourre-tout bien pratique pour des forces de l’ordre qui n’ont peut être pas tout compris, à l’image de ce policier qui nous définissait la mouvance anarchiste comme « la mouvance des ultras ».

L’histoire nous a appris que le processus de construction d’une représentation barbare d’un mouvement, d’une tendance ou encore d’une dynamique n’était qu’un préalable, pour le pouvoir en place, à une tentative d’isolement de ce même mouvement dans le seul et unique but de cibler la répression sur un espace restreint et permettre l’étouffement de nos expressions dans un mélange de propagande subtile et de brut enfermement.L’intention de cette déclaration n’est pas, nous le précisons, de définir nos positionnements politiques, de nous cerner dans un mot ou une pseudo mouvance, mais bien de relater les différents faits et situation qui nous portent à croire que ce présent procès n’est pas celui de simples jeunes mais bien celui d’individus qui, par leurs positions, interventions et actes dérangent le pouvoir en place, toute prétention gardée.

Il y a maintenant environ 3 ans que les affrontements oraux, physiques et judiciaires perdurent entre les personnes actives des mouvements socio-politiques poitevins et le commissariat de la ville de Poitiers, soutenu par la Préfecture et la Mairie. Ces affrontements fréquents traduisent une proximité qui nous est affreuse.

Nous dénonçons le littéral passage à tabac que nous avons subi ce soir du 21 juin 2010.

Nous dénonçons la systématique de nos notifications de garde à vue, de leur prolongement et de nos déferrements au Parquet.

De manière plus générale, nous dénonçons l’attitude des forces de l’ordre qui ne ratent jamais l’occasion de nous interpeller oralement dans la rue par nos prénoms, de nous provoquer lors de manifestations ou encore de nous harceler lors d’évènements publics comme celui de la fête de la musique.

Nous ne reviendrons pas sur l’intégralité des faits, la liste étant trop longue et notre temps à tous bien trop précieux, à concentrer évidemment sur ce procès.

Mais, il nous paraît important de relier cette affaire à son contexte pour la distinguer de ce dit fait divers où une rixe se serait produite entre un groupe anodin de jeunes alcoolisés et excités et des policiers en patrouille victimes d’un guet-apens.

Entre les affaires de tags, d’occupation, de dégradations, d’outrages, de violences contre la police, en réunion comme à l’accoutumée, appuyées par des certificats médicaux hallucinants, les forces de l’ordre nous livrent une guerre au grand jour, avec ses victoires et ses défaites.

Des victoires comme nos différentes condamnations où le seul témoignage assermenté réussit à balayer une ribambelle de contradictions, comme l’obligation pour certaines des personnes ciblées de fuir la ville de Poitiers ou encore, plus récemment, comme la mise en détention provisoire de cinq personnes, une vengeance publique qui, à notre avis, les laisse sur leur faim.

Des défaites irréversibles, comme leur impunité qui se fragilise au fil de leurs coups d’éclats, comme le fait que chacun d’entre nous persistera à lutter, malgré la répression et qu’avant tout, nous ne sommes pas les seuls.

Pourquoi parlons-nous de vengeance ?

Prononçons la date interdite du 10 octobre 2009.

Une manifestation anti-carcérale, un procès sous tension, un placement en détention pour trois personnes et finalement un certain bide judiciaire en vue des premières ambitions du Ministère de l’Intérieur. Et voilà que la frénésie sécuritaire s’amplifie. On parle d’une liste de 28 noms qui traînerait entre les bureaux de la Sûreté Départementale, de la Mairie et de la Préfecture.

28 noms dans le fourre-tout de la « mouvance anarchiste » et des forces de l’ordre sur les dents, bien décidées à faire baver « ces petits cons » comme ils nous appellent tendrement.

Et nous voilà rendus à la fête de la musique édition 2010.

Des policiers qui nous collent aux pattes toute la soirée, une histoire d’insultes, une course poursuite pédestre, une interpellation plus que musclée puis un matraquage en règle contre toute forme de contestation, à l’extérieur mais aussi à l’intérieur du commissariat, cachés de tous y compris de la réglementation. Des forces de l’ordre en surnombre et 12 policiers victimes de violences sur le papier, le Préfet les appuie sans aucune hésitation.Nous sommes six à comparaître devant vous aujourd’hui.

Nous ne sommes pas les seuls à constater l’accroissement de ce genre d’affaires.

Les violences policières reviennent constamment à l’ordre des discussions de promenade. La B.A.C. a une lourde réputation. La seule chose que nous sachions, c’est que n os blessures parlent bien plus que n’importe quelle assermentation.

Et à ceux qui jugeront que nous fabulons, que cet état de droit garantit un espace de liberté suffisant, nous leur répondrons que nous n’avons pas la même définition du mot « liberté » comme celle du mot « anarchiste ».

Pour finir, nous lancerons une modeste réflexion, illustrant à merveille ce procès : « La police nous protège, mais qui nous protège de la police ».

Les inculpés du 21 juin 2010.

Pause Centre Presse 09-07-10

9 juillet 2010

Poitiers n’en finit plus de se débattre, cernée qu’elle est par deux affaires judiciaires qui lui pèsent sur la conscience et la morale. La première, un peu lointaine, est pourtant toujours dans les esprits. Si loin, si proche. C’était le 10octobre 2009. Ce jour où la paisible capitale régionale découvrait les casseurs de rue. S’en était suivie une comparution immédiate, dans l’urgence, sur laquelle planait l’ombre du pouvoir politique. Et du coup, celle du doute. Hier, la justice a pris son temps. Elle a même cherché à l’arrêter. A la barre, le président d’audience a choisi le mode pause. Il a figé la course-poursuite, gelé la scène du «crime». Posé des dizaines de questions, aux prévenus, comme aux policiers. Une sorte de projection en 3D, comme dans les séries policières, mais en version orale, à l’ancienne. Les faits décortiqués à l’extrême. Hier, la justice s’est appliquée à faire la lumière. Pour laver, inconsciemment peut-être, cette tâche d’ombre du 10octobre.

Jean-Yves LE NEZET

Justice en public CP 09-07-10

9 juillet 2010

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60 à 80 personnes sont venues soutenir les prévenus.

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Soixante à quatre-vingts personnes ont répondu hier à l’appel du Comité poitevin contre la répression des mouvements sociaux pour soutenir les six prévenus. Tous n’ont pas trouvé de place dans la salle d’audience surchauffée, même si le président du tribunal a clairement invité les policiers à les laisser entrer «tant qu’il y aura des places assises». Pas question de rendre la justice en catimini dans une affaire qui a déjà fait couler pas mal d’encre. Les familles des prévenus et leurs amis ont pu trouver une place. Les policiers qui se sont constitués parties civiles aussi. A l’extérieur, sur les marches, un autre groupe s’était mis à l’ombre. «Il n’y a pas que des gens d’ici», remarque un policier. «On vient du sud de la France, pour soutenir des camarades», confirmera un jeune homme, soupçonneux à l’égard de ce journaliste qui photographie la scène: «Vous n’êtes pas de la police?»
Pendant l’audience, le public est plutôt calme. Il bruisse un peu quand un policier dit de l’une des prévenues «qu’elle avait une force supérieure à la normale». Il sourit quand le commissaire Papineau est titillé par les avocates. Et rigole carrément quand un autre policier explique qu’un prévenu a pu se blesser en donnant des coups de tête sur le sol. Le fonctionnaire ne bronche pas. Chaque camp reste ferme sur ses principes. Mais, au moins, tous ont la parole. En public.

Jean-Yves LE NEZET

Jeunes anti-flics ou flics anti-jeunes ? Centre Presse 09-07-10

9 juillet 2010

Dernière minute : le procès fleuve c’est terminé après 4 heures du matin… Le rendu aura lieu le 29 juillet. Adrien est libre.

 

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Au procès (marathon) des interpellés de la fête de la Musique hier, la question a été de savoir qui, des jeunes ou des policiers, avaient ouvert les hostilités.

 

Jeunes anti-flics ou flics anti-jeunes ? Centre Presse 09-07-10 dans 21 juin 130x130_43630

Le procès s’est déroulé devant une salle comble.

pbonnet

 

Jusque tard dans la nuit, s’est joué hier devant le tribunal correctionnel un nouvel épisode des tensions qui, depuis plusieurs mois, opposent les services de police à certains jeunes de Poitiers. Devant le tribunal, six gamins poursuivis pour violences, rébellions, injures… envers les policiers. Dans la salle d’audience, leurs copains et les sympathisants du comité poitevin de lutte contre la répression des mouvements sociaux. Dans la salle des pas perdus, la moitié de l’effectif du commissariat. Ce n’était pas un procès ordinaire.

 

« Elle a resserré
sa cagoule
et est partie
en trombe »
C’était ce 21 juin, vers 1h30 du matin, la fête de la musique se terminait tranquillement. Le patron de la police Jean-François Papineau rejoignait seul ses équipes encore sur le terrain. Arrivant sur la place Notre-Dame, il a entendu le bruit d’une bouteille qui se fracassait par terre, derrière lui, et un «Papineau, on aura ta peau». «Je me suis retourné, est-il venu témoigner à la barre. J’ai vu une silhouette sombre, j’ai décidé de ne pas aller au contact, je ne voulais pas qu’il y ait d’incident, j’ai appelé les renforts, elle a compris, elle a resserré sa cagoule et est partie en trombe…» Course-poursuite dans les rues, jusqu’à la place de la liberté. Où Nina Soulard a finalement été interpellée. Cinq jeunes ont été arrêtés dans les minutes suivantes. Selon les policiers, ils tentaient d’empêcher l’interpellation de la jeune femme. Tous ce sont retrouvés à la barre.
Devant les juges, chaque camp y est allé de sa version de l’interpellation. Une sorte de joute verbale façon parole contre parole.
D’un côté, les policiers. Qui, parties civiles, décrivent une Nina particulièrement énervée lors son arrestation, se débattant pour se libérer. Des policiers qui dénoncent des jeunes gens «extrêmement virulents», «prêts à en découdre» et débitant le classique répertoire anti-flic…
De l’autre, les prévenus. Qui nient toute provocation. Qui démentent (presque) toutes les insultes. Qui accusent même les policiers d’acharnement, de tabassage et autres humiliations durant la garde à vue («J’ai demandé une couverture, j’avais froid, un policier m’a dit que j’avais qu’à me la tricoter avec mes petites mains, c’est inadmissible»).
Petit jeu du chat
et de la souris
Et les avocats de la défense. Qui laissent entendre que les policiers ont peut-être été trop pressés d’embarquer ces jeunes, « tapant » dans ce groupe qui, depuis des mois, leur donne du fil à retordre, qui les entraîne dans ce qu’un des policiers qualifie de «petit jeu du chat et de la souris».
Une avocate de la défense à un policier: «Comment parlez-vous de ce groupe entre vous, au commissariat?
- Comme des gens habitués à fréquenter le poste», tranche l’agent qui se défend de faire «une fixation sur eux» et les accuse de faire «de la provocation policière».
- «Vous ne leur donner aucune coloration politique?», insiste l’avocate, qui cherche à lui faire parler des «anar’».
- «Et pourquoi ?!, s’offusque le policier. Je ne suis pas au ordre d’un parti, moi! Je suis aux ordres de la République.»
Au détour du procès, le président d’audience demande à l’un des prévenus s’il a réellement dit à un policier qui lui passait les menottes: «On vous a bien fumé le 10octobre et on va continuer.» «Pas du tout, rétorque le garçon. Je veux pas avoir d’ennui avec la police…»
Les débats se sont poursuivis jusque tard dans la nuit. Très tard.

Lire également

Justice en public.

 

Emmanuel TOURON

Poitiers : Manifestants et policiers en avant-première Centre Presse 08-07-10

8 juillet 2010

 

Poitiers : Manifestants et policiers en avant-première Centre Presse 08-07-10 dans 21 juin 130x130_43540

Les manifestants ont défilé dans les rues et le calme.

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Cet après-midi, se tiendra le procès des jeunes gens interpellés au soir de la fête de la musique à Poitiers. Dès hier, le « comité poitevin contre la répression des mouvements sociaux » avait appelé à un rassemblement au pied du palais de justice, opération quelque peu noyée dans la braderie. Et si les policiers en civil ont profité de la foule pour se fondre dans le décor, les CRS, eux, bien qu’en retrait dans la rue Gaston-Hulin, étaient parfaitement visibles.

Le comité poitevin affirme que les heurts survenus à Poitiers dans la nuit du 21juin entre jeunes Poitevins et policiers relèvent d’«un véritable tabassage policier de militants connus pour leur engagement politique». Un porte-parole des manifestants a ajouté que Poitiers est devenue «un terrain d’expérimentation pour la répression des mouvements sociaux» et a exhorté les troupes pour que Poitiers devienne «un terrain d’expérimentation de la résistance».
Quelque cent trente manifestants ont ensuite fait mouvement dans les rues de Poitiers.
Notons qu’un des participants de la braderie a peu goûté cette manifestation, affirmant qu’elle lui avait fait perdre des clients. Comprendra qui pourra, c’était un marchand de sucettes…

Emmanuel TOURON

Liberté pour Adrien ! Relaxe pour tous les inculpé-e-s de la Fête de la musique !

5 juillet 2010

Liberté pour Adrien ! Relaxe pour tous les inculpé-e-s de la Fête de la musique ! dans 21 juin Logo2CAR-1024x346

 

Contrairement à ce qui a été relaté dans la presse, c’est un véritable tabassage policier de militants connus pour leur engagement politique qui a eu lieu lors de la Fête de la musique à Poitiers. En effet, les journaux locaux, caisse de résonance de la propagande policière, parlent de « rixe » ou de « bagarre » avec la police. Or, ce 21 juin, cela ne s’est pas du tout passé de cette façon. Comme l’ont expliqué des témoignages concordants, les policiers en uniforme et la brigade anticriminalité (BAC) n’ont en fait pas lâché une quinzaine de jeunes militants connus d’eux depuis les derniers mouvements lycéens et étudiants. M. Papineau, le directeur départemental de la sécurité publique qui s’est rendu célèbre par sa capacité à attirer vers lui des petits objets tels que pile, briquet ou caillou… sans en tirer jamais la moindre égratignure mais plutôt l’obtention d’amendes, était également à la parade, en uniforme. Les forces de l’« ordre » étaient donc prêtes à en découdre. Et c’est effectivement ce qui est arrivé. Prenant pour prétextes – ou alors, plus probable, inventant – une menace proférée contre lui, ainsi qu’une bouteille ayant atterri à ses pieds, et ayant aperçu un – en fait, une – de ces jeunes militants, M. Papineau le désigne à ses troupes, déterminé à créer l’incident. A moins que ce ne soit l’inverse : apercevant cette militante, il invente, nous dirions comme à son habitude, cette histoire, et se sert du prétexte de l’insulte et de la bouteille pour la désigner à ses troupes.

Précisons que M. Papineau a expliqué lors de l’« enquête » qu’il avait tourné la tête dans la direction d’où la voix était venue : il n’a pas vu la bouteille arriver vers lui (ce qui tendrait à prouver que celle-ci n’a pas été lancée de ce côté-là) ; en revanche, ô merveille ! il a aperçu cette jeune militante qu’il a immédiatement désignée à ses troupes. L’occasion fait le larron, on le sait : cette militante avait été condamnée en correctionnelle pour « bris de “sucette” Decaux ». Mais elle a été relaxée depuis. Evidemment, la décision n’a guère plu dans les rangs de la police ; et donc sa présence sur les lieux – comme celle de ses camarades « anarcho-autonomes » que la BAC a particulièrement dans le collimateur depuis plus d’un an – était une bonne occasion de provocation pour remettre les pendules à l’heure de la répression.

 

La jeune militante est arrivée en courant place de la Liberté et s’est adossée à un mur. Aussitôt la police l’a encerclée et a cherché à disperser, y compris à coups de tonfa, les gens qui venaient voir ou demander des explications. Plusieurs, ceux qui sont harcelés par la police depuis des mois, ont été roués de coups et arrêtés sans ménagement. Les tabassages ont continué jusque dans le commissariat. Pour couvrir leurs forfaits – ou leur manque de professionnalisme, c’est selon –, là encore les policiers ont inventé une fable. Ce seraient eux qui se seraient fait attaquer par « un groupe de jeunes qui veulent s’opposer à l’interpellation de leur copine », comme il est si bien écrit dans la presse. Ils ajoutent à cela des « blessures » si peu évidentes que les policiers auront toutes les peines du monde à obtenir des ITT de la part des médecins du CHU ; et enfin ils se sont tous portés partie civile, et le tour a été joué. Mais quand même, comment expliquer que cinq de ces policiers surentraînés soient blessés par quatre jeunes garçons et deux jeunes filles, sinon en postulant qu’ils ont simulé – comme simulait le policier qui se déplaçait avec une attelle, et qui peinait surtout à faire semblant de boiter, lors de la demande de comparution immédiate ?

Il a suffi de voir l’état de nos camarades (yeux pochés, contusions, fatigue…) lors de cette dernière, ainsi que les sourires des nombreux policiers présents dans la salle et autour, pour comprendre que ces derniers se sont fait plaisir tout en gérant bien leur affaire afin de les envoyer en prison.

 

Pour le Comité contre la répression des mouvements sociaux, les événements qui viennent de se dérouler sont une illustration supplémentaire des méthodes de répression policières mises en œuvre contre les mouvements sociaux – des méthodes expérimentées dans les quartiers puis généralisées : harcèlement suivi de tabassages, d’arrestations, de gardes à vue prolongées et de procès. Que les forces de l’« ordre » se sentent aussi libres dans leurs façons d’agir traduit un rapport de forces en leur faveur. Grévistes, jeunes militants, sans-papiers, « radicaux » en font les frais depuis trop longtemps. Il faut que la peur change de camp.

 

Rassemblement devant le palais de justice de Poitiers le 7 juillet à 18 h et soutien le jour du procès le 8 juillet à 16 h

Comité poitevin contre la répression des mouvements sociauxantirep86@free.frhttp://antirep86.free.fr

Trop de pression policière ? V2 PQR 05/07/2010

5 juillet 2010

Le comité poitevin contre la répression  des mouvements sociaux demande la relaxe pour les jeunes interpellés le  soir de la fête de la Musique à Poitiers. -

Le comité poitevin contre la répression des mouvements sociaux demande la relaxe pour les jeunes interpellés le soir de la fête de la Musique à Poitiers. –  - Photo NR

Trop de pression policière ? V2 PQR 05/07/2010 dans 21 juin

Le comité poitevin contre la répression des mouvements sociaux a distribué des tracts dans le centre-ville de Poitiers, samedi. Ils n’en démordent pas. Les militants du comité poitevin contre la répression des mouvements sociaux dénoncent « la pression constante que les policiers de Poitiers mettent sur certains jeunes, désignés comme  » radicaux  » ». Ils sont persuadés que les six jeunes gens qui vont être jugés, jeudi prochain, après des violences survenues le soir de la fête de la musique à Poitiers, « n’ont fait que répondre à une provocation policière ». « On sait qu’il y a des témoignages dans ce sens », prévient Jean-François Chazerans, membre du comité. « Ça fait des semaines que ça dure. La police ne les lâche pas d’une semelle. Nous ne croyons pas que ce soit la bonne façon d’assurer l’ordre public, au contraire. »
Samedi matin au marché Notre-Dame, puis dans l’après-midi devant le centre commercial des Cordeliers, à Poitiers, les militants ont distribué des tracts sur lesquels est expliquée leur version des faits. Pour appuyer leur propos, ils avaient découpé des cartons pour figurer les barreaux d’une prison, « pour rappeler que l’un des jeunes est toujours en détention préventive ». Ils distribueront à nouveau des tracts le mercredi 7, à 18 h devant le palais de justice, et le lendemain, à 16 h, au même endroit, pour soutenir les six jeunes pendant leur comparution devant le tribunal.
antirep86.free.fr

Philippe Bonnet

Les accusés de Villiers-le-Bel condamnés de 3 à 15 ans de prison Libération 04-07-10

4 juillet 2010

 

Me Patrick Arapian, avocat de trois des accusés,  arrive au tribunal de Pontoise, le 2 juillet 2010

Me Patrick Arapian, avocat de trois des accusés, arrive au tribunal de Pontoise, le 2 juillet 2010 (AFP Bertrand Langlois)

La cour d’assises de Pontoise a condamné à des peines de 3 à 15 ans de prison dans la nuit de samedi à dimanche les quatre jeunes accusés d’avoir tiré sur des policiers lors des émeutes de Villiers-le-Bel (Val d’Oise) en 2007 et un complice qui leur a fourni une arme.

La cour d’assises n’a pas suivi les demandes du ministère public qui avait requis des peines plus lourdes allant de 7 à 20 ans. Elle a condamné trois des quatre accusés de tirs sur des policiers et n’a retenu pour le quatrième, Mara Kanté, 23 ans, que la détention d’arme.

Ce dernier contre qui 15 ans avaient été requis, n’écope que de trois ans. Abderhamane Kamara, 29 ans et son demi-frère Adama Kamara, 29 ans, contre qui l’avocat général avait requis 20 ans de prison, ont été condamnés respectivement à 15 et 12 ans de prison.

Ils avaient été désignés comme les « leaders » avec « des antécédents de violence » par l’un des deux avocats généraux, Etienne le Saux. Ibrahima Sow, 26 ans, contre qui le parquet avait aussi requis 15 ans, a été condamné à 9 ans.

« Immixtion de la politique dans la justice »

Les jurés n’ont pas condamné Mara Kanté pour avoir tiré sur des policiers mais pour détention d’arme. Samuel Lambalamba qui était jugé pour complicité pour avoir fourni une arme aux tireurs, a été condamné à 3 ans. Il comparaissait libre, un mandat de dépôt lui a été notifié. Sa peine est confondue avec une condamnation antérieure de un an pour caillassage durant les émeutes.

Les avocats de la défense ont dix jours pour faire appel. Le verdict a été accueilli par les pleurs des familles présentes dans la salle. Visiblement troublés par ce verdict, les avocats de la défense ont toutefois dénoncé des peines « très lourdes ».

« C’est dur d’avoir une peine aussi sévère pour un dossier qui reste aussi vide », a déclaré Me Morad Falek, conseil d’Abderhamane Kamara, dit Abou. « C’est une décision de justice qui se respecte mais qui ne se comprend absolument pas », a-t-il ajouté.

« Quand les peines sont aussi lourdes que ça, on sent une immixtion de la politique dans la justice », a de son côté déclaré Me Patrick Arapian, avocat de trois des accusés, Ibrahima Sow, Maka et Abou Kamara.

« Preuves au rabais »

« Avec des peines extrêmement hautes, ils ont réussi à obtenir le procès de la banlieue », a-t-il ajouté alors que Marie-Thérèse de Givry, avocate générale avait déclaré en préambule à son réquisitoire: « Nous ne faisons pas le procès de la banlieue, ni des jeunes, ni de Villiers-le-Bel ».

« Je m’attendais à un acquittement. C’est un échec devant un dossier aussi vide », a ajouté Me Michel Konitz, conseil d’Adama Kamara. « On se contente de preuves qui sont des preuves au rabais », a-t-il dénoncé.

Du côté des parties civiles, l’avocat de policiers blessés, Me Bruno Bourrier s’est félicité de cette « décision juste car les policiers ont été blessés dans leur chair ». Le procès se termine après douze jours de débats rythmés par des désistements de témoins sous X, les auditions de nouveaux témoins et les changements dans le calendrier.

Les débats de ce procès où 90 policiers se sont portés partie civile, ont également longuement abordé la question des témoins sous X. L’accusation reposant essentiellement sur ces témoignages, la défense a fortement attaqué leur crédibilité. La cour a dû aussi gérer les désistements de dernière minute de trois témoins anonymes sur quatre.

Le 25 novembre 2007, deux adolescents, Mushin et Lakamy, trouvaient la mort dans la collision de leur moto avec un véhicule de police. L’accident avait provoqué deux jours de violences entre jeunes et forces de l’ordre.

(Source AFP)

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